Selon le président américain, la signature du nouveau traité
START montre que son pays et la Russie ont "mis fin à la dérive" de
leurs relations. De son côté, Dmitri Medvedev a salué au cours
d'une conférence de presse un "nouveau chapitre" qui s'ouvre
désormais dans les relations russo-américaines. Les deux chefs
d'Etat ont saisi l'occasion pour se mettre au diapason et faire
preuve de fermeté sur la question du dossier nucléaire iranien.
Après de longues tractations
Les deux dirigeants se sont rencontrés dans la matinée sous un
grand soleil dans les jardins du château de Prague devant lequel
Barack Obama, prix Nobel de la Paix 2009, avait prononcé il y a un
an un discours-clé appelant à un monde sans arme atomique.
Ils ont ensuite posé pour les photographes devant le vaste
panorama des toits de Prague, flanqués des drapeaux de leurs pays,
avant d'entamer une rencontre bilatérale suivie de la cérémonie de
signature formelle du nouveau traité START, à 10h35 GMT. Côté
américain, la délégation comprenait la secrétaire d'Etat Hillary
Clinton et le conseiller de Barack Obama pour la sécurité
nationale, le général James Jones.
Les deux dirigeants ont paraphé l'accord
dans la Salle espagnole richement décorée du Château de Prague le
texte, fruit de négociations bilatérales serrées, menées à Genève
pendant de longs mois.
Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a qualifié d'"étape
importante" vers le désarmement nucléaire la signature jeudi du
nouveau traité. "Ce remarquable accomplissement va aussi aider à
créer une atmosphère positive" pour la conférence de suivi du
Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) le mois prochain au
siège de l'ONU" à New York, a ajouté Ban Ki-moon.
Moscou et Washington s'engagent à réduire le nombre de leurs
ogives nucléaires à 1550 chacun, soit une baisse de 74% par rapport
à la limite du traité START, acronyme de "Strategic Arms Reduction
Talks" (Pourparlers sur la réduction des armes stratégiques),
accord signé en 1991, mais arrivé à échéance fin 2009. Pour prendre
effet, le traité doit être approuvé par le Sénat américain et la
Douma (chambre basse du Parlement russe).
"Je souhaite travailler avec le Sénat pour parvenir à une
ratification de cet important traité cette année", a ajouté Barack
Obama, en se déclarant "confiant" dans l'issue de cette procédure.
Selon Dmitri Medvedev, il est important que le processus de
ratification soit "simultané" dans les deux pays.
Quid du bouclier antimissile?
Le "nouveau START" traduit l'obsolescence de l'"équilibre de la
terreur", mais aussi les nouvelles réalités géopolitiques, où les
armes nucléaires sont inopérantes face aux menaces d'attentats
meurtriers à New York ou Moscou.
Et pour la Russie, ce traité est l'occasion de retrouver une
"parité" stratégique avec les Etats-Unis, vingt ans après le
délitement de l'URSS et de sa sphère d'influence. Selon le Kremlin,
le nouveau traité ne sera toutefois "viable" que si les Etats-Unis
limitent leur défense antimissile. Barack Obama s'est prononcé dans
ce contexte en faveur d'un "dialogue sérieux" avec Moscou, sur
cette question épineuse.
Dmitri Medvedev a quitté Prague jeudi en milieu d'après-midi.
Barack Obama rencontrera jeudi soir les dirigeants de 11 pays
d'Europe centrale et de l'Est, avant de conclure sa visite vendredi
vers midi, après des entretiens bilatéraux dans la matinée avec son
homologue tchèque Vaclav Klaus et le Premier ministre Jan
Fischer.
afp/mej
Washington et Moscou entendent punir l'Iran
Selon Barack Obama, Washington et Moscou souhaitent que l'Iran subisse les "conséquences" de son attitude dans le domaine nucléaire, et oeuvrent pour que les Nations unies imposent des sanctions "sévères" à la République islamique.
De nouvelles sanctions de l'ONU contre l'Iran sont possibles si Téhéran ne lève pas les doutes sur le caractère militaire supposé de son programme nucléaire, a de son côté déclaré le président russe.
Les principaux points de l'accord START 2
Ogives nucléaires des deux pays: réduction des 74% de leur nombre (par rapport à la limite définie par le traité START I de 1993), à 1550 respectivement. Ce chiffre correspond à une baisse de 30% du nombre des ogives par rapport au Traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques (SORT, ou traité de Moscou), signé en 2002.
Bouclier antimissile: d'après Washington, le texte n'impose aucune contrainte aux essais, au développement ou au déploiement de systèmes de défense antimissile des Etats-Unis, qu'ils soient en cours ou programmés. Il n'entrave pas non plus les projets américains en matière de frappes conventionnelles à longue portée.
Durée du traité: dix ans à partir de la date de son entrée en vigueur et pourra être renouvelé pour une durée maximale de cinq ans. Une clause prévoit que chaque partie puisse se retirer du traité.
Entrée en vigueur: le traité entrera en vigueur après ratification par les parlements des deux pays. Le traité SORT de 2002 sera automatiquement aboli dès l'entrée en vigueur du nouveau texte.