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Le débat sur le voile intégral embarrasse Paris

Voiler un visage, est-ce nier nos valeurs de liberté et de démocratie?
Tout a débuté avec une amende versée à une jeune femme qui conduisait avec un niqab.
Le gouvernement français, confronté à une incertitude juridique et à une montée des incompréhensions avec la communauté musulmane, était dans l'embarras lundi après avoir menacé un homme d'origine algérienne suspecté de polygamie de lui retirer sa nationalité française.

Sur fond de débat sur le port du voile islamique intégral en
France, l'affaire a commencé par un banal contrôle routier début
avril. Dans l'ouest de la France, une femme portant le niqab se
voit infliger une amende de 22 euros, au prétexte que son habit
réduit son champ de vision.

La jeune femme choisit de médiatiser l'affaire pour dénoncer le
climat de stigmatisation qui frappe selon elle les musulmans en
France, où Nicolas Sarkozy veut présenter prochainement une loi
d'interdiction du voile islamique intégral. Mais c'est son époux,
Lies Hebbadj, gérant d'un commerce halal de Rezé, près de Nantes,
qui devient rapidement le personnage central de l'affaire.

Celui-ci, né à Alger et devenu Français par mariage en 1999,
"appartiendrait à la mouvance radicale du Tabligh, vivrait en
situation de polygamie avec quatre femmes dont il aurait eu 12
enfants", selon Brice Hortefeux. Le ministre de l'Intérieur a
souligné que la polygamie était proscrite en France et affirmé que
les "épouses" de cet homme de 35 ans pourraient percevoir indûment
une allocation réservée aux parents isolés.

Incertitudes juridiques

Brice Hortefeux a
alors évoqué la question de la déchéance de la nationalité
française pour cet homme. Mais le gouvernement s'est rapidement
ravisé, reconnaissant que le fondement juridique d'un retrait de la
nationalité française dans ce cas est incertain car cette mesure
est en principe réservée à des faits liés au terrorisme ou à la
menace des intérêts nationaux.



"La question qui m'est posée, a réagi le ministre de l'Immigration
Eric Besson, est de savoir si la justice le condamne pour polygamie
d'une part, et fraude aux prestations sociales d'autre part, est-ce
que l'on peut et est-ce que l'on doit prononcer la déchéance de la
nationalité française (...) qu'il a acquise par mariage?". "C'est
très controversé", a-t-il observé.



Ce flou gouvernemental a incité le commerçant à répliquer par une
boutade. "A ce que je sache, les maîtresses ne sont pas interdites
en France ni par l'islam. Peut-être par le christianisme mais pas
en France", a-t-il affirmé. La polygamie est en effet extrêmement
difficile à prouver. "Si un homme est marié civilement mais a cinq
maîtresses, l'adultère n'est plus puni par la loi", a relevé Xavier
Ronsin, procureur de la République de Nantes (ouest).



afp/dk

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L'interdiction du niqab, un "piège" politique

Pour le quotidien Le Monde, cette affaire de niqab au volant et de polygamie montre qu'une interdiction du voile intégral est, pour le gouvernement, un "piège" politique.

Elle prouve que "l'application future de la loi annoncée sera l'occasion inévitable de dérapages incontrôlables", poursuit le journal dans un éditorial.

"Y compris, quoi qu'en disent en choeur le chef de l'Etat et ses ministres, celui de stigmatiser la communauté musulmane dont la grande majorité recommande de régler le problème par la pédagogie et la persuasion", ajoute-t-il.

Mohamed Moussaoui, le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), organe représentatif des quelque 5 millions de musulmans vivant en France, a estimé lundi que cette affaire était "un élément marginal qui a pris beaucoup d'importance".

L'opposition socialiste a dénoncé l'exploitation d'un thème, l'islam, qui "relève de l'obsession maladive et de la stratégie politique".