ll reste maintenant à définir une date et à l'organiser, a précisé Viola Amherd lors d'une conférence de presse commune avec Volodymyr Zelensky depuis la résidence du Lohn à Kehrsatz (BE), où elle a reçu le président ukrainien pour une troisième rencontre présidentielle en trois ans entre les deux pays.
L'organisation de la conférence sera placée sous la responsabilité du Département fédéral des affaires étrangères et les équipes travailleront d'arrache-pied pour parvenir à la mise sur pied de cette conférence sur le processus de paix souhaitée par Kiev.
Rôle de la Suisse saluée
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de son côté salué la position de la Suisse dans le conflit avec la Russie. "Le monde vous regarde et prend en compte votre position", a-t-il dit devant la presse.
La Suisse joue un rôle important pour rétablir une paix juste, a-t-il ajouté au côté de la présidente de la Confédération Viola Amherd.
Le chef de l'Etat ukrainien a salué le soutien de Berne à la création d'un tribunal international destiné à juger les crimes russes. Il faut s'assurer que les militaires russes et les responsables politiques "répondent de leurs actes devant la justice", a-t-il dit.
Volodymyr Zelensky s'est aussi félicité du fait que la Suisse ait repris les sanctions de l'UE contre la Russie. Et de souligner l'importance d'éviter que les sanctions ne soient contournées pour empêcher la Russie de développer de nouvelles armes qui frapperaient l'Ukraine. Il a en outre insisté sur la nécessité d'utiliser les fonds russes gelés à l'étranger pour la reconstruction de son pays.
Rencontre avec Ignazio Cassis
Avant cela, l'avion du chef d'Etat ukrainien avait atterri vers 11h30 à Zurich, ou il a été accueilli sur le tarmac par le conseiller fédéral en charge des Affaires étrangères Ignazio Cassis. Les deux hommes s'étaient déjà rencontrés à Kiev.
Le président ukrainien se rend lundi soir au Forum économique mondial (WEF) à Davos (GR). Après deux ans de discours par vidéo, il sera cette fois-ci présent physiquement dans la station grisonne. Une première depuis 2020, lorsqu'il avait rencontré la présidente de la Confédération d'alors, Simonetta Sommaruga.
>> Le suivi de la situation en Ukraine : L'Ukraine affirme avoir abattu deux avions russes de commandement aéroporté
Soutien du Parlement suisse à Kiev réaffirmé
En début d'après-midi, au Palais fédéral à Berne, les présidents des Chambres fédérales Eric Nussbaumer et Eva Herzog ont d'abord reçu Volodymyr Zelensky. A cette occasion, ils ont réaffirmé la solidarité de la Suisse avec l'Ukraine.
Les discussions ont porté en particulier sur la situation actuelle en Ukraine et sur l’importance de la poursuite du soutien de la communauté internationale, indiquent les services du Parlement. Le président du National et la présidente du Conseil des Etats ont informé le dirigeant ukrainien des travaux en cours au Parlement suisse et réaffirmé qu’il était essentiel à leurs yeux d’apporter une aide à long terme à l’Ukraine ainsi que de soutenir sa reconstruction.
Les deux Bâlois ont "souligné les valeurs communes partagées par les deux pays, le soutien constant de la Suisse à l’Ukraine et son attachement aux Ukrainiennes et Ukrainiens".
Lors de son passage dans la Ville fédérale, le président ukrainien a également rencontré les chefs des partis et des groupes parlementaires, à l'exception de ceux de l'UDC, a constaté Keystone-ATS.
Discours très attendu à Davos mardi
Après son passage par Berne, Volodymyr Zelensky donnera mardi après-midi au WEF de Davos un discours très attendu. Le chef de l'Etat ukrainien doit tenter de relancer le soutien à son pays, au moment où celui-ci semble s'effriter aux Etats-Unis et dans certains pays européens.
De son côté, la Suisse va mettre en avant la conférence sur le déminage humanitaire en Ukraine qu'elle organisera en octobre prochain à Genève.
fgn avec ats
Priorité au déminage pour la Suisse
Lors de l'entretien de lundi entre Volodymyr Zelensky et Viola Amherd, il a également été question de la reconstruction de l'Ukraine. Dans ce cadre, la Suisse a fixé sa priorité sur le déminage, "un prérequis à la reconstruction", a souligné Viola Amherd. Le Conseil fédéral a décidé l'automne dernier d'y consacrer 100 millions de francs et il organisera une conférence internationale de haut niveau à ce sujet en septembre prochain.
Berne sera également très attentif à la possibilité pour l'Ukraine de pouvoir exporter via la mer Noire ses produits, agricoles en particulier. Il en va de la sécurité de l'approvisionnement mondial, a relevé Viola Amherd. La Suisse proposera dans ce cadre ses bons offices à l'ONU.
Sécurité maximale
Les autorités suisses recevant le même jour le Premier ministre chinois Li Qiang, également en visite officielle en Suisse, c'est un important dispositif de sécurité qui a été mis en place lundi dans la capitale fédérale. La police cantonale bernoise a établi un périmètre de sécurité autour du Palais fédéral.
Des barrières et des blocs de béton ont été dressés devant les rues menant au Palais fédéral. La Place fédérale n'était plus accessible au public. Un canon à eau a été en outre installé à proximité. Et des policiers armés de fusils d'assaut ont pris position devant le bâtiment.
La Suisse tient son rôle, mais ne fera pas de miracle, selon la presse
"Après la fatigue des alliés, la remobilisation passe par notre pays", écrit Le Temps, qui dépeint une Ukraine dont la voix a été étouffée par les conflits du Proche-Orient.
L'association de la Suisse dans la suite des négociations n'est pas anodine. "Sa réputation d'acteur neutre légitime la démarche", assure le quotidien. Et Berne montre qu'elle n'est pas indifférente en offrant à Volodymyr Zelensky un accueil hors norme, sans parler de son engagement à organiser une conférence mondiale de la paix.
"Les effusions de sang continueront"
Cet engagement est un message porteur d'espoir, certes, mais qui va de soi, analyse de son côté La Liberté. "Notre pays est taillé pour jouer ce rôle, peut-on lire. Mais encore faut-il qu'il en ait les moyens".
Car pour conclure la paix, il faut être deux. Et il n'y aura pas de paix sans que la Russie ait son mot à dire. Or, à ce stade, les deux belligérants ne paraissent pas prêts à faire des concessions. "La guerre risque donc encore de durer".
Une analyse partagée outre-Sarine. Bien que son engagement soit juste, il ne faut pas placer des attentes trop élevées dans les initiatives diplomatiques de la Suisse, écrit la Neue Zürcher Zeitung. "La destruction, la souffrance et l'effusion de sang continueront. La petite Suisse ne peut pas y changer grand-chose", indique le journal.
"Enième table ronde"
Le fait que le Premier ministre chinois Li Qiang n'ait pas voulu rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Berne illustre les limites étroites de la diplomatie suisse, ajoute-t-il.
>> Lire aussi : Berne et Pékin signent une déclaration commune lors de la visite officielle du Premier ministre chinois
La présidente de la Confédération Viola Amherd doit faire entrer la Chine dans le bateau, estiment les journaux du groupe alémanique CH Media. Sans la Russie et l'allié informel qu'est la Chine, la paix n'est pas envisageable, écrivent-ils, craignant sinon que le sommet envisagé ne se transforme en une énième table ronde entre personnes qui partagent les mêmes idées.