Abhisit Vejjajiva a haussé le ton face aux "chemises rouges",
favorables à l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra,
après plusieurs jours au cours desquels il avait répété vouloir
résoudre la crise par la discussion.
Selon lui, "l'état d'urgence est un moyen légal pour le
gouvernement de résoudre la situation, cesser la désinformation,
poursuivre les leaders des manifestants et prévenir le sabotage de
façon efficace".
Le Parlement envahi
Le Premier ministre a annoncé ces
mesures après l'irruption d'opposants dans l'enceinte du Parlement.
Environ 5000 "chemises rouges" sont entrés dans la cour du
Parlement après avoir brisé une grille d'entrée avec un
camion.
Quelques minutes plus tard, plusieurs cadres du gouvernement ont
été évacués par hélicoptère. En une quinzaine de minutes, plusieurs
personnalités dont le vice-Premier ministre Suthep Thaugsuban et le
porte-parole du gouvernement ont été évacués. Certains députés ont
escaladé les murs de l'enceinte parlementaire pour s'enfuir.
Les "rouges" ont cependant promis de ne pas céder. "Je joue ma vie
avec ce gouvernement dictatorial", a déclaré l'un des cadres du
mouvement. "Nous devons nous préparer pour une autre guerre. Si les
militaires viennent, ne paniquez pas, restez où vous êtes", a
renchéri un autre leader.
55'000 manifestants
Un ministre a aussi annoncé que les autorités allaient
"disperser les manifestants" qui sont installés depuis samedi dans
un quartier touristique et commerçant majeur de la capitale. Mardi
soir, selon les dernières estimations de la police, les
manifestants étaient aux alentours des 55'000, dont environ deux
tiers au coeur de ce quartier.
Les forces de l'ordre entendent aussi fermer la "Chaîne du
Peuple", la télévision des "rouges", ainsi qu'"arrêter les
responsables et fouiller leurs domiciles". Cette mesure intervient
alors que l'opposition se sentait de plus en plus forte et
multipliait les actes provocateurs ces derniers jours.
agences/boi
Un mois de manifestations
Les "Chemises rouges" manifestent depuis le 12 mars à Bangkok.
Les opposants réclament la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections.
Le mouvement est surtout composé de paysans et ouvriers qui réclament le retour de Thaksin Shinawatra, l'ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat militaire en 2006, après six ans au pouvoir.
Il a depuis été condamné par contumace pour corruption et abus de pouvoir et vit en exil.