Le président Nicolas Sarkozy a répété lors du Conseil des
ministres de mercredi que le voile islamique intégral - ou burqa
constituait une "atteinte à la dignité des femmes", a précisé le
porte-parole du gouvernement Luc Chatel.
Nicolas Sarkozy, a-t-il poursuivi à l'issue du conseil des
ministres, a fixé trois principes: "l'interdiction doit être
générale dans tout l'espace public", "tout doit être fait pour que
nul ne se sente stigmatisé" et, enfin, le texte qui sera mis en
discussion au Parlement "ne peut émaner d'une approche partisane".
"Il appartient donc au gouvernement de déposer un projet de loi", a
expliqué Luc Chatel.
Signe d'un repli communautaire
La mesure est prévue pour "ne pas laisser dériver le phénomène.
Nous légiférons pour l'avenir, le port du voile intégral est le
signe d'un repli communautaire et d'un rejet de nos valeurs", a
aussi ajouté le porte-parole, soulignant qu'il était porté en
France par quelque 2000 femmes.
Fin mars, le Conseil d'Etat, la plus haute juridiction
administrative française saisie à la demande du Premier ministre,
avait prévenu qu'une interdiction générale pourrait être contestée,
jugeant qu'elle "ne pourrait trouver aucun fondement juridique
incontestable". Une fois votée, la loi pourrait en effet risquer
d'être bloquée au niveau du Conseil constitutionnel, chargé de
veiller à la conformité des lois avec la Constitution.
agences/cht
Débat depuis des mois
Le port du voile islamique intégral fait l'objet d'un débat dans le pays depuis des mois, une partie de l'opposition de gauche dénonçant notamment un questionnement ambigu de la place de l'islam dans la société et un risque de stigmatisation des quelque 5 à 6 millions de musulmans vivant en France.
Une mission parlementaire avait recommandé le 26 janvier que la France se prononce solennellement via une résolution - un document sans pouvoir contraignant - contre le port du voile intégral et prenne des mesures, par voie réglementaire ou par une loi, pour le bannir des administrations, des hôpitaux et des transports publics.
Le Premier ministre français François Fillon avait alors affirmé souhaiter déposer un projet de loi prévoyant une "interdiction du voile intégral la plus large et la plus effective possible".
Le président Sarkozy a, à maintes reprises, déclaré que la burqa (tenue portée en Afghanistan qui cache entièrement le visage derrière un grillage de tissu) ou le niqab (qui ne laisse apparaître que la fente des yeux) n'étaient "pas bienvenus en France", les jugeant "contraires aux valeurs" de la France.
L'interdiction du voile islamique intégral est à l'étude d'autres pays européens, comme les Pays-Bas ou la Belgique qui pourrait devenir le premier pays européen à interdire totalement le port du voile islamique intégral, sauf dans la sphère privée.
Les députés belges ont voté fin mars en commission une proposition allant dans ce sens, et pourraient l'adopter en plénière dès jeudi.