"Nous venons de réussir à fermer la Chaîne du Peuple", a indiqué
à l'AFP Satit Wonghnongtaey, ministre auprès du Premier ministre,
peu après l'apparition d'un écran noir sur le faisceau de la
télévision du mouvement. "Il était normal que les autorités
compétentes agissent car cette télévision a été utilisée pour
mobiliser les manifestants".
Des dizaines de milliers de "chemises rouges", favorables à
l'ex-Premier ministre en exil Thaksin Shinawatra, exigent depuis la
mi-mars la dissolution de la chambre basse et l'organisation
d'élections anticipées, estimant que le Premier ministre Abhisit
Vejjajiva n'a aucune légitimité.
Abhisit, poussé à bout par les manifestants qui ont fait intrusion
mercredi dans la cour du parlement et occupent un quartier
touristique majeur de la capitale depuis samedi dernier, a décrété
l'état d'urgence en promettant de ramener au plus vite le calme
dans le pays.
"Mesure diabolique"
"C'est une
mesure diabolique d'un gouvernement dictatorial", a protesté
Nattawut Saikuar, un cadre "rouge", en évoquant la coupure du
faisceau. "Le gouvernement a tort de penser que couper le signal
empêchera les "rouges" de se rassembler".
L'opposition a appelé à un nouveau rassemblement dès vendredi.
"Je veux avertir ceux qui veulent réprimer les manifestants pour la
démocratie que ce ne sera pas facile", a déclaré Jatuporn Prompan,
un autre cadre du mouvement.
Le chef du gouvernement a jusqu'à présent accepté de négocier des
élections anticipées, mais pas avant la fin de l'année.
L'opposition a pour sa part demandé une démission sous 15
jours.
ats/ak
Un mois de manifestations
Les "Chemises rouges" manifestent depuis le 12 mars à Bangkok.
Les opposants réclament la dissolution du Parlement et la tenue de nouvelles élections.
L'opposition accuse Abhisit, au pouvoir depuis décembre 2008 à la faveur de décisions de justice et de renversements d'alliances parlementaires, de servir les élites traditionnelles de Bangkok aux dépens des masses rurales et populaires du pays.
Le mouvement est surtout composé de paysans et ouvriers qui réclament le retour de Thaksin Shinawatra, l'ancien Premier ministre renversé par un coup d'Etat militaire en 2006, après six ans au pouvoir.
Il a depuis été condamné par contumace pour corruption et abus de pouvoir et vit en exil.
Participation à l'Asean annulée
Le Premier ministre thaïlandais Abhisit Vejjajiva, qui vient de décréter l'état d'urgence à Bangkok face aux manifestants qui réclament sa démission, a décidé jeudi de ne pas participer à un sommet asiatique à Hanoï, a-t-on appris de sources officielles.
Abhisit devait assister à un sommet de l'Association des nations d'Asie du sud-est (Asean) jeudi et vendredi, mais il a "annulé son voyage pour observer la situation ici", a indiqué Satit Wonghnongtaey, ministre auprès du Premier ministre.