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Un 1er Mai contre les sacrifices

A Istanbul, les cortèges du 1er Mai n'avaient plus été autorisés depuis trente-trois ans.
A Istanbul, les cortèges du 1er Mai n'avaient plus été autorisés depuis trente-trois ans.
Les traditionnels défilés du 1er Mai ont rassemblé samedi dans le calme et la bonne humeur des centaines de milliers de manifestants dans le monde, donnant seulement lieu à des incidents en Grèce et en Indonésie. En Russie, les célébrations ont été endeuillées par un attentat dans le Caucase.

En Grèce, à la veille de l'annonce d'un accord sur un plan de
sauvetage du pays, qui devrait se traduire par une cure d'austérité
sans précédent, 20'000 personnes ont défilé à Athènes et Salonique pour dénoncer les
"sacrifices" et les coupes salariales exigés par le FMI et l'UE en
échange du sauvetage financier.



A Istanbul, pour la première fois depuis trente-trois ans, des
milliers de manifestants turcs ont convergé sur la place Taksim, la
plus connue de la cité du Bosphore. La place était interdite aux
manifestants depuis le 1er mai 1977, lorsque des inconnus avaient
ouvert le feu sur la foule. Trente-quatre personnes avaient alors
été tuées.

Plusieurs milliers de personnes
ont protesté samedi à Berlin contre une marche organisée par
l'extrême droite, parvenant à la retarder de plusieurs heures.
Environ 10'000 personnes, selon les organisateurs, ont pris part à
la contre-manifestation, faisant par exemple obstacle par des
barrages assis au défilé de quelques centaines de néonazis, selon
la police.



Environ 250 néonazis ont essayé de se regrouper dans un autre
quartier, sur l'avenue très commerçante du Kurfürstendamm, mais la
plupart ont été interpellés par des policiers pour rassemblement
non-autorisé. Le nombre d'arrestations du côté des adversaires des
néonazis n'a pas été précisé par la police.



En France, des cortèges ont commencé à défiler un peu partout, à
l'appel des syndicats qui comptent peser sur la réforme en cours du
système de retraites

(lire ci-contre)

.

Ambiance bon enfant

En Italie, c'est dans la bonne humeur qu'a débuté la
manifestation syndicale nationale organisée à Rosarno, en Calabre,
avec orchestres et géants en papier mâché montés sur échasses. Dans
cette ville, de violents affrontements avaient opposé en janvier
ouvriers saisonniers immigrés et habitants.



Air de carnaval également à Madrid où le cortège défilait derrière
une grande banderole "Pour l'emploi avec des droits et la garantie
de nos retraites". Au milieu de la foule des calicots des centrales
syndicales: de nombreux drapeaux républicains rouges, jaunes et
violets, ainsi que quelques étendards arborant la faucille et le
marteau.

Forte mobilisation en Autriche

A Vienne, 100'000 personnes,
selon les organisateurs, ont participé par un temps quasi estival
au rassemblement, qui s'est tenu comme tous les ans devant la
mairie.



A Cuba, le traditionnel défilé de centaines de milliers de Cubains
était placé sous le signe de la lutte contre les "ingérences" des
Etats-Unis et de leurs alliés européens.



A Bagdad, deux à trois cents membres du parti communiste irakien
ont réclamé "des mesures urgentes contre le chômage" et l'abolition
d'un décret pris par Saddam Hussein en 1987 interdisant l'activité
syndicale dans le secteur public.



Près du terminal israélien d'Erez, à l'entrée nord de la bande de
Gaza, quelque 2000 manifestants palestiniens, hommes et femmes,
répondant à l'appel de plusieurs mouvements de gauche, ont brandi
des drapeaux rouges. Ils manifestaient contre le blocus israélien,
a rapporté un correspondant de l'AFP.

Echauffourées en Indonésie

En Asie, plusieurs milliers de personnes ont manifesté dans la
capitale indonésienne Jakarta pour réclamer la mise en place d'un
meilleur système de sécurité sociale couvrant les travailleurs de
l'archipel. La police a fait usage de canons à eau après des brèves
bousculades.



agences/os

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Caucase: les commémorations ensanglantées

Un vétéran de la Deuxième Guerre mondiale a été tué et 23 personnes blessées samedi dans l'explosion d'une bombe pendant les célébrations du 1er Mai dans un hippodrome de Kabardino-Balkarie, république du Caucase russe, ont annoncé les autorités.

"Une explosion a retenti dans la loge VIP de l'hippodrome de la ville de Naltchik à 13h00 locales (9h00 GMT) pendant une course hippique à l'occasion des fêtes, avec une puissance de 3-4 kilos de TNT (...). Un homme est mort de ses blessures à l'hôpital", a déclaré à l'AFP une porte-parole du comité d'enquête du parquet local. La bombe était équipée d'un retardateur, a-t-elle précisé.

L'explosion a été provoquée par un engin placé par des inconnus sur le toit des loges VIP de l'hippodrome, selon le communiqué. Une enquête a été ouverte pour "terrorisme". "C'est une tentative de déstabilisation de la situation en Kabardino-Balkarie et dans tout le Caucase du nord. Ils n'y arriveront pas.

Jeudi, un attentat dans une autre république du Caucase russe, le Daguestan, avait tué deux policiers et blessé 17 personnes.

A Moscou, 5000 communistes brandissant des drapeaux rouges et des portraits de Staline ont pris la tête des cortèges, où les partisans du Premier ministre Vladimir Poutine constituaient cependant le gros des troupes, avec plus de 20'000 personnes.

A Saint-Pétersbourg, les banderoles traduisaient l'inquiétude face à la crise: "Les travailleurs ne devraient pas payer pour la crise", "Pas de hausses des prix", "Les responsables doivent payer".

France: manifestation sur fond de retraites

Des dizaines de milliers de personnes, 300'000 selon la CGT, ont manifesté samedi en France à l'occasion d'un 1er Mai placé cette année sous le signe de la défense de l'emploi, et surtout des retraites. Les cortèges de manifestants étaient nettement moins fournis qu'en 2009

Syndicats, partis de gauche et organisations étudiantes avaient appelé à descendre dans la rue pour, selon les termes du secrétaire général de la CGT Bernard Thibault, "créer un rapport de force dans la discussion" avec le gouvernement. La réforme des retraites est prévue avant la fin de l'année et un rendez-vous social est annoncé pour le 10 mai à l'Elysée.

"Les salariés, par leur participation à ce 1er Mai, disent très clairement qu'ils ne sont pas prêts à accepter des sacrifices sociaux dans ces deux rendez-vous", a dit Bernard Thibault lors de la manifestation parisienne, qui s'est élancée en début d'après-midi de la place de la République.

Selon lui, 300'000 personnes sont descendues dans la rue lors de quelque 280 rassemblements dans toute la France où CGT, CFDT, CGT, FSU et Unsa-Solidaires ont défilé ensemble et Force Ouvrière et la CFTC, séparément.