Edouard Balladur a été entendu durant environ une heure à huis
clos. L'ancien Premier ministre n'a pas souhaité répondre aux
journalistes ni à l'entrée ni à la sortie de l'audience.
Réagissant à des informations sorties dans la presse, Edouard
Balladur avait démenti lundi le fait que sa campagne présidentielle
de 1995 ait été en partie financée par des rétrocommissions
occultes liées à la vente par la France de sous-marins au Pakistan.
"Rien ne correspond à la vérité, rien n'est étayé par les faits",
avait-il affirmé dans "Le Figaro".
Des preuves
Le quotidien "Libération" a publié cette semaine des documents
étayant la thèse d'un financement frauduleux de cette campagne, une
affaire qui serait liée à l'attentat de Karachi où onze employés
français avaient trouvé la mort en 2002 alors qu'ils travaillaient
à la construction de ces sous-marins. Une enquête de police a été
ouverte début février sur le sujet.
"Il y a aujourd'hui, contrairement à ce qu'a indiqué Edouard
Balladur, un certain nombre de preuves et de réalités qui sont
incontournables et qui nous conduisent à affirmer que nous sommes
en présence d'un scandale d'Etat considérable", a déclaré l'avocat
des familles de six salariés français de la Direction des
constructions navales morts dans cet attentat.
"L'actuel président de la République Nicolas Sarkozy est au coeur
d'un système de corruption qui a été validé lorsqu'il était
ministre du Budget quand Edouard Balladur était Premier ministre",
a-t-il ajouté.
"Edouard Balldur ment"
S'il reconnaît avoir autorisé en 1994 la vente des trois
sous-marins au Pakistan, "la décision d'autoriser l'octroi de
commissions n'était pas de la responsabilité du Premier ministre ou
de ses services", souligne-t-il, disant ignorer "si, en l'espèce,
il a été décidé d'y avoir recours". L'arrêt du versement des
commissions a été ordonné en 1995 par Jacques Chirac, élu à la
présidence de la République.
"Edouard Balladur ment et il nous semble indispensable que la
justice puisse le confronter aux pièces du dossier", a encore
estimé l'avocat de l'accusation.
agences/boi
Le PS demande compte
L'opposition a demandé des comptes à la majorité présidentielle cette semaine.
"Il faut que les pouvoirs publics, à commencer par le président de la République, s'expliquent sur ce qui s'est passé", a exigé le député socialiste Pierre Moscovici.
Le parti socialiste a en outre "solennellement" demandé la "déclassification" des documents réclamés par la justice sur le contrat de vente de sous-marins avec le Pakistan.