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Thaïlande: les "chemises rouges" ne renoncent pas

La tension monte de plus en plus à Bangkok entre les chemises rouges et l'armée thaïlandaise.
Dimanche, des milliers de personnes se sont rassemblées dans le quartier commercial et touristique.
Au lendemain d'un bain de sang, les "chemises rouges" ont affiché dimanche leur détermination à mener jusqu'au bout leur combat pour des élections anticipées. Samedi, les violents affrontements entre opposants et forces de l'ordre ont fait une vingtaine de morts et plus de 800 blessés.

"Le temps de la négociation est terminé. Nous ne négocions pas
avec des assassins", a lancé Weng Tojirakarn, un des chefs de file
du mouvement. "Nous devons continuer le combat. Nous ne renoncerons
pas. Les militaires vont revenir."

Nouvel appel à la démission du Premier ministre

"Nous demandons au premier ministre Abhisit Vejjajiva de
démissionner immédiatement et de quitter le pays", a renchéri
Nattawut Saikuar, un autre leader de l'opposition. Un appel rejeté
par le chef du gouvernement. "Moi et mon gouvernement continuerons
de travailler pour régler la situation", a-t-il déclaré, évoquant
"une enquête indépendante" pour désigner les responsables des
violences de samedi.



Samedi, les troupes thaïlandaises ont tiré des balles en
caoutchouc et des gaz lacrymogènes en direction des "chemises
rouges", qui ont répliqué avec des grenades, des armes à feu et des
cocktails Molotov. L'armée a également reconnu avoir tiré à balles
réelles, mais "en l'air et en état de légitime défense". Les
violences ont pris fin lorsque les forces de sécurité se sont
repliées dans la soirée.



Le dernier bilan des services de secours faisait état de la mort
de 17 civils, dont un caméraman japonais de l'agence Reuters, et de
quatre soldats. Au moins 825 personnes, dont environ 200
militaires, ont été blessées.

Un calme relatif dimanche

Dimanche, le calme est revenu dans la capitale. Le Skytrain,
métro aérien qui parcourt la métropole de quinze millions
d'habitants, a rouvert avec un service restreint, évitant le
quartier des grands magasins occupé depuis plus d'une semaine par
les protestataires.



Un porte-parole du gouvernement, Panitan Wattanayagorn, a indiqué
que les forces de l'ordre avaient reçu la consigne de "garder leurs
distances avec les manifestants" afin que "la situation ne dégénère
pas davantage". Des véhicules blindés abandonnés, certains
renversés, témoignaient de l'incapacité des militaires à prendre le
dessus sur les manifestants lors des affrontements.

La protestation s'étend

Des milliers de personnes continuaient à occuper dimanche le
quartier commercial et touristique de Ratchaprasong, où les centres
commerciaux sont fermés depuis neuf jours. Environ 500 opposants se
sont en outre de nouveau rassemblés devant un relais de la station
satellite Thaicom au nord de Bangkok, où ils avaient tenté vendredi
de mettre fin à la censure d'une chaîne d'opposition.



Des centaines de manifestants ont par ailleurs envahi samedi les
bureaux gouvernementaux dans deux villes du nord du pays, signe
d'un risque d'extension du mouvement d'opposition à la province.
Les "chemises rouges", partisans de l'ex-Premier ministre Thaksin
Shinawatra, majoritairement issus des classes populaires, occupent
depuis un mois plusieurs quartiers de la capitale pour réclamer la
dissolution du parlement et le départ du chef du gouvernement
Abhisit Vejjajiva, soutenu par l'armée et l'élite royaliste.



agences/mej

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Désaccord sur l'utilisation de vraies balles

Selon les rapports des secours, la majorité des victimes ont été tuées par balles.

Les "rouges" ont accusé les militaires d'avoir utilisé des "armes de guerre" contre "des manifestants désarmés".

Mais des témoins ont indiqué que des opposants avaient également eu recours à des armes à feu et à des engins incendiaires.

Le gouvernement a pour sa part répété dimanche que l'armée n'avait pas tiré à balles réelles sur les manifestants.

En outre, l'armée s'est manifestement fait subtiliser des armes lors des affrontements.