"On me critique pour avoir été trop douce avec lui, certains
trouvent qu'il ne devrait pas bénéficier de garanties de sécurité.
Ils demandent que Bakiev soit traduit en justice", a déclaré Rosa
Otunbaïeva à la télévision.
Ces propos reflètent un durcissement de la position des
nouvelles autorités, qui s'impatientent face au refus de Bakiev de
démissionner. Auparavant, les autorités de transition s'étaient
engagées à le laisser quitter le pays sans encombre s'il acceptait
de quitter le pouvoir.
Le président, aux commandes depuis 2005, a fui la capitale
Bichkek, mercredi, après un rassemblement contre la corruption et
la dégradation de la situation en matière des droits de l'Homme qui
a débouché sur une explosion de violence.
Au moins 81 personnes ont été tuées, et les manifestants ont
envahi des bâtiments publics.
Bakiev se pose en victime
De son côté,
parlant à l'agence russe RIA Novosti depuis la région de Jalal-Abad
(sud) dont il est originaire, Kourmanbek Bakiev a fait la sourde
oreille et exhorté l'ONU à envoyer des Casques bleus pour assurer
la sécurité.
"La police est paralysée, l'armée plus ou moins et s'il y a de
nouvelles violences, nous ne serons pas en état d'y faire face",
a-t-il lancé. "Il est nécessaire de déployer des soldats de la paix
de l'ONU au Kirghizistan aujourd'hui".
Il a également réclamé qu'une commission internationale enqûete
sur les violences de Bichkek, se disant prêt à assumer si sa
responsabilité est mise en cause. Mais il a refusé de faire
confiance à la mission d'enquête mise sur pied par les autorités de
transition: "ils vont m'accuser de tout", a-t-il estimé.
ap/jeh
Washington s'inquiète pour sa base
Samedi, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Rodham Clinton s'est entretenue par téléphone avec Rosa Otounbaïeva afin de proposer de l'aide humanitaire et de discuter du besoin de stabilité dans la région, selon le Département d'Etat.
Hillary Clinton a également évoqué le rôle important de la base aérienne américaine au Kirghizistan, point de transit crucial pour le soutien aux opérations militaires en Afghanistan.
La cheffe du gouvernement provisoire a réaffirmé que son pays respecterait les précédents accords avec les Etats-Unis.
Hillary Clinton doit envoyer le secrétaire d'Etat adjoint Robert Blake au Kirghizistan pour poursuivre les discussions.