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Le Burkina Faso, le Mali et le Niger annoncent quitter la Communauté d'Afrique de l'Ouest

Les Premiers ministres du Niger, Ali Mahamane Lamine Zeine, du Burkina Faso, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, et du Mali, Kokalla Maiga, le 29 décembre 2023 à Niamey, la capitale du Niger. [Reuters - Mahamadou Hamidou]
Trois pays africains ont décidé de quitter la CEDEAO / La Matinale / 1 min. / le 29 janvier 2024
Le Burkina Faso, le Mali et le Niger, où des militaires ont pris le pouvoir ces dernières années, ont annoncé dimanche leur retrait "sans délai" de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cedeao).

Les dirigeants respectifs des trois Etats sahéliens, "prenant toutes leurs responsabilités devant l'histoire et répondant aux attentes, préoccupations et aspirations de leurs populations, décident en toute souveraineté du retrait sans délai du Burkina Faso, du Mali et du Niger de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest", dit le communiqué lu sur les médias d'Etat de ces pays.

La Cedao a affirmé dans un communiqué que les trois pays sont "des membres importants de la Communauté" qui "reste engagée à trouver une solution négociée à l'impasse politique" créée par l'annonce de leur retrait. Elle dit attendre encore "la notification formelle et directe" de cette décision.

Effets économiques

Celle-ci pourrait produire des effets considérables, par exemple pour la circulation des biens et des personnes, pour les trois pays concernés, dépourvus d'accès à la mer, et pour la région. Elle suppose des implications sur les exemptions de visa et les exonérations de taxe, avec des retombées sur les prix.

La mise en oeuvre du retrait lui-même suscite des questions. Le traité de la Cedeao stipule que tout Etat désireux de se retirer doit le notifier par écrit dans un délai d'un an et est tenu de se conformer à ses obligations pendant cette période. Il laisse cependant la porte ouverte à un retrait de la demande de sortie pendant ces 12 mois.

Relations tendues depuis les putschs

Les trois pays, confrontés à des problématiques similaires d'insécurité, de djihadisme et de pauvreté, ont des relations tendues avec la Cedeao depuis que des militaires y ont pris le pouvoir par la force, en 2020 au Mali, en 2022 au Burkina Faso et en 2023 au Niger.

La Cedeao a pris de lourdes sanctions contre le Mali et le Niger et est allée jusqu'à menacer de recourir à la force dans ce dernier pays. Elle a suspendu les trois pays de ses instances.

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Les régimes militaires ne cessent de dénoncer l'instrumentalisation faite selon eux de la Cedeao par la France et leur retrait est le dernier acte de rupture en date.

Des manifestants, équipés de pancartes anti-Cedeao et de drapeaux russe et burkinabè, à Ouagadougou, le 4 octobre 2022. [AFP - Issouf Sanogo]
Des manifestants, équipés de pancartes anti-Cedeao et de drapeaux russe et burkinabè, à Ouagadougou, le 4 octobre 2022. [AFP - Issouf Sanogo]

Rapprochement de Moscou

Ils ont poussé les ambassadeurs et les forces françaises vers la sortie et se sont tournés politiquement et militairement vers Moscou. Ils ont par ailleurs formé une alliance placée sous le signe de la souveraineté et du panafricanisme.

En annonçant leur retrait, ils ont accusé l'organisation de ne pas les avoir aidés face aux djihadistes qui sévissent depuis 2012, au Mali d'abord, puis aussi chez ses deux voisins, faisant des milliers de morts, combattants et civils, et provoquant le déplacement de millions de personnes.

Les mesures de rétorsion prises par la Cedeao ont produit peu d'effets à ce jour sur le retour des civils à la tête de leur pays.

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afp/ami

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