"La campagne républicaine ne tourne pas sur des idées politiques, mais sur le caractère de Donald Trump"
Le président américain Joe Biden et son prédécesseur Donald Trump se sont mutuellement accusés ces derniers jours de représenter un danger pour la démocratie. Par discours interposés, les deux politiciens s'affrontent, l'élection présidentielle du 5 novembre prochain en ligne de mire.
>> Lire à ce sujet : Joe Biden étrille Donald Trump et sa rhétorique "nazie" dans un discours et Donald Trump a débuté sa campagne dans l'Iowa pour les primaires républicaines
Avant d'élire un président, les candidats doivent être sélectionnés lors des primaires et de leurs caucus. L'Etat de l'Iowa, dans le Midwest, ouvre le bal de ces réunions politiques lundi 15 janvier.
Une victoire pas totalement assurée
Dans le camp des républicains, plusieurs candidats se disputent l'investiture du parti. Mais Donald Trump devance de loin ses rivaux dans les sondages nationaux. "Il mène avec 60% des intentions de vote. Les autres candidats - il en reste très peu - sont au maximum à 11-12%", relève dans l'émission Tout un monde Gabriel Scheinmann, directeur exécutif de l'Alexander Hamilton Society, une organisation nationale conservatrice basée à Washington visant à lancer des jeunes dans la politique.
A l'échelle des Etats, comme dans l'Iowa, le New Hampshire ou la Caroline du Sud, même s'il reste élevé, ce taux est plus bas, entre 45 à 50%, nuance-t-il.
"En 2016, Donald Trump menait pour le parti républicain dans tous les sondages dès le début de la campagne électorale et il a pourtant perdu dans l'Iowa. Il va vraisemblablement être le candidat républicain cette année, mais il y a tout de même une chance que l'ancienne gouverneure de Caroline du Sud et ancienne ambassadrice des Etats-Unis à l'ONU Nikki Haley gagne."
Des divergences sur la politique étrangère
Interrogé sur les différences entre les candidats républicains, Gabriel Scheinmann concède que "la campagne ne tourne pas tellement sur des idées politiques ou les débats, mais plutôt sur le caractère d'une personne", en l'occurrence Donald Trump et ses problèmes avec la justice.
Il précise toutefois que, s'ils semblent plutôt unis sur la question de l'immigration et des frontières, les candidats républicains ont des positions divergentes sur la politique étrangère. "Nikki Haley, par exemple, représente une politique étrangère plus traditionnelle. Elle soutient l'Ukraine et Israël, et est prête à confronter le Parti communiste chinois", analyse Gabriel Scheinmann.
Donald Trump a de son côté déclaré qu'il est en mesure d'arrêter rapidement la guerre en Ukraine "et il a critiqué le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu après l'attaque du Hamas sur Israël. Quant à Ron DeSantis, il se situe un peu entre les deux: il ne dit pas qu'il est contre aider l'Ukraine, mais il estime en même temps que les Américains ne devraient pas continuer à la soutenir", poursuit le directeur.
Inquiétudes autour de l'ancien président
Même si la tendance isolationniste a pris de l'ampleur ces dernières années, le responsable estime que les Etats-Unis ne se dirigent pas vers un repli vers l'intérieur. "Si vous prenez le premier mandat de Donald Trump, l'ancien président a quand même conclu quelques traités importants. Il a supervisé les traités de paix au Moyen-Orient, les accords d'Abraham, et s'est confronté à l'Iran avec l'assassinat de l'ancien général Qassem Soleimani. Et, on l'oublie, mais il a aussi donné des armes offensives à l'Ukraine", argumente l'Américain.
Alors que les sondages donnent Donald Trump largement favori pour les primaires républicaines, les tendances autoritaires du politicien inquiètent, y compris parmi les conservateurs. Le candidat a entre autres affirmé qu'il allait poursuivre ses opposants et qu'il comptait faire le ménage parmi les fonctionnaires fédéraux s'il était réélu.
Une préoccupation que partage Gabriel Scheinmann, qui souligne néanmoins que les critiques envers les fonctionnaires de la Maison Blanche sont aussi adressées par les autres candidats présidentiels.
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey/iar