Selon ce sondage, réalisé pour pour SKY, la BBC et ITV, les
Tories recueillent 307 sièges, contre une majorité absolue de 326.
Les travaillistes du Premier ministre sortant Gordon Brown, au
pouvoir depuis treize ans, sont crédités de 255 élus, devançant en
sièges les libéraux-démocrates, qui en obtiennent 59.
Surprenant revers pour les libéraux-démocrates
Ce résultat, s'il est confirmé, constituerait un surprenant
revers pour les "Lib-Dems", qui comptaient 63 sièges dans la
Chambre des communes sortante. Surfant sur la popularité de son
chef Nick Clegg, le parti avait effectué une percée dans les
sondages pendant la campagne. Les libéraux-démocrates pourraient
toutefois jouer les faiseurs de rois au cas où l'absence de
majorité absolue se confirmerait.
Cette configuration, qui serait inédite depuis 1974, est connue
sous l'appellation de parlement "suspendu" ("hung Parliament"). "Je
suis assez surpris. Le nombre de sièges des Lib-Dem est moins élevé
que nous ne l'attendions sur la base des sondages précédents, mais
il faut attendre. Les sondages réalisés à la sortie des urnes ont
donné de très bons résultats dans ce pays", a commenté Roger
Mortimore, directeur des recherches politiques et électorales à
l'institut de sondage Ipsos-Mori.
Fort taux de participation
Plus de 45 millions d'électeurs étaient appelés à se rendre dans
l'un des 50'000 bureaux de vote du royaume afin de départager les
4149 candidats qui aspirent à entrer au parlement. Cependant, le
scrutin a été repoussé au 27 mai dans la circonscription de Thirsk
and Malton (nord-est de l'Angleterre), après le décès d'un
candidat. Des élections locales se déroulaient en même temps jeudi
dans une partie du pays.
Même si aucun chiffre n'était disponible, les responsables de
bureaux de vote notaient dès les premières heures du scrutin une
participation plus élevée qu'en 2005, où elle avait atteint 61%.
Les électeurs devaient parfois voter dans les lieux les plus
inattendus, comme l'Anglesea Arms, un pub du quartier chic de South
Kensington à Londres. "C'est une légère incitation à venir voter!
Je ne connais pas beaucoup d'endroits où on peut à la fois voter et
boire", plaisantait le chef des agents électoraux Martin Carver.
Outre de nombreux pubs et églises, un salon de coiffure, des
châteaux, des supermarchés, une vieille caravane et même une
station de pompage avaient été réquisitionnés dans le pays.
Une centaine de sondages avaient prédit ces dernières semaines la
défaite en voix du parti travailliste, usé par treize ans de
pouvoir et handicapé par l'impopularité de Gordon Brown. Mais les
mêmes sondages avaient indiqué que les quelques points d'avance des
conservateurs étaient insuffisants pour décrocher la majorité
absolue requise pour former immédiatement un gouvernement.
Par ailleurs, le système électoral, uninominal majoritaire à un
tour, ainsi que le découpage électoral, sont très favorables aux
travaillistes. A tel point qu'ils pourraient décrocher le plus
grand nombre de sièges même en étant battus en termes de
suffrages.
agences/hof
Les différents scénarios possibles
Si ces prévisions se vérifiaient, plusieurs scénarios seraient possibles. Le Premier ministre Gordon Brown pourrait démissionner, estimant que les électeurs ont clairement manifesté leur désir de le voir quitter Downing Street.
David Cameron pourrait alors s'installer au 10 Downing Street, à la tête d'un gouvernement minoritaire. Il pourrait tenter d'obtenir le soutien des libéraux démocrates et de partis mineurs pour faire approuver un budget d'urgence destiné à réduire le déficit du pays. Dans un tel cas de figure, il est probable qu'il convoque des élections anticipées dans un an dans l'espoir d'obtenir enfin la majorité.
Les conservateurs étant à seulement 19 sièges de la majorité au Parlement, David Cameron pourrait également s'allier avec un parti mineur. Ainsi, le Parti unioniste démocrate (DUP), en Irlande du Nord, pourrait faire l'objet de convoitises.
Enfin, si David Cameron formait un gouvernement minoritaire mais ne parvenait pas à obtenir suffisamment de voix pour approuver son programme, ou si un pacte avec un autre parti échouait rapidement, de nouvelles élections pourraient être organisées rapidement.
Gordon Brown pourrait aussi essayer de rester au pouvoir par le biais d'une coalition officielle, ou un pacte plus souple, avec les libéraux démocrates de Nick Clegg. Il serait alors probable que Clegg exige la démission de Gordon Brown et demande un référendum sur une réforme du mode de scrutin, pour passer à la proportionnelle.