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Le dernier dictateur argentin ira en prison

Le dernier dictateur argentin condamné à 25 ans de prison.
Le dernier dictateur argentin condamné à 25 ans de prison.
Le dernier dictateur argentin Reynaldo Bignone, 82 ans, a été condamné mardi à 25 ans de prison pour plusieurs crimes contre l'humanité, dont des enlèvements et la torture de prisonniers politiques. Six autres anciens cadres du régime militaire (1976-1983) écopent de 17 à 25 ans de prison.

Les sept anciens dirigeants argentins condamnés à Buenos Aires
sont considérés comme les chefs du centre de détention clandestin
des casernes du Campo de Mayo, dans l'ouest de Buenos Aires, où ont
été incarcérés quelque 4000 opposants, pour la plupart toujours
portés disparus.



Une maternité clandestine avait également été installée afin de
voler les bébés des opposantes et de les remettre sous une autre
identité à des membres du régime militaire.

Lourd silence

Juste avant le verdict, un grand silence a envahi la salle où
trônaient 56 portraits de victimes, lorsque le juge avait lu les
peines prononcées contre eux



"Vous allez connaître le même sort que les nazis, où que vous
soyez, nous irons vous chercher", ont chanté des dizaines de
proches de disparus et de militants des droits de l'homme après
l'énoncé du verdict, avant de s'embrasser ou de fondre en larmes.
"Justice est enfin faite", s'est félicitée la présidente de
l'organisation humanitaire des grands-mères de la Place de mai, qui
se bat pour identifier ces bébés volés.

Chiffres rejetés

"Je préfère être condamné plutôt que répudié par mes supérieurs
et mes subalternes, qui ont combattu avec moi les horreurs de cette
guerre contre le terrorisme", avait déclaré Bignone aux juges avant
le verdict.



Reynaldo Bignone a refusé de reconnaître le tribunal civil, mais
l'ex-dictateur a admis une nouvelle fois que le régime avait fait
disparaître des milliers de personnes, tout en rejetant le chiffre
de 30'000 avancé par les associations de défenses des droits de
l'homme. "Il n'y en a pas eu plus de 8000", a-t-il assuré. Il a
aussi évalué à 30 le nombre de bébés volés durant la dictature,
alors que la justice estime qu'il y en a eu plus de 500, dont 101
qui ont retrouvé leur identité.



Cet ancien militaire, avait été désigné président de l'Argentine
après la guerre des Malouines perdue en 1982 par le régime
militaire contre la Grande-Bretagne. Il avait remis le pouvoir au
président social-démocrate Raul Alfonsin, lors du retour de la
démocratie en 1983.



agences/boi

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Un seul autre survivant

Le seul autre survivant, parmi les quatre présidents de la dictature, est l'ancien général Jorge Rafael Videla.

Cet homme qui a dirigé le coup d'Etat en 1976 avait été condamné à la réclusion à perpétuité lors d'un procès historique de la junte militaire en 1985, avant d'être amnistié cinq ans plus tard par l'ancien président Carlos Menem.

Mais les lois d'amnistie ont été annulées en 2003 et quatre ans plus tard, un tribunal a annulé cette grâce.

La décision a été confirmée en appel et la Cour suprême doit désormais se prononcer.