Plus de 22'400 militaires déployés, avec des patrouilles terrestres, aériennes et maritimes, des perquisitions et des opérations à tout-va dans les prisons: le gouvernement du nouveau président Daniel Noboa ne semble pas disposé à céder aux tentatives d'intimidation des gangs criminels.
"Ils ont voulu semer la peur, mais ils ont réveillé notre colère. Ils pensaient soumettre un pays entier et ont oublié que les forces armées sont entraînées pour la guerre", a averti jeudi le ministre de la Défense Gian Carlo Loffredo sur les réseaux sociaux.
Dans son combat contre les gangs, l'Equateur va recevoir le soutien des Etats-Unis. La générale Laura Richardson, cheffe du commandement sud des Etats-Unis, et de hauts responsables civils se rendront dans le pays dans les semaines à venir "afin d'étudier avec leurs homologues équatoriens comment travailler ensemble plus efficacement pour affronter la menace représentée par les organisations criminelles transnationales", a annoncé le département d'Etat.
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Des otages dans les prisons
Si, dans les rues, policiers et militaires patrouillent en masse, la situation est beaucoup plus délicate dans les prisons où l'administration pénitentiaire a fait état de 39 nouveaux agents retenus en otage dans sept prisons, portant le total à 178 entre gardiens et personnels administratifs. Elle a également indiqué que des détenus tiraient sur les forces armées depuis les prisons.
Daniel Noboa a annoncé que pour faire face à la surpopulation carcérale, il entendait renvoyer 1500 prisonniers colombiens à la frontière, arguant "d'accords internationaux". La Colombie rejette cette mesure unilatérale et maintient que, dans la pratique, cela reviendrait à libérer ces prisonniers.
L'Equateur compte 36 prisons d'une capacité maximale de 30'200 personnes. Un recensement en 2022 a établi que 31'300 prisonniers étaient derrière les barreaux, dont 3200 étrangers.
L'ennemi numéro un toujours en fuite
Même si l'activité reprend timidement dans les principales villes du pays, de nombreux magasins restent fermés, les transports publics fonctionnent au ralenti, les universités et les écoles organisent des cours virtuels et le télétravail est pratiquement la norme.
La diffusion des émissions de la télévision publique, TC, à Guayaquil (sud-ouest), prise d'assaut mardi en direct par des hommes armés, prenant en otage des journalistes et blessant deux employés, a repris jeudi à la mi-journée. "Merci à tous pour vos messages de soutien! (...) Merci à la police et à l'armée pour leur professionnalisme et leur travail impeccable", a commenté une présentatrice.
La vague de violences que traverse le pays a pour origine l'évasion dimanche de la prison de Guayaquil du redouté chef du gang des Choneros Adolfo Macias, alias "Fito", suivie de mutineries dans les prisons, de prises d'otages et d'attaques à l'explosif.
Etat d'urgence en Equateur après l'évasion de l'ennemi public N.1
Un pays en "état de guerre"
Le président Noboa, 36 ans, a apporté une réponse musclée. Lundi, il a décrété l'état d'urgence pour 60 jours sur tout le territoire, y compris dans les prisons, devenues des centres d'opération pour les narcos.
Elu à l'automne sur la promesse de rétablir la sécurité dans le pays autrefois havre de paix, mais devenu centre d'expédition de la cocaïne produite chez les voisins colombien et péruvien, il a ensuite estimé le pays être "en état de guerre" et appelé à "la mobilisation".
"Nous ne pouvons pas céder à ces groupes terroristes", d'une vingtaine au total qui comptent, selon le plus jeune président de l'histoire du pays, "plus de 20'0000 membres". Les gangs se battent pour le contrôle du territoire, mais sont unis dans leur guerre contre l'Etat.
Chaque jour, des vidéos circulent sur les réseaux sociaux montrant des meurtres cruels de membres des forces de sécurité, des pillages et attaques présumées. La police a nié la véracité de ces images qui alimentent la psychose au sein de la population. Selon les autorités, le bilan est de 16 morts.
afp/jfe