On ne peut pas prévoir l'avancée d'un nuage de cendres comme on
le ferait pour un nuage normal, relève Philippe Jeanneret, monsieur
météo à la TSR. Il faut avoir recours à des calculs spécifiques
pour évaluer la diffusion des cendres.
Il faut bien entendu prendre en compte les courants, qui
actuellement poussent le nuage de cendres sur l'Europe, mettant les aéroports au chômage ,
mais aussi la durée de l'éruption. La quantité de matériaux éjectés
du volcan, la distribution de taille des particules et l'altitude
du panache compliquent aussi le travail de prévision.
Prévoir l'évolution et la dispersion du panache peut être réalisé
en utilisant des modèles de dispersion comme ceux qui sont
développés dans de nombreux centres météorologiques suite aux ratés
sur les prévisions du déplacement du nuage radioactif de l'accident
nucléaire de Tchernobyl (1986).
Quelle durée d'éruption?
La durée de l'éruption pourrait être "extrêmement variable", a
déclaré à l'AFP Magnus Tumi Gudmunsson, un professeur islandais de
géophysique. "Cela peut aller de plusieurs jours à plus d'un an.
Mais si l'on en juge par l'intensité de celle-ci, cela pourrait
durer longtemps".
Pour l'instant, l'Institut météorologique islandais table sur une
amélioration en Scandinavie. Les vents vont passer au nord durant
le week-end, ce qui devrait pousser les nuages plus au sud. Mais
les problèmes devraient persister en Grande-Bretagne et en Irlande
ce week-end.
Les perturbations dans le ciel européen "pourraient durer deux
jours", mais "cela dépendra de la façon dont évoluera le nuage" de
cendres volcaniques venant d'Islande, a estimé jeudi une
porte-parole d'Eurocontrol, organisme européen chargé de la
sécurité aérienne.
Le climat touché
Quant aux effets sur le climat, Philippe Jeanneret indique qu'il
y aura "certainement des anomalies, car ces éruptions sont un
facteur de perturbations". Mais il est très délicat de prévoir
quelles seront les conséquences. Il se peut aussi que seules
certaines régions soient touchées, précise l'expert de la
TSR.
Pour étayer ses propos, Philippe Jeanneret rappelle les effets de
l'éruption du Pinatubo, aux Philippines, en 1991. Quelque 20
millions de tonnes de dioxyde de soufre ont été dispersées dans
l'atmosphère, provoquant une diminution du rayonnement solaire. En
1980, l'explosion du Mont Saint Helens, aux Etats-Unis, avait
relâché 540'000 tonnes d'aérosols stratosphériques, qui ont fait
baisser la température de l'hémisphère nord de 0,1C.
Une conséquence qui s'explique par le fait que les aérosols
diminuent la quantité de lumière qui nous arrive du soleil et donc
de la température moyenne.
Un précédent en Islande
C'est aussi ce qui s'est produit lors de la catastrophe
volcanique du Laki, une série de dix éruptions survenues dans le
sud de l'Islande entre 1783 et 1784.
Selon des études de la NASA, le Laki a été responsable de
plusieurs effets climatiques dans une grande partie de l'hémisphère
nord, lesquels ont conduit à des précipitations anormalement basses
en Afrique du Nord.
Dans ce cas, les dégagements d'aérosol ont provoqué un
refroidissement moyen de la planète de quelques dixièmes de degrés
durant les 2 ou 3 ans qui ont suivi les éruptions volcaniques.
Outre les effets directs des gaz sur la santé, les récits de
l'époque parlent d'hivers particulièrement rigoureux.
cab