Les secours affrontaient mercredi une météo très défavorable. Les autorités ont mis en garde contre de fortes pluies toute la journée et de possibles glissements de terrain dans toute la zone sinistrée, la péninsule de Noto, dans le département d'Ishikawa, une fine bande de terre qui pénètre dans la mer du Japon.
"Soyez vigilants concernant les glissements de terrain jusqu'à mercredi soir", a averti l'agence météorologique japonaise (JMA). Certaines zones ont été rendues instables par le principal séisme qui s'est produit le jour du Nouvel An à 16h10 (8h10 en Suisse), atteignant une magnitude de 7,5 selon l'Institut américain de géophysique (USGS) et 7,6 selon l'agence météorologique japonaise (JMA).
Bâtiments fragilisés
L'instabilité a été renforcée par les centaines d'autres secousses qui ont suivi ce tremblement de terre et par le tsunami qui a suivi, avec des vagues de plus d'un mètre qui ont dévasté les côtes, les routes et les habitations du bord de mer. Des centaines de bâtiments de la péninsule de Noto ont été entièrement ou partiellement détruits par la catastrophe et peuvent encore l'être par les répliques, ce qui rend les opérations de sauvetage délicates.
La catastrophe a fait au moins 64 morts, selon un nouveau bilan provisoire. Un responsable du département d'Ishikawa a évoqué mercredi plus de 300 blessés, dont 20 graves.
>> Pour en savoir plus sur le séisme du Nouvel An, lire : Le bilan dépasse les 50 morts après le séisme au Japon
Ce bilan pourrait encore s'aggraver. Les recherches devraient durer encore plusieurs jours dans ces zones rurales comptant des villages difficilement accessibles, surtout en raison de l'état des routes. De nombreuses personnes pourraient toujours être coincées dans les décombres de leurs habitations, selon la chaîne de télévision NHK.
Situation "catastrophique"
Plus de 31'800 personnes sont réfugiées dans des abris, selon les autorités, et près de 34'000 foyers sont toujours sans électricité dans le département d'Ishikawa. Beaucoup sont également privés d'eau courante. Plus de 115'000 foyers à Ishikawa et deux autres départements sont par ailleurs privés d'eau courante, a souligné mercredi le gouvernement japonais.
Masuhiro Izumiya, le maire de Suzu, a déclaré que "pratiquement aucune habitation n'était encore debout" dans cette petite ville à l'extrême pointe de la péninsule de Noto, selon la chaîne de télévision TBS. "A peu près 90% des maisons sont totalement ou presque totalement détruites [...] La situation est catastrophique", a-t-il ajouté.
Les Shinkansen - les trains japonais à grande vitesse - ont repris depuis mardi du service dans le centre du Japon, après que quelque 2400 passagers ont passé des heures - 24 heures pour certains - bloqués sur les voies ou dans les gares. Les autoroutes de la région ont aussi rouvert.
Le spectre de Fukushima
Situé sur la ceinture de feu du Pacifique, le Japon est l'un des pays où les tremblements de terre sont les plus fréquents au monde. L'archipel nippon est hanté par le souvenir du terrible séisme de magnitude 9,0 suivi d'un tsunami géant en mars 2011 sur ses côtes nord-est, une catastrophe qui a fait quelque 20'000 morts et disparus.
Ce désastre avait aussi entraîné l'accident nucléaire de Fukushima, le pire depuis celui de Tchernobyl en 1986. Aucun problème sérieux n'a été constaté pour l'heure au niveau des centrales nucléaires japonaises après le séisme du Nouvel An.
juma avec agences
Le Japon en fait-il assez pour protéger sa population des catastrophes?
Lundi un séisme, puis mardi une collision entre deux avions à l'aéroport de Tokyo: le sort semble s'acharner sur le Japon en ce début d'année 2024. Les éditoriaux des journaux nippons soulignent mercredi matin un manque de préparation du pays face aux catastrophes. Ils évoquent aussi des failles et des leçons non apprises de précédents sinistres.
Dans les zones rurales, la population est souvent pour moitié âgée de plus de 65 ans et donc peu agile. Les consignes, les moyens de fuir, de s’informer, de se protéger, de rejoindre et de vivre dans des refuges ne sont pas adaptés à cette population, pointent les médias. Pourtant, l’activité sismique dans cette région est intense depuis trois ans.