Manque d'hygiène et pénurie de protections menstruelles: à Gaza, les femmes risquent leur santé
Dans la bande de Gaza, une pénurie de serviettes hygiéniques augmente considérablement les risques sanitaires pour les femmes. Avoir ses règles dans ces conditions est une épreuve "humiliante".
Les protections périodiques sont ainsi remplacées par des vêtements faute de mieux, témoigne Wahiba Muhaisen, réfugiée au camp Al-Mawasi (sud). La jeune mère raconte avoir dû également se résoudre à "acheter des couches pour bébés, qui sont disponibles, mais dont le prix a explosé".
Nous commençons à observer des maladies de l'appareil reproducteur et des allergies. Et des symptômes que nous n'avions jamais vus auparavant.
Cette pénurie cause "des problèmes dramatiques" confirme un pharmacien. Devant l'échoppe, la file de personnes s'allonge. Mais à l'intérieur, les présentoirs sont à moitié vides.
"Nous commençons à observer des maladies de l'appareil reproducteur et des allergies. Et des symptômes que nous n'avions jamais vus auparavant", précise Saif Barhoum.
Médicaments et contraception
Une tendance que confirme le Comité d'hygiène de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa). Elle a constaté "une demande croissante des femmes en médicament pour soigner les infections cutanées", indique Intisar Al-Derawi, l'une de ses salariés.
Sans oublier les demandes en contraception qui "ont quadruplé car les femmes ne veulent plus avoir leurs règles", souligne Marie-Aure Perreaut Revial, coordinatrice des urgences pour Médecins sans frontières (MSF) à Gaza.
De nombreuses femmes et filles vivent "dans des établissements surpeuplés, avec dans certains endroits seulement une douche pour 700 personnes et une toilette pour 150 personnes. Elles ont peu d'eau pour se laver, pas d'intimité, pas de savon pour les garder propres ni de protections menstruelles", déplore l'ONG ActionAid.
Conditions d'hygiène déplorables
"Le manque d'eau rend difficile la gestion des menstruations dans des conditions d'hygiène et de dignité", souligne de son côté l'ONG Action contre la Faim, citant l'exemple de femmes aux robes tachées de sang. De nombreuses jeunes filles se retrouvent "à utiliser des produits menstruels plus longtemps que prévu, augmentant ainsi le risque d'infection".
L'aide n'arrivant qu'au compte-gouttes à Gaza, il y a peu d'espoir que la situation s'améliore. Quant à Wahiba Muhaisen, installée dans un box du bâtiment en tôle qui accueille les déplacés, elle espère que la guerre prendra bientôt fin et qu'elle pourra rentrer à la maison avec ses enfants.
afp/ebu/doe