Vice-président sortant, Lai Ching-te, du Parti démocrate progressiste (DPP), était crédité de 40,2% des voix, selon ces résultats portant sur 98% des bureaux de vote.
"Je veux remercier le peuple taïwanais pour avoir écrit un nouveau chapitre dans notre démocratie", a-t-il déclaré dans un discours après sa victoire, car "nous disons à la communauté internationale qu'entre la démocratie et l'autoritarisme, nous serons du côté de la démocratie".
Le président élu a souligné que l’île "a résisté aux efforts des forces extérieures pour influencer cette élection". Il s’est également engagé à "protéger Taïwan des menaces et intimidations de la Chine", affirmant sa détermination à défendre la souveraineté de Taïwan.
Le candidat du principal parti d'opposition à Taïwan, le Kuomintang, qui est favorable à un rapprochement avec la Chine, a concédé samedi soir sa défaite à l'élection présidentielle.
Le troisième candidat, Ko Wen-je, 64 ans, du petit Parti populaire taïwanais (TPP) et qui se présente comme anti-establishment, était donné troisième avec 25,3%.
Renouvellement du Parlement
Les Taïwanais votaient aussi pour renouveler les 113 sièges du Parlement, où le DPP pourrait perdre sa majorité.
Dans les quelque 18'000 bureaux de vote, chaque bulletin était brandi en hauteur et lu à voix haute par ceux chargés de dépouiller - un processus ouvert au public -, avant d'être comptabilisé.
Les bureaux ont fermé à 16h00 (09h00 en Suisse) dans ce territoire de 23 millions d'habitants situé à 180 kilomètres des côtes chinoises et salué comme un modèle de démocratie en Asie.
Pression de Pékin
Toute la semaine, Pékin a accentué sa pression diplomatique et militaire. Jeudi, cinq ballons chinois ont franchi la ligne médiane séparant l'île autonome de la Chine, selon le ministère taïwanais de la Défense, qui a aussi repéré dix avions et six navires de guerre.
Samedi, des journalistes de l'AFP ont observé un avion de chasse chinois au-dessus de la ville de Pingtan, la plus proche de Taïwan.
Et sur le réseau social chinois Weibo, le hashtag "Election à Taïwan" a été bloqué dans la matinée. Pékin a appelé les électeurs à faire "le bon choix" et l'armée chinoise a promis d'"écraser" toute velléité d'"indépendance".
Sujets explosif
Le statut de Taïwan est l'un des sujets les plus explosifs de la rivalité entre la Chine et les États-Unis, premier soutien militaire du territoire, et Washington a prévu d'envoyer une "délégation informelle" sur l'île après le vote.
Vendredi, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré à Washington Liu Jianchao, à la tête de la division internationale du Comité central du Parti communiste chinois.
Il lui a rappelé l'importance de "maintenir la paix et la stabilité dans le détroit de Taïwan".
ats/miro
La Chine dit qu'elle s'opposera aux "activités séparatistes" à Taïwan après le scrutin
La Chine a réitéré samedi qu'elle ne tolérerait pas d'"activités séparatistes" à Taïwan, après l'élection de Lai Ching-te. Elle a également affirmé qu'une réunification avec Taïwan est "inévitable".
"Nous nous (...) opposerons fermement aux activités séparatistes visant à l'indépendance de Taïwan ainsi qu'à l'ingérence étrangère", a mis en garde Chen Binhua, un porte-parole du bureau chinois responsable des relations avec Taïwan, cité par l'agence officielle Chine nouvelle.
Il a également déclaré que le vote "n'entravera pas la tendance inévitable d'une réunification avec la Chine"
Protéger l'île des "menaces" de la Chine
Lai Ching-te a promis de "protéger Taïwan des menaces et intimidations de la Chine" après son élection à la présidence de l'île.
"Nous sommes déterminés à protéger Taïwan des menaces et intimidations continuelles de la Chine", a déclaré l'élu du Parti démocrate progressiste (DPP) face à ses partisans en liesse agitant des drapeaux rouges et verts.
Il a aussi félicité la population d'avoir "résisté avec succès aux efforts des forces extérieures pour influencer cette élection".
Les Etats-Unis ne soutiennent pas l'indépendance de Taïwan
Les Etats-Unis ont félicité samedi Lai Ching-te pour sa victoire à l'élection présidentielle à Taïwan, tout en réitérant ne pas soutenir l'indépendance de l'île autonome, revendiquée par la Chine.
"Nous ne soutenons pas l'indépendance", a déclaré le président américain Joe Biden à la presse en sortant de la Maison Blanche.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a peu après félicité Lai Ching-te pour sa victoire, ainsi que "le peuple taïwanais pour avoir démontré une nouvelle fois la force de son système démocratique et de son processus électoral solides".
Pékin, seul gouvernement légitime
Les Etats-Unis ne reconnaissent pas Taïwan comme un Etat et considèrent la République populaire de Chine comme seul gouvernement légitime, mais apportent néanmoins à l'île une aide militaire importante. Washington a prévu d'envoyer une "délégation informelle" sur l'île après le vote.
"Les Etats-Unis sont engagés à maintenir la paix et la stabilité à travers le détroit (de Taïwan) et la résolution pacifique des différences, libre de toute pression et coercition", a déclaré dans un communiqué le secrétaire d'Etat américain.
L'UE appelle à la stabilité dans la région
L'Union européenne a "salué" samedi la tenue des élections présidentielle et législatives à Taïwan et "félicité" dans un communiqué "tous les électeurs ayant participé à cet exercice démocratique", mais sans mentionner le président élu Lai Ching-te.
"L'UE reste préoccupée par les tensions croissantes dans le détroit de Taïwan et s'oppose à toute tentative unilatérale visant à modifier le statu quo", précise le communiqué du porte-parole du chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. "L'UE souligne que la paix et la stabilité dans le détroit sont essentielles à la sécurité et à la prospérité dans la région et dans le monde".