Les choses sérieuses commencent pour la présidentielle américaine. Le lundi 15 janvier, le caucus républicain dans l'Iowa donnera le coup d'envoi de cette année électorale. Sauf grande surprise, un bis repetita de l'affrontement Trump-Biden se profile déjà le 5 novembre prochain.
Donald Trump "est prêt à sacrifier notre démocratie", lançait le président sortant vendredi lors d'un discours. Il accusait également son principal rival d'utiliser une rhétorique comparable à celle de "l'Allemagne nazie". Le ton est donné.
"De nombreux électeurs sont restés en retrait, sans conscience de l'urgence de la situation", commente l'ancienne ambassadrice américaine en Suisse Suzi LeVine, interrogée jeudi dans l'émission Tout un monde. Il est donc urgent de rappeler aux électeurs qu'il s'agit d'un choix entre une autocratie et une démocratie", avance la démocrate, très impliquée dans la campagne.
Un bilan comme argument
Mais présenter Joe Biden comme le dernier rempart de l'Etat de droit ne suffira peut-être pas. Suzi LeVine se montre pourtant confiante: le président sortant peut compter sur son bilan de mandat pour convaincre. "Il peut parler des emplois et des industries qu'il créés", détaille-t-elle.
Selon elle, le sortant a déjà une longueur d'avance. "Joe Biden peut déjà se concentrer sur l'électorat général (...) les indépendants, le centre, le centre-droit ou le centre-gauche", alors que les candidats républicains "sont obligés de courtiser l'extrême-droite", analyse l'ancienne ambassadrice des États-Unis en Suisse sous la présidence de Barack Obama.
Mobiliser les électorats afro-américain et hispanique
Mais Suzi LeVine a bien conscience que le candidat de 81 ans doit remobiliser l'électorat afro-américain et hispanique, où les idées conservatrices gagnent du terrain, notamment chez les jeunes. L'électorat afro-américain en particulier avait joué un rôle déterminant dans la victoire de Joe Biden il y a quatre ans, en votant à 92% pour lui.
En 2024, et à en croire de récentes enquêtes d'opinion, Donald Trump pourrait espérer jusqu'à 20% des voix des électeurs et électrices noires, voire plus.
Durant la campagne, les démocrates doivent donc "mieux expliquer comment leurs politiques profitent très directement à ces communautés", estime cette fine connaisseuse de la politique américaine.
"Même si ce sera serré", Suzi LeVine se dit malgré tout convaincue que Joe Biden va l'emporter. "Si nous participons tous (...) en passant des coups de fil, en frappant aux portes, nous allons gagner", assure-t-elle.
>> Le point de vue de Gabriel Scheinmann, directeur d'une organisation conservatrice, concernant le camp républicain : "La campagne républicaine ne tourne pas sur des idées politiques, mais sur le caractère de Donald Trump"
Propos recueillis par Eric Guevara-Frey
Adaptation web: doe