Peu avant 23H00 (04H00 en Suisse), la Chambre des représentants
a approuvé par 219 voix contre 212 le texte adopté en décembre par
le Sénat, envoyant ainsi le projet de loi au président Obama pour
promulgation. Il fallait une majorité de 216 voix pour que le texte
soit adopté.
Ce n'était pas un vote facile, "mais c'était le vote juste", a
déclaré Barack Obama, souriant mais sobre, après l'adoption de la
réforme. Il a qualifié le vote de victoire non pas pour un parti
mais "pour le peuple américain".
Pendant les près de 10 heures de
débat dimanche, les deux camps se sont affrontés une dernière fois.
Les républicains ont réitéré leur opposition au plan jugé trop
coûteux des démocrates.
Ces derniers ont répliqué en assurant qu'un "statu quo" n'était
pas envisageable. "Nous avons devant nous un projet de loi pour
changer une trajectoire qui n'est pas viable", a dit le chef de la
majorité démocrate Steny Hoyer avant le vote en évoquant les coûts
élevés de la santé aux Etats-Unis.
La présidente de la Chambre Nancy Pelosi, qui été longuement
ovationnée par son camp, a salué "l'engagement inébranlable" du
président Obama pour la cause de la réforme.
Réduire le déficit
Le républicain Mike Pence, numéro trois de l'opposition, a
ironisé: "il n'y a qu'à Washington qu'on peut dire qu'on dépense
1'000 milliards tout en faisant économiser de l'argent aux
contribuables". La réforme, d'un coût de 940 milliards de dollars
sur 10 ans, devrait réduire le déficit américain de 138 milliards
de dollars, selon le bureau du Budget du Congrès (CBO). Le texte
prévoit en effet une baisse des dépenses du programme d'assurance
maladie des personnes âgées (Medicare).
Le vote était encore
incertain dans l'après-midi de dimanche lorsque les chefs
démocrates ont obtenu le ralliement du démocrate anti-avortement
Bart Stupak et de ses partisans.
Ce précieux soutien est intervenu à la suite d'un compromis passé
avec le président Obama qui s'est engagé à signer un décret pour
réaffirmer l'interdiction des financements fédéraux pour
l'avortement.
Les démocrates ont longtemps hésité à voter pour une réforme que
les sondages disent impopulaire. Au total, 34 d'entre eux ont voté
contre le projet de loi avec 178 républicains, dont pas un n'a voté
pour la réforme.
Modifications devant le Sénat
Après le premier vote, les représentants ont approuvé par 220
voix contre 211 une série de modifications au projet du Sénat. Ces
"corrections" peuvent désormais être renvoyées au Sénat qui va
tenter de les approuver dans la semaine. Le chef de la majorité
démocrate du Sénat Harry Reid a promis que la chambre haute agirait
"sans délai".
Rassemblés pendant le week-end aux pieds du Capitole, plusieurs
centaines d'adversaires de la réforme ont scandé sans relâche "Kill
the bill" (Tuez le projet de loi). "On s'en souviendra en
novembre", ont-ils assuré, en faisant allusion aux prochaines
élections législatives.
"L'appel de l'Histoire"
L'adoption dimanche de la réforme de la santé prouve que les
Etats-Unis restent capables de "grandes choses", s'est félicité
Barack Obama. "Ce soir nous avons surmonté le poids de la
politique, alors que tous les spécialistes nous affirmaient que ce
n'était plus possible", a ajouté le président, souriant mais
sobre.
Il s'est exprimé depuis "l'East Room" de la Maison Blanche, un
lieu souvent réservé aux moments importants d'une présidence. Le
président, qui a dû utiliser énormément de son capital politique
pour convaincre sa majorité d'endosser un texte très impopulaire si
l'on en croit les sondages, a salué le vote.
"Ce soir nous avons répondu à l'appel de l'Histoire comme tant
d'Américains l'ont fait avant nous. Nous n'avons pas cherché à
échapper à nos responsabilités, nous les avons endossées", a
déclaré le président.
agences/ak
Couverture pour 32 millions d'Américains
Ce texte de loi permettra de garantir une couverture santé à 32 millions d'Américains qui en sont dépourvus.
L'objectif est de couvrir 95% des Américains de moins de 65 ans.
Chaque personne est tenue d'être assurée ou bien de payer une pénalité qui augmentera progressivement jusqu'à 2,5% de ses revenus en 2016.
Les entreprises de plus de 50 salariés qui ne fourniront pas de couverture seront aussi pénalisées à raison de 2000 dollars par an par salarié non-couvert.
En revanche, les petites entreprises et les ménages modestes recevront des crédits d'impôts et des aides pour financer l'assurance santé.
Le texte interdira aussi aux assureurs de refuser une couverture à des personnes malades préalablement.
La réforme ne crée pas de Caisse publique d'assurance maladie.
Avec le système de couverture maladie actuel, le pourcentage de personnes sans couverture maladie en 2008 était de 15,4%, soit 46,3 millions d'individus, selon le bureau du recensement américain.
La majorité (58,5% en 2008) des assurés sont couverts par des polices souscrites par leur employeur. Mais en cas de licenciement, nombre de ces salariés perdent toute couverture.
Les autres assurés sont couverts par des assurances privées qu'ils ont choisies ou bien par des systèmes d'assurance publics, dont les principaux sont le Medicare (handicapés et personnes âgées de plus de 65 ans, soit 43 millions d'individus) et le Medicaid (personnes défavorisées, 42,6 millions).