En Afrique, l'Eglise ne bénit pas les couples homosexuels, malgré le feu vert du Vatican
Le Vatican avait prévenu lors de la publication du texte "Fiducia supplicans" le 18 décembre qu'il n'était pas question que cette bénédiction ressemble à un mariage ou à un rituel. Il avait précisé que la prière devrait être courte, la bénédiction spontanée et l’invocation axée sur "la paix, la santé, l’esprit de patience, le dialogue et l’entraide."
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L’Afrique a manifesté en quelques jours un rejet quasiment unanime du texte. En Zambie, les évêques ont immédiatement souligné leur inquiétude face aux "confusions et craintes" parmi les fidèles. Au Nigeria, les évêques ont fait savoir qu’il n’existe "aucune possibilité dans l’Eglise de bénir des unions entre personnes de même sexe", car "cela irait contre la loi de Dieu, les enseignements de l’Eglise, les lois de notre nation et les sensibilités culturelles de notre peuple". Au Malawi, les évêques ont interdit la mise en oeuvre du texte. Idem au Cameroun, au Mozambique, en Namibie, au Zimbabwe ou encore au Congo.
A ce jour, seuls les évêques kényans ont opté pour une posture prudemment explicative du texte.
Des différences d'un continent à l'autre
Ces réactions - qui se font aussi entendre en Asie et en Amérique latine - montrent combien la perception varie d’un continent à l’autre. En Europe, cette possibilité apparaît majoritairement comme une ouverture. Les évêques flamands ont été les premiers à la réclamer en 2022. Puis les Allemands, en 2023. Et la Conférence des évêques suisses a salué un texte qu’elle dit "correspondre à leur souhait d’une Eglise ouverte".
Mais en Afrique, c’est une tout autre histoire. Comme le résumait récemment un missionnaire belge, "les homosexuels sont perçus comme des êtres pervers qui ont choisi librement le vice pour s’y vautrer de façon honteuse. La moitié des Etats africains criminalisent encore l’homosexualité. Donc, l’idée de bénir des couples de ce genre devient insupportable".
Ces différentes perceptions de la bénédiction des homosexuels seront débattues lors du Synode mondial à Rome en octobre 2024, puisque le cardinal congolais Fridolin Ambongo, archevêque de Kinshasa, s’est promis d’y faire entendre la position commune des évêques d’Afrique sur le sujet.
Sujet radio: Fabien Hünenberger
Adaptation web: juma