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Le travail des enfants derrière la production du chocolat Lindt & Sprüngli, selon une enquête de SRF

Le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli utilise du cacao récolté en Afrique par des enfants.
Le chocolatier suisse Lindt & Sprüngli utilise du cacao récolté en Afrique par des enfants. / 19h30 / 2 min. / le 12 janvier 2024
Le magazine "Rundschau" a découvert plusieurs cas de mineurs impliqués dans la production de cacao au Ghana, cacao qui finit chez Lindt & Sprüngli. L'entreprise suisse assure pourtant que la lutte contre le travail des enfants est une "priorité absolue" pour elle.

Avec son programme spécial de soutien, Lindt & Sprüngli dit mettre en place des mesures qui "réduisent le risque de travail des enfants, luttent contre la déforestation et préservent la biodiversité". C'est la promesse faite par le chocolatier suisse sur son site internet.

En se penchant de plus près sur les plantations de cacao autour de la ville de Tepa au Ghana, l'émission de la SRF "Rundschau" a pourtant recueilli une toute autre histoire.

Elle a mis à jour plusieurs cas d'enfants qui travaillent dans la chaîne d'approvisionnement de Lindt. Dans le village de Mfenibu, Kennedy, six ans, et son frère Ebenezer, huit ans, transportent des cabosses de cacao. Leur mère, Lucy, est résignée. Elle explique qu'elle a déjà dû s'endetter. "Je suis obligée de compter sur mes enfants", se désole la productrice.

Lindt & Sprüngli ne souhaite pas réagir face caméra, mais écrit que les facteurs systémiques qui conduisent au travail des enfants sont très difficiles à influencer. "La lutte contre le travail des enfants exige des efforts de la part des gouvernements, des organisations non gouvernementales, des entreprises, des institutions locales, des écoles et des agriculteurs", souligne l'entreprise.

"Surveillance insuffisante"

Lindt s'approvisionne en cacao auprès d'environ 80'000 paysans au Ghana, ce qui en fait l'un des principaux acheteurs de cacao de ce pays. Et depuis 2016, le groupe effectue un monitoring du travail des enfants.

Pour cela, le groupe basé à Kilchberg (ZH) mise sur des visites non annoncées chez les cultivateurs de cacao. Sur 8491 visites de ce type en 2021, Lindt a découvert 87 cas de travail des enfants. "Ridiculement peu", estime le journaliste ghanéen Kwetey Nartey. "La surveillance exercée par l'entreprise chocolatière est insuffisante", selon lui.

A titre de comparaison, le géant suisse Barry Callebaut, leader mondial des produits à base de cacao, a constaté 53'839 cas de travail des enfants chez ses quelque 250'000 cultivateurs en Afrique de l'Ouest au cours du dernier exercice.

Lindt se justifie en invoquant que "les méthodes de recensement du travail des enfants diffèrent entre les différents fabricants de chocolat". L'entreprise ajoute qu'elle tente "d'améliorer en permanence son système d'identification".

Un programme de prévention

Afin de réduire le risque de travail des enfants, Lindt a créé son propre "Farming Program", un programme de soutien aux producteurs. Les recherches des journalistes de SRF montrent toutefois que la société ne dispose ni d'une succursale ni d'employés sur place au Ghana.

L'entreprise a externalisé le programme au groupe suisse de matières premières Ecom. Ce dernier est l'un des plus grands négociants de cacao au monde et le fournisseur officiel de Lindt & Sprüngli pour les fèves en provenance du Ghana.

"Nous accompagnons et surveillons en permanence la mise en œuvre du 'Farming Program'", réagit le fabricant de chocolat basé à Zurich.

Le travail des enfants ne concerne pas seulement Lindt, mais de nombreux groupes chocolatiers. Selon une étude de l'université de Chicago au Ghana, cette problématique est présente dans plus de la moitié des foyers de cultivateurs de cacao.

Res Gehriger pour SRF

Adaptation web: doe

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