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En période électorale, un satellite chinois sème la confusion à Taïwan

Le message reçu par les citoyens de Taïwan. [Reuters - Ann Wang]
A Taïwan, un satellite chinois sème la confusion, quatre jours avant l'élection / Le Journal horaire / 30 sec. / le 9 janvier 2024
Le lancement mardi d'un satellite chinois a provoqué l'envoi d'un message officiel d'alerte sur tous les téléphones à Taïwan, quatre jours avant une élection présidentielle cruciale pour la sécurité de la région.

Peu après 15h00 (9h00 en Suisse), l'alerte, accompagnée d'une vibration, est apparue automatiquement sur les écrans des téléphones mobiles de l'île, appelant la population à "faire attention": "La Chine a lancé un satellite qui a survolé l'espace aérien du sud".

Le message a d'abord semé la confusion car la traduction en anglais évoquait un "survol de missile dans l'espace aérien de Taïwan".

Sur le réseau social X, de nombreux internautes ont posté des captures d'écran de leurs téléphones, s'inquiétant du contenu du message.

tweet taiwan missile

"En chinois, ça dit satellite, mais en anglais missile?", s'interrogeait l'un d'eux.

Potentielle chute de "débris"

Le ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, qui tenait à la même heure une conférence de presse, s'est immédiatement voulu rassurant, confirmant qu'il s'agissait bien d'un satellite, dont le lancement pouvait entraîner la chute de "débris" sur l'île.

"C'est pourquoi notre centre national d'alerte lance ce genre d'alerte, cela s'est déjà passé auparavant", a-t-il assuré.

Dans un communiqué, le ministère de la Défense a "présenté ses excuses au public", évoquant une erreur de traduction à l'anglais.

Le lancement du satellite dédié à l'observation de l'espace a été annoncé, côté chinois, par la télévision d'Etat CCTV, qui a qualifié l'opération de "succès".

Le satellite baptisé Einstein Probe (EP), qui utilise une nouvelle technologie de détection des rayons X, a été lancé à 15h03 (09h03 en Suisse) depuis le sud-ouest du pays, a précisé l'agence officielle Chine nouvelle.

Intimider Taïwan

Le ministre des Affaires étrangères a toutefois estimé que ce lancement s'inscrivait dans le cadre d'une série d'activités menées par Pékin dans le but d'intimider Taïwan. "Avec ce type de menace contre Taïwan, je pense que nous devons être lucides et ne pas nous laisser provoquer", a-t-il déclaré.

Le candidat favori de l'élection présidentielle, le vice-président sortant Lai-Ching-te, a lui aussi accusé mardi Pékin de tenter d'influencer par "tous les moyens" le scrutin, dont le résultat sera déterminant pour les relations entre l'île et la Chine. "Outre l'intimidation politique et militaire, la Chine utilise des moyens économiques, la guerre cognitive, la désinformation, les menaces et les incitations", a assuré le candidat, dont le Parti démocrate progressiste (DPP) affirme que Taïwan est déjà un État indépendant de facto.

"Elle utilise tous les moyens pour interférer dans cette élection", a-t-il martelé.

Son principal adversaire Hou Yu-ih a averti que le DPP rapprocherait Taïwan "de la guerre". Hou Yu-ih est le candidat du parti Kuomintang (KMT), qui prône des relations plus étroites avec Pékin.

En avril 2023, la Chine avait interdit pendant quelques heures toute navigation maritime dans une zone située au nord de Taïwan, en raison de la "possible chute de débris" liée au lancement d'un satellite. Mais elle avait lancé son alerte quelques jours avant la date prévue du lancement, et non le jour-même.

La Chine déploie régulièrement sa force militaire en envoyant des avions de chasse, des drones de reconnaissance et des navires de guerre autour de l'île. Elle a mené ces dernières années plusieurs exercices militaires d'ampleur, notamment pour simuler un blocus de Taïwan.

>> Lire aussi : À Taïwan, des ateliers préparent la population civile à une invasion chinoise

afp/juma

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