Interrogé pour savoir si la compagnie Emirates était responsable
de la présence de Faisal Shahzad à bord d'un de ses avions à
l'aéroport JF Kennedy à New York, où il a été arrêté lundi soir
avant le décollage, le porte-parole de la Maison Blanche, Robert
Gibbs, a répondu: "c'est une partie de l'enquête que nous
examinons". "Je pense qu'il est important de comprendre que le
système est conçu sous la forme de contrôles répétés", a souligné
Robert Gibbs.
Ce système permet à la police des frontières américaine d'examiner
la liste des passagers d'un vol même après son approbation par un
transporteur aérien, afin de vérifier à nouveau si aucun passager
suspect ne s'y trouve. Robert Gibbs a cependant refusé de donner
des détails sur la manière dont fonctionne la liste des personnes
interdites de vol aux Etats-Unis, pour des raisons de sécurité.
Arrêté in extremis
Il a par ailleurs fait remarquer que même si l'avion avait eu le
temps de décoller, les autorités américaines auraient eu le pouvoir
d'ordonner au pilote de faire demi-tour et d'atterrir pour cause de
passager suspect à bord. "Il y a une série de procédures qui
peuvent être répétées et le fait que la police des frontières
puisse examiner une liste des passagers déjà close en est un
exemple", a dit Robert Gibbs, soulignant que "s'il y a une erreur
de la part d'une compagnie, on peut le vérifier".
Emirates avait indiqué dans un communiqué avoir été "alertée par
les autorités locales avant le départ". Trois passagers ont dû
descendre de l'avion sous escorte policière, a indiqué une
porte-parole de la compagnie de Dubaï, sans donner plus de détails.
Le maire de New York Michael Bloomberg avait critiqué mardi le fait
que Shahzad, qui a avoué son rôle dans l'attentat raté à la voiture
piégée de Times Square, ait pu passer les contrôles de sécurité de
l'aéroport. L'homme voulait se rendre à Islamabad via Dubaï.
Un terroriste "amateur"
Le suspect, qui a été formellement inculpé mardi pour
terrorisme, a sans doute laissé trop d'indices derrière lui pour
mener à bien sa fuite. Il y a d'abord la bombe dont la confection a
tout de suite été jugée digne d'un amateur. La police a retrouvé
deux réveils basiques, de l'essence, des bombonnes de gaz, des feux
d'artifices disponibles en vente libre et des sacs d'engrais dans
la voiture garée à Time Square.
Cet "amateurisme" mis en avant par le maire de New York Michael
Bloomberg a permis à la police de gagner un temps précieux. Comme
la bombe n'a pas explosé, la police a pu mettre la main sur un
grand nombre d'indices matériels comme des empreintes digitales et
le numéro de série de la voiture. En effet, les pompiers ont "eu la
présence d'esprit de ne pas utiliser d'eau ou d'extincteurs", a
souligné le maire de New York. "Ce réflexe a permis de préserver
les indices". Même si le suspect a acheté la voiture en liquide,
via le site de petites annonces Craigslist, et qu'il a effacé
certains des numéros de série, les enquêteurs ont retrouvé sa trace
grâce au code d'identification gravé sur le moteur du 4X4.
Le propriétaire du véhicule a expliqué l'avoir vendu le 24 avril.
L'acheteur n'a jamais donné son nom et a payé en liquide, mais il a
aussi téléphoné "douze fois entre le 22 et le 28 avril", assure le
FBI. A partir de la liste des appels passés et reçus à partir de ce
téléphone, la police a découvert que le jeune homme avait reçu dans
le même temps plusieurs appels provenant d'un numéro pakistanais.
Le vendeur du 4X4 et une des personnes l'accompagnant le jour de la
transaction ont tous deux identifié Faisal Shahzad comme l'acheteur
du véhicule.
agences/ps
Des doutes sur la revendication des talibans
L'armée pakistanaise se déclarait mercredi sceptique quant aux revendications de la tentative d'attentat à Times Square par les talibans. Pour le général Athar Abbas, cette revendication doit être prise «avec des pincettes».
«N'importe qui peut prétendre n'importe quoi, mais la capacité de cette organisation est discutable. Je ne pense pas qu'ils aient les moyens de faire plus». Par contre, le militaire a refusé de confirmer que le principal suspect, Faisal Shahzad, avait été dans un camp d'entraînement au Waziristan.
Les talibans pakistanais semblent revendiquer la tentative d'attentat dans trois vidéos ayant fait surface depuis l'incident. Dans l'une des vidéos, qui serait datée du 4 avril, leur leader Hakimullah Mehsud promet des attaques contre des villes américaines, «dans les jours ou le mois qui vient», selon un groupe spécialisé dans la surveillance des sites Internet islamistes.
La police n'a pas de preuve confirmant ces revendications, et le même groupe de talibans avait revendiqué à tort de précédents attentats sur le sol américain, ont souligné des responsables de la ville de New York.