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Suisse-Libye: l'Espagne reste mesurée

Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos ne s'est pas clairement exprimé.
Le chef de la diplomatie espagnole Miguel Angel Moratinos ne s'est pas clairement exprimé.
L'Espagne ne soutient pas ouvertement la position de l'Italie dans le différend Suisse-Libye. Selon la RSR, personne au sein de la diplomatie espagnole ne confirme les déclarations de Franco Frattini, qui veut lancer un ultimatum contre la Suisse si celle-ci ne résout pas la crise des visas.

Le chef de la diplomatie italienne Franco Frattini avait assuré
lundi que si aucun accord n'était trouvé entre Berne et Tripoli
d'ici le 5 avril, Rome présentera une proposition visant à
permettre à la Libye de passer outre l'opposition helvétique à
l'octroi de visas Schengen.



Selon le ministre transalpin, tant l'Espagne que le Portugal et
Malte soutiennent cette position, qui doit être présentée lors de
la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE
le 22 mars.

Calmy-Rey à Berlin

A Madrid, on se contente pour l'heure de préciser que la
proposition italienne doit encore être débattue au sein de l'Union
européenne et que la discrétion doit être de mise dans ce dossier.
Mais "l'Espagne continue ses efforts de



médiation entre la Suisse et la Libye", a souligné le ministère
espagnol des Affaires étrangères.



Malte a pour sa part apporté son soutien à l'Italie par la voix de
son chef de la diplomatie Tonio Borg, appelant les autres Etats
méditerranéens de Schengen à s'associer à l'ultimatum envers la
Suisse. La Commission européenne a refusé de commenter les
propos.



Le Département fédéral des affaires étrangères n'a également pas
souhaité s'exprimer. Micheline Calmy-Rey a rencontré mardi le chef
de la diplomatie allemande Guido Westerwelle lors d'une visite à
Berlin. Des solutions pour parvenir à une libération de Max Göldi
ont été abordées avec l'Allemagne, qui fait office de médiatrice
dans la crise.

D'ici au 4 avril

Franco Frattini avait pourtant
clairement annoncé la position de l'Italie, l'Espagne, le Portugal
et Malte ce lundi. Le nouveau règlement concernant l'octroi de
visas Schengen doit entrer en vigueur le 5 avril. Il prévoit la
possibilité d'émettre des visas à "territorialité" limitée à un
certain nombre de pays membres de l'Espace Schengen, a précisé le
chef de la diplomatie italienne. Chaque pays pourra ainsi émettre
un visa qui sera valable pour son territoire et pour les autres
pays adhérant à cette initiative.



Dans ce contexte, si la crise "n'est pas résolue d'ici au 4 avril,
l'Italie proposera à tous les autres pays de Schengen" d'attribuer
des visas aux personnalités libyennes, même si la Suisse "continue
à s'y opposer".



"Il n'est pas possible que les membres d'une délégation libyenne
qui négocient des accords avec l'UE soient inscrits sur la liste
noire helvétique", a déclaré le ministre italien, dont le pays
entretient des relations étroites avec le régime de Tripoli. Cette
mesure permettra de "résoudre immédiatement" le problème de
l'attribution des visas d'entrée en Libye, a-t-il ajouté.



agences/boi

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Un front anti-Suisse peu probable

La constitution d'un front européen, se désolidarisant de la Suisse alors qu'un des ses ressortissants, Max Göldi, est retenu depuis plus de 600 jours en Libye, semble pourtant "peu probable", selon Carlo Sommaruga, conseiller national socialiste et membre de la Commission politique extérieure.

A ses yeux, si l'ultimatum italien est à prendre au sérieux, il s'agit toutefois de relativiser sa portée: "L'Italie a des rapports politiques et économiques avec la Libye extrêmement importants, elle a un intérêt évident à tenir de tels propos", a expliqué le Genevois.

Pour Carlo Sommaruga, ces appels resteront lettre morte, les grands pays européens n'ayant pas l'intention de contrecarrer la stratégie adoptée par Berne. "Si l'Espagne appuyait l'Italie et Malte dans leur démarche, elle l'aurait déjà fait savoir", a argumenté le socialiste genevois.