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Depuis l’élection de Donald Tusk, le difficile retour des médias indépendants en Pologne

Depuis l'élection de Donal Tusk, le paysage médiatique polonais a été profondément redessiné. [afp - Omar Marques]
En Pologne, le paysage médiatique se redessine depuis l'élection de Donal Tusk / La Matinale / 2 min. / le 26 janvier 2024
Pendant sa campagne, le Premier ministre polonais Donald Tusk avait fait de l’indépendance des médias publics l'une de ses priorités. Dès sa nomination en décembre, le nouveau gouvernement a donc remplacé les dirigeants de la télévision publique, accusée de servir auparavant de simple relais à la propagande des conservateurs du PiS.

Nouveau nom, nouveau jingle et nouvelles têtes, tout a changé dans les JT de la télévision publique polonaise. Le but du gouvernement polonais actuel étant de garantir le retour d’un service public indépendant du pouvoir, les anciens dirigeants ont aussi été limogés.

Mais la manoeuvre ne plaît pas à tout le monde. Début janvier, une marée de drapeaux blancs et rouges, mobilisée par la nouvelle opposition, a convergé vers le Parlement à Varsovie pour condamner ces changements.

Certains manifestants n’ont pas hésité à faire des centaines de kilomètres pour venir protester. Andrzej et Sylvia habitent à 150 kilomètres de la capitale; en temps normal, le couple assure ne pas être sympathisant du PiS. Vendredi dans La Matinale de la RTS, ils expliquent leur attachement au pluralisme médiatique: "Beaucoup disent que TVP, la chaîne publique, était pro-PiS, mais en attendant, elle faisait un contrepoids aux chaînes privées qui, elles aussi, étaient orientées", affirme Andrzej.

Manifestation devant le Parlement polonais contre les changements introduits dans les médias publics. [afp - Klaudia Radecka]
Manifestation devant le Parlement polonais contre les changements introduits dans les médias publics. [afp - Klaudia Radecka]

Les licenciements non conformes

Selon le tribunal constitutionnel, le ministère de la Culture n’était pas compétent pour limoger les directeurs de la télévision. Il a donc jugé l'action illégale.

L'organisation "Never Again", qui documente les incidents de haine et de discrimination qui se produisent en Pologne, estime que la gravité de la situation exigeait une intervention immédiate du gouvernement.

Selon l'une de ses activistes, Anna Tatar, la télévision publique ne faisait que répéter le discours de haine du gouvernement: "Sur les chaînes de la télévision publique, les musulmans, les migrants, les réfugiés, les Juifs, les personnes LGBT étaient prises pour cibles. Cela a eu un effet dévastateur sur les relations sociales".

La société polonaise reste donc profondément divisée malgré la dépolitisation des médias.

Sujet radio: Adrien Sarlat

Adaptation web: Miroslav Mares

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