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Thaïlande: l'armée recule face à 80'000 manifestants

Les soldats, souvent acclamés par les manifestants, ont fait machine arrière.
Les soldats, souvent acclamés par les manifestants, ont fait machine arrière.
L'armée thaïlandaise s'est retirée de plusieurs points-clés du centre de Bangkok sous la pression de 80'000 manifestants, selon la police, qui ont enjoint les militaires de rejoindre leur mouvement pacifique. Les autorités ont qualifié cette décision de simple "ajustement".

Les "chemises rouges" favorables à l'ex-Premier ministre en exil
Thaksin Shinawatra ont convergé samedi dans la bonne humeur à pied,
en moto et en voiture, vers sept lieux de la capitale où les
militaires sont massés depuis quinze jours.



Les troupes, souvent acclamées par les manifestants, ont fait
machine arrière dans au moins quatre sites. Quelques manifestantes
ont distribué des fleurs aux militaires, qui quittaient le centre-
ville tout sourire en prenant des photos.



"Ils vont retourner dans leurs casernes. Nous nous comprenons, car
nous sommes tous des gens du peuple. Ce n'est pas notre victoire
mais une victoire pour tous les paysans", a assuré Nattawut Saikua,
l'un des cadres des "rouges".

Eviter une confrontation

Les soldats "doivent partir maintenant pour éviter une
confrontation," a expliqué le Vice-Premier ministre Suthep
Thaugsuban en conférence de presse. Ils regagneront leurs positions
plus tard et ont reçu des consignes de prudence. "Personne ne perd
la face mais nous voulons maintenir l'ordre et la loi", a-t-il
ajouté.



Les "rouges" témoignent de la vigueur d'un mouvement désormais en
sommeil dans la semaine, mais revigoré chaque samedi par les
manifestants venus du nord et du nord-est du pays, le bastion de
Thaksin.



Installés dans le centre-ville historique autour de barbecues et
de hauts-parleurs, ils exigent des élections anticipées et le
départ du Premier ministre Abhisit Vejjajiva, accusé de servir les
élites traditionnelles royalistes de Bangkok.

Explosions

Trois explosions se sont produites en marge du rassemblement,
faisant au total huit blessés, dont cinq soldats. La dernière
explosion, survenue dans la soirée a visé la chaîne de télévision
publique blessant trois soldats et un civil, selon des sources
policières et médicales.



Auparavant deux soldats et deux civils avaient été blessés
lorsqu'une grenade avait été lancée contre le siège de la chaîne de
télévision Channel 5 contrôlée par l'armée. Une première explosion
visant un bâtiment des douanes avait causé des bris de vitres et
endommagé une voiture. Plusieurs grenades ont explosé à Bangkok
depuis quinze jours mais n'ont provoqué que des dégâts mineurs. Ces
explosions n'ont pas été revendiquées.



Le mouvement est demeuré pacifique depuis le 14 mars, à l'inverse
des débordements d'avril 2009 qui avaient fait deux morts et de
nombreux blessés. Selon le major général Piya Uthayo, porte-parole
de la police de Bangkok, 41 compagnies de policiers, soit 6150
hommes, ont été déployés sans armes autour des sites désertés par
l'armée.



Les leaders "rouges" affirment qu'ils continueront de manifester
dans le calme jusqu'au départ d'Abhisit.



afp/ant

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Pour un retour de Thaksin

Les manifestants espèrent le retour de Thaksin, renversé en 2006 par un coup d'Etat militaire légitimiste et qui vit en exil depuis deux ans pour échapper à la prison.

L'homme d'affaires, unique Premier ministre à avoir été réélu en Thaïlande, continue d'obséder la vie politique locale.

Adoré par les masses rurales du nord qui le considèrent comme le seul homme politique à s'être jamais préoccupé de leur sort, il est considéré par l'establishment comme un populiste corrompu, dangereux pour la monarchie.