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Les deux Corées ont une "forte probabilité d'être entraînées dans un conflit armé"

Le dictateur nord-coréen Kim Jong Un a annoncé la dissolution des organisations gouvernementales visant à la "réconciliation" ou la "coopération" avec la Corée du Sud. [Keystone/Ap Photo - Ahn Young-joon]
La Corée du Nord coupe les ponts avec le Sud / Tout un monde / 4 min. / le 18 janvier 2024
Le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un a récemment déclaré que la Corée du Sud était son "principal ennemi" et a dissous les agences dédiées à la réunification. Sa rhétorique enflammée est-elle le signe d'un réel changement?

Les récents mois ont connu une forte détérioration des relations entre les deux Corées, longtemps tendues. Les deux parties ont renoncé à des accords clés visant à réduire les dissensions, renforcé la sécurité à la frontière et effectué des exercices de tir réel le long de la frontière.

Le numéro 1 nord-coréen Kim Jong-un a tout récemment qualifié le Sud de "principal ennemi" et menacé Séoul d'entrer en guerre pour toute violation "ne serait-ce que de 0,001 mm" du territoire nord-coréen. Il a en outre affirmé qu'il ne déclencherait pas "unilatéralement" un conflit, mais qu'il n'avait "pas non plus l'intention d'éviter une guerre".

"Maintenant, il n'y a plus de voie de secours"

Après des années de détérioration de leurs relations, Pyongyang a officialisé sa position mi-janvier en menaçant d'"anéantir" le Sud en cas de guerre.

Il s'agit d'un changement important, car "dans le passé, lorsqu'il y avait un risque de conflit armé, il y avait une voie de secours pour garder le contrôle, mais maintenant il n'y a plus rien de tout cela", observe Hong Min, analyste à l'Institut coréen pour l'unification nationale à Séoul.

La Corée du Nord s'est débarrassée "de tout mécanisme intercoréen visant à empêcher les conflits d'échapper à tout contrôle", ajoute-t-il.

Selon lui, "le fait que le Nord qualifie le Sud de 'principal ennemi' n'est pas seulement rhétorique: les mots pourraient se transformer en action".

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Forte probabilité d'un conflit armé

Choi Gi-il, professeur d'études militaires à l'université de Sangji, estime que les deux Corées ont désormais une "forte probabilité d'être entraînées dans un conflit armé".

"Supposons qu'une future provocation du Nord fasse des victimes civiles et militaires. Nous visons le point d'origine avec des obus. Mais allons-nous également les frapper avec des moyens aériens?" s'interroge-t-il.

En 2010, lorsque le Nord a bombardé l'île frontalière sud-coréenne de Yeonpyeong, faisant quatre morts, les avions de combat F-16 de Séoul étaient "en vol, prêts à frapper, mais le président de l'époque, Lee Myung-bak, a annulé l'opération" afin d'éviter une escalade.

Or, cette fois Séoul a menacé de répondre "beaucoup plus fort" à toute provocation, une approche belliciste non dénuée de risques, comme l'a souligné cette semaine un éditorial du journal Hankyoreh. La réplique de Pyongyang "pourrait déboucher sur une véritable guerre dans le pire des cas", déclare Choi Gi-il.

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Porte "cadenassée

Les perspectives de réconciliation intercoréenne ont longtemps été sombres. Mais en qualifiant son voisin d'ennemi numéro 1, Kim Jong-un "n'a pas seulement fermé la porte au rapprochement, il l'a cadenassée pour que les Sud-Coréens sachent clairement quelle est sa position à l'égard de leurs relations", estime Soo Kim de LMI Consulting, une ancienne analyste de la CIA.

Mais, selon elle, la nouvelle rhétorique de Pyongyang ne change pas nécessairement "le calcul de la Corée du Nord".

Pyongyang développe depuis longtemps des armes nucléaires et des missiles et Kim Jong-un attend le moment opportun pour procéder à son septième essai nucléaire.

"Ces armes n'ont pas été développées du jour au lendemain, et les plans du régime de Kim pour les utiliser comme outils de coercition, de menace et de négociation sont leur modus operandi depuis des décennies", souligne l'experte.

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Un ajustement idéologique

La récente rhétorique de Kim Jong-un à l'égard du Sud "semble relever d'un ajustement idéologique pour la survie du régime, justifiant l'accent mis par Kim Jong-un sur les missiles nucléaires", estime Leif-Eric Easley, professeur à l'université Ewha de Séoul.

Malgré des années de fermeture des frontières liées au Covid et de contrôles stricts sur la circulation de l'information à l'intérieur du pays, les Nord-Coréens "sont de plus en plus conscients des échecs économiques de leur pays par rapport aux réussites sud-coréennes", selon lui.

"Ainsi, Kim Jong-un redouble de prouesses militaires contre les menaces extérieures pour asseoir sa légitimité intérieure", observe Leif-Eric Easley.

Le Sud doit organiser des législatives en avril, au cours desquelles le parti conservateur du président Yoon Suk-yeol tentera de reprendre le contrôle du Parlement.

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jfe avec les agences

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Pyongyang déploie un système d'armement nucléaire sous-marin

La Corée du Nord a annoncé vendredi avoir testé un "système d'armement nucléaire sous-marin". Ce test a été mené en réponse aux exercices navals conjoints menés par Washington, Séoul et Tokyo sur fond d'inquiétudes autour d'un durcissement de la position de Pyongyang.

L'an dernier, Pyongyang avait affirmé avoir mené plusieurs tests d'un prétendu drone d'attaque nucléaire sous-marin - une version différente du Haeil qui veut dire tsunami en coréen, affirmant que cette arme pourrait déclencher "un tsunami radioactif".

L'annonce de l'essai d'un sous-marin "est un signe clair du déploiement des drones Haeil dans les flottes navales pour leur utilisation", a estimé Hong Min, analyste à l'Institut coréen pour l'unification nationale à Séoul.

Ahn Chan-il, un transfuge devenu chercheur qui dirige l'Institut mondial d'études sur la Corée du Nord, a jugé "difficile de déterminer les capacités exactes" des prétendus systèmes d'armes nucléaires sous-marins de la Corée du Nord.

"Compte tenu du niveau scientifique de la Corée du Nord en matière de défense et du fait que l'arme est encore en phase de développement, elle n'est pas encore en mesure de constituer une menace significative", a déclaré Ahn Chan-il.