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Face aux crises sanitaires, on a "besoin de travailler main dans la main", assure la vice-directrice de l’OFSP

L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nora Kronig Romero, vice-directrice de l’Office fédéral de la Santé publique
L'invitée de La Matinale (vidéo) - Nora Kronig Romero, vice-directrice de l’Office fédéral de la Santé publique / L'invité-e de La Matinale (en vidéo) / 14 min. / le 19 janvier 2024
La collaboration est la clé de résolution des crises sanitaires et elle aurait pu l'être pour celle du Covid, selon Nora Kronig, vice-directrice de l'Office fédéral de la santé publique et membre du Conseil exécutif de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

"Aujourd'hui, 70% des foyers épidémiologies émergent dans des zones de conflits", s'inquiète Nora Kronig dans La Matinale de la RTS vendredi. Face à ce lien entre les conflits mondiaux actuels et la santé, l'OMS planche sur une initiative sur la santé comme facteur de paix. Les pays membres de l'organisation se réuniront le 22 janvier à Genève pour en discuter.

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"La santé (...) aide à la cohésion sociale, à une contribution positive dans la recherche de la paix", précise celle qui siège au Conseil exécutif de l'OMS. "L'objectif de l'initiative est d'accompagner l'OMS dans ses approches." Elle permettra par exemple de s'assurer que les médecins qu'elle déploie dans des pays en conflit savent comment réagir, c'est-à-dire d'être impartiaux, ajoute Nora Kronig,

Lien entre Covid et situation mondiale actuelle

Celle qui est aussi responsable de la division Affaires internationales et vice-directrice de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) fait le lien entre la pandémie de Covid et la situation mondiale actuelle: "Le choc qu'a représenté la pandémie de Covid pour le monde entier, pour les sociétés, pour l'économie et la santé de chacun, (...) a évidemment des conséquences." Elle tempère toutefois en expliquant que chaque conflit a des racines différentes et que "faire un lien si direct simplifie (...) la situation, mais c'est certain que le choc que le monde a traversé a évidemment eu des conséquences massives dont on perçoit encore les effets maintenant".

Selon Nora Kronig, l'OMS a commencé à tirer les leçons de la pandémie. Pour elle, la clé est la collaboration entre Etats et le partage de l'information pour anticiper et réagir ensuite. "On a des processus de négociations en cours entre Etats membres parce qu'on a bien vu à quel point c'était vital pour le monde entier de savoir quels virus circulent."

Traité mondial

L'OMS travaille à l'élaboration d'un traité mondial pour renforcer la prévention. Cette collaboration devra également permettre de répartir les produits médicaux (comme les vaccins et les médicaments) de manière plus équitable. "Je crois que tout le monde est d'accord sur le fait que l'accès (aux produits médicaux, ndlr) n'a pas été équitable pendant la pandémie. (...) Je crois que là, il y a vraiment un besoin de travailler main dans la main pour accélérer ces possibilités et s'assurer que ce soit fait de manière équitable", indique Nora Kronig.

Les négociations pour ce traité devraient aboutir d'ici au mois de mai, même si Nora Kronig n'exclut pas un délai. "Je crois que c'est important de s'engager pour un bon résultat et (...) qu'il faut prendre le temps pour que ce résultat soit bon (...). Ce n'est pas la montre ou le calendrier qui doit déterminer, mais vraiment le résultat", anticipe-t-elle.

Aucun élément n'a de caractère contraignant dans le texte du traité en négociations à l'OMS

Nora Kronig, diplomate au siège au Conseil exécutif de l’OMS

Nora Kronig promet encore que le traité n'a aucune visée contraignante, donc chaque pays aura son libre arbitre.

"Dans le texte sur lequel on se penche maintenant, il n'y a absolument aucun élément qui a un caractère contraignant en termes de mesures", assure-t-elle. "Chaque pays est libre de négocier ses positions et ensuite, évidemment, libre de décider de signer un tel accord, s'il veut le ratifier (...) Et, il n'y a aucune dimension contraignante (...). Ce n'est d'ailleurs même pas sur la table."

La responsable de la division Affaires internationales garantit que l'obligation du port du masque ne sera pas décrétée au niveau de l'OMS, ni l'obligation vaccinale.

"Ce sont vraiment des conseils que les pays peuvent ensuite prendre pour eux" et appliquer s'ils le veulent, confirme-t-elle.

Propos recueillis par Pietro Bugnon

Adaptation web: Julie Marty

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