Le Tupolev-154 transportait 97 personnes dont Lech Kaczynski avec son épouse, le
président de la Banque centrale polonaise, Slawomir Skrzypek, le
chef d'état-major des forces armées, Franciszek Gagor et d'autres
responsables polonais. Il n'y a eu aucun survivant. La délégation
se rendait à Katyn, près de Smolensk pour se recueillir sur les
tombes de 22'000 officiers polonais exécutés il y a 70 ans par la
police de Staline.
L'appareil s'est écrasé à 10h50 locales (06h50 GMT) près de la
piste de l'aéroport militaire de Smolensk, après plusieurs
tentatives d'atterrissage dans un épais brouillard, selon les
autorités russes. Les pilotes de l'avion polonais ont été mis en
cause par les autorités russes, le commandant adjoint de
l'état-major de l'armée de l'air russe, Alexandre Aliochine,
affirmant qu'ils avaient ignoré les instructions des aiguilleurs du
ciel russes.
Boîtes noires retrouvées
Le Premier ministre russe, Vladimir Poutine, et son homologue
polonais, Donald Tusk, ainsi que le frère jumeau du président
polonais Jaroslaw Kaczynski se sont rendus sur les lieux de la
catastrophe. Les deux chefs de gouvernement s'étaient déjà
rencontrés à Katyn le 7 avril dans le cadre des commémorations du
massacre de Katyn.
Vladimir Poutine a estimé
que "rien de pareil n'est jamais arrivé", lors d'une rencontre avec
le président russe, Dmitri Medvedev, qui a ordonné une "enquête
minutieuse" sur ce drame. Les corps des victimes vont être
transférés à Moscou pour être identifiés, a ajouté Vladimir
Poutine, tandis que les deux boîtes noires de l'avion ont été
retrouvées, selon le ministre russe des Situations d'urgence,
Sergueï Choïguou, arrivé sur les lieux du drame.
Les autorités russes ont établi un périmètre de sécurité autour du
lieu de la catastrophe, où des pompiers et des secouristes
continuaient d'arriver, a constaté une photographe de l'AFP, alors
que certaines parties de l'avion étaient toujours en feu. En
s'approchant de la piste d'atterrissage, "l'avion a accroché des
arbres, est tombé et s'est désintégré", a expliqué le gouverneur de
la région de Smolensk Serguei Antoufiev.
Instructions pas suivies
Selon l'agence Interfax, les autorités russes ont proposé à
l'équipage polonais d'atterrir à Minsk ou à Moscou en raison du
brouillard, mais le pilote a décliné l'offre et tenté d'atterrir
plusieurs fois près de Smolensk, comme prévu.
Après l'accident, la télévision russe a
diffusé en direct les images des débris de l'appareil, un Tupolev
TU-154, éparpillés dans une forêt et dont certaines parties étaient
toujours en feu. On y apercevait des débris encore fumants de
l'appareil éparpillés dans la forêt.
Pour l'ancien président polonais Lech Walesa, cet accident est
"une tragédie inimaginable, un malheur inimaginable". "Il y a 70
ans à Katyn, les Soviétiques ont éliminé les élites
polonaises.
Aujourd'hui l'élite polonaise y a péri, alors qu'elle se rendait
pour rendre hommage aux Polonais tués" en 1940, a-t-il déclaré.
Présidentielle anticipée
Une réunion d'urgence du Conseil des ministres polonais doit se
tenir à Varsovie dès que possible, a annoncé par ailleurs le
porte-parole du gouvernement, Pawel Gras, ajoutant que le
gouvernement polonais organisera prochainement une élection
présidentielle anticipée.
"Conformément à la constitution, nous
allons devoir organiser une élection présidentielle anticipée. Pour
l'instant, le président de la chambre basse du Parlement, Bronislaw
Komorowski, est automatiquement président par intérim", a déclaré
Pavel Gras.
Ironie de l'histoire, Bronislav Komorowski est le candidat
officiel du parti libéral Plate-forme civique (PO) pour l'élection
présidentielle initialement prévue cet automne. Il aurait dû
affronter le conservateur Lech Kaczynski.
La date du scrutin doit être fixée dans les deux semaines et il
doit avoir lieu dans les deux mois, selon les spécialistes du droit
constitutionnel.
afp/mej
Les condoléances affluent
La catastrophe aérienne en Russie a suscité une vive émotion et une cascade de réactions à travers le monde.
Un deuil national d'une semaine a été décrété en Pologne.
La présidente de la Confédération Doris Leuthard a présenté samedi ses condoléances à Varsovie. S'exprimant au nom du Conseil fédéral et du peuple suisse, elle a souhaité "beaucoup de force et de courage" au peuple polonais.
Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon s'est dit très choqué en apprenant la nouvelle.
Le président américain Barack Obama a estimé que le décès du président polonais était "épouvantable pour la Pologne, les Etats-Unis et le monde", exprimant ses "plus sincères" condoléances aux autorités polonaises.
L'Union européenne, par la voix de sa présidence tournante assurée par l'Espagne, a exprimé sa "solidarité avec la population et la nation polonaise".
La chancelière allemande Angela Merkel s'est déclarée "profondément consternée", tandis que le Premier ministre britannique Gordon Brown s'est dit "choqué et affligé" par la mort du président Kaczynski et de son épouse Maria.
Le président français Nicolas Sarkozy a exprimé sa "très grande émotion" et sa "profonde tristesse".
La mort du président Kaczynski représente pour l'Italie "un grave deuil", a déclaré le chef du gouvernement italien Sivio Berlusconi.
Le chef du gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero a transmis "à tout le gouvernement de Pologne et à ses institutions sa solidarité face à la perte irréparable de la figure du président" Kaczynski.
Le président tchèque Vaclav Klaus a déploré une "immense perte" après l'accident d'avion.
Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt a exprimé sa "consternation" après l'accident.
Les dirigeants israéliens ont présenté leurs condoléances au peuple polonais après "la mort tragique" du président Kaczynski, considéré comme "un ami" d'Israël.
Le pape Benoît XVI enfin a déclaré avoir appris "avec une profonde douleur" la mort "tragique" du président polonais.