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Salaires abusifs, violences sexuelles, "entre-soi" et "omerta" dénoncés dans le sport français

La nouvelle ministre française des Sports Amélie Oudea-Castera est personnellement citée dans le rapport comme ayant bénéficié de rémunérations abusives. [Hans Lucas via AFP - Amaury Cornu]
Salaires abusifs, violences sexuelles, "entre-soi" et "omerta" dénoncés dans le sport français / Le Journal horaire / 21 sec. / le 22 janvier 2024
A six mois des Jeux olympiques de Paris, une commission d'enquête parlementaire sur les fédérations sportives fustige dans un rapport les "défaillances systémiques" du sport français en matière d'éthique, de gouvernance et de lutte contre les violences sexuelles.

Ce rapport, rédigé par la députée écologiste Sabrina Sebaihi et qui doit être officiellement publié mardi, brosse un portrait au vitriol du fonctionnement des fédérations.

Le parquet de Paris a déjà ouvert plusieurs enquêtes à la suite de signalements de la commission sur d'éventuels "faux témoignages" de dirigeants sportifs devant les parlementaires.

"Culture du secret"

Or, ces cas ne seraient pas isolés. Sabrina Sebaihi juge le milieu sportif gangréné par la "culture du secret, du mensonge et du faux témoignage" et "pas suffisamment habitué à rendre des comptes".

La parlementaire réclame un "choc de contrôle, de transparence et de culture démocratique", grâce à la mise en place d'une "autorité administrative indépendante chargée de la protection de l'éthique du sport".

Fédération de tennis pointée du doigt

L'enquête conclut les rémunérations de certains d'entre eux "très élevées voire anormales", visant notamment les 400'000 euros brut annuel et 100'000 euros de prime d'objectif de l'ex-directrice générale de la Fédération française de tennis Amélie Oudéa-Castéra de 2021 à 2022, désormais ministre de l'Education nationale et des Sports.

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"En février 2022, l'inspection générale de l'éducation, du sport et de la recherche avait appelé à reconsidérer le niveau de rémunération des dix principaux cadres de la Fédération française de tennis et pointé l'absence de procédures de recrutement pour ses principaux cadres", souligne la députée.

Elle pointe aussi les "défaillances de l'Etat" dans ses missions de contrôle, critiquant les nouveaux contrats de délégations mis en place avec les fédérations, "lacunaires" et "assortis d'engagements insuffisamment précis".

"Long silence" et déni sur les violences sexuelles

Sabrina Sebaihi insiste également et réclame un "état des lieux" sur des "accusations graves" de détournements de fonds, agressions physiques et violences sexistes et sexuelles visant la fédération française de kickboxing (FFKMDA) et son club d'Aulnay-sous-Bois.

Dans la foulée de l'audition du journaliste Romain Molina devant la commission, le ministère des Sports avait saisi la justice après avoir eu connaissance de faits susceptibles de révéler un système de chantage de nature sexuelle, dans un club de kickboxing. La FFKMDA conteste ces accusations et assure qu'elle va porter plainte pour diffamation contre le journaliste.

En matière de violences sexuelles, qui secouent le monde du sport depuis les révélations en 2020 de la patineuse Sarah Abitbol, Sabrina Sebaihi dénonce un "long silence", "long déni" et une "longue inertie" du sport français.

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La plateforme Signal-Sports notamment, lancée en 2020, est "invisibilisée", "sous-dimensionnée" et "très largement méconnue", estime-t-elle.

En décembre, l'ex-ministre des Sports Marie-George Buffet avait déjà réclamé dans un rapport une "autorité indépendante" pour prévenir et traiter les violences sexistes et sexuelles dans le sport. Amélie Oudéa-Castéra s'était dite en désaccord avec cette proposition, privilégiant la cellule actuelle.

ats/jop

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