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Les pêcheurs du golfe de Gascogne à l'arrêt forcé pour protéger les dauphins

Les pêcheurs du golfe de Gascogne à l'arrêt forcé pour protéger les dauphins. [afp - Christophe Archambault]
Les pêcheurs du golfe de Gascogne à l'arrêt forcé pour protéger les dauphins / Le Journal horaire / 29 sec. / le 22 janvier 2024
C'est du jamais-vu depuis 1945: l'essentiel des bateaux de pêche sont restés à quai lundi dans le golfe de Gascogne pour préserver les dauphins. Une interdiction d'un mois qui angoisse la filière malgré les aides annoncées.

Au large d'une vaste zone allant du Finistère au Pays Basque, l'arrêt concerne les bateaux, français ou étrangers, de plus de huit mètres et certaines techniques de pêche jusqu'au 20 février.

A la criée de Saint-Jean-de-Luz (Pyrénées-Atlantiques), où sont vendus chaque jour entre 1800 kilos et cinq tonnes de poissons selon les arrivages, les dernières pêches du week-end ont été écoulées.  "Demain ce sera plus calme, on aura 90% du tonnage en moins", explique Julien Micheo, mareyeur, qui a prévu de fermer un mois.

A La Rochelle plus au nord, le port, survolé par des mouettes, était désert lundi, et les filets rangés dans des caisses à quai. Cette "fermeture spatio-temporelle" doit se répéter pendant les hivers 2025 et 2026 au nom de la protection des dauphins. Elle a été décrétée après que le Conseil d'Etat français, saisi par des associations environnementales, a demandé au gouvernement d'agir pour réduire les décès de petits cétacés pris accidentellement dans les filets.

Le pic de mortalité

Le Ciem, l'organisme scientifique international de référence, estime à environ 9000 le nombre de dauphins communs morts chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française, pour un niveau soutenable de 4900 décès au maximum.

Il recommande des fermetures de trois mois en hiver et d'au moins un mois en été, périodes de pics de mortalité des dauphins. Serge Larzabal, président du comité interdépartemental des pêches des Landes et Pyrénées-Atlantiques, juge néanmoins l'interdiction prononcée "en totale disproportion par rapport au peu de danger sur le stock de mammifères marins".

Il regrette aussi l'abandon des dérogations initialement prévues pour les navires équipés de caméras ou moyens de dissuasion, que le Conseil d'État a jugées fin décembre "trop importantes pour que la fermeture de la pêche ait un effet suffisant sur les captures accidentelles".

Gros manque à gagner

Sea Shepherd France, elle, déplore "un mur de déni et une diabolisation des ONGs, savamment orchestré par les Comités des Pêches pour empêcher tout dialogue constructif et détourner l'attention de leurs propres manquements et mensonges".

Selon l'association, "il faudra des mesures qui s'étendent bien plus dans le temps" pour aboutir à une baisse significative des captures. Au total, 450 bateaux français devraient rester à quai.

Franck Lalande, vice-président du Comité régional des pêches de Nouvelle-Aquitaine et armateur de deux bateaux à Arcachon (Gironde) redoute "de la casse", car "un bateau à quai, c'est entre 250'000 et 300'000 euros de perte de chiffre d'affaires pendant un mois".

Indemnités prévues

Pour compenser, le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu a promis vendredi des indemnisations variant "entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux" concernés par l'interdiction.

Il a promis également d'accompagner le reste de la filière avec notamment une aide aux mareyeurs qui ira "jusqu'à 75% de leurs pertes".

"Cette fermeture (...) va se traduire par 8000 tonnes de produits de la mer en moins et représenter une perte de 60 millions d'euros de chiffre d'affaires pour le mareyage", déjà fragilisé par le Brexit, a prévenu Frédéric Toulliou, président de l'Union du mareyage français (UMF) et de l'association interprofessionnelle France Filière Pêche.

afp/miro

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