De loin, on croirait voir un tas de neige. Ces millions de petites billes artificielles qui parsèment les plages de Galice depuis quelques semaines sont pourtant bien plus néfastes que quelques floçons.
Parfois appelées "larmes de sirène" ou "nurdles", ces granulés en plastique sont utilisés pour fabriquer des articles de tous les jours - de la bouteille d'eau au sac de courses - et sont connus pour aggraver le problème du plastique qui contamine les océans et les rivières du monde entier.
Problème: ces petites billes blanches déferlent sur les plages de Galice depuis la chute en mer le 8 décembre de six conteneurs tombés d'un navire marchand battant pavillon libérien et faisant route entre Algésiras et Rotterdam.
Dans cette région d'Espagne, des centaines de bénévoles s'activent ainsi avec des tamis ou des passoires pour débarrasser les plages de ces millions de "pellets".
Des scènes de nettoyage qui ont ravivé le souvenir de la pire marée noire de Galice, le déversement de 63'000 tonnes de fioul en 2002, qui avait entraîné la fermeture des zones de pêche les plus poissonneuses d'Espagne.
"On ramasse les pellets avec nos ustensiles à nous", explique Adriana Montoto, une pharmacienne de 35 ans qui regrette que ce soient "les ONG qui organisent tout" et non le gouvernement.
Inaction dénoncée
Accusées d'"inaction", les autorités régionales, dotées de larges compétences en Espagne, ont annoncé lundi la mobilisation de 200 personnes pour aider à nettoyer.
Cristobal López, porte-parole de l'ONG Ecologistes en action, déplore que l'Etat et les autorités n'aient pas mis "les moyens". Il aurait été bien plus simple de "récupérer les sacs entiers dans l'eau" juste après la chute des conteneurs, insiste-t-il.
La taille de "ces petites billes de 5 mm de diamètre" les rend très difficiles à récupérer dans le sable, a indiqué dans un communiqué l'ONG. Elle a déposé mardi une plainte contre l'armateur du navire pour "crimes contre l'environnement".
Le parquet général espagnol a lui-même annoncé lundi s'être saisi du dossier et a ouvert une enquête.
Conséquence sur la chaîne alimentaire
Ces pellets sont souvent ingérés par les animaux marins et peuvent par conséquent se retrouver dans l'alimentation humaine.
"Leur forme et leur taille attirent de nombreuses espèces d'oiseaux, de poissons et de crustacés qui les confondent avec des oeufs" de poissons et peuvent mourir "une fois qu'ils ont l'estomac plein de plastique", détaille Ecologistes en action.
Les plages des communes de Vigo, Pontevedra, Muros, Noia ou encore Ferrol et La Corogne sont les plus touchées, mais des micro-billes ont également été retrouvées dans les régions voisines.
"Nous ignorons encore quelle pourrait être l'étendue" des dégâts, a commenté mardi la ministre de la Transition écologique Teresa Ribera sur la radio Cadena Ser.
Selon un rapport publié en 2020 par le Pew Charitable Trusts, on estime à 10'000 milliards le nombre de granulés de plastique qui polluent les écosystèmes marins chaque année.
afp/doe