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Les Lib Dems courtisés par Cameron et Brown

David Cameron a proposé aux libéraux-démocrates de l'aider à former un gouvernement.
David Cameron et les conservateurs sont arrivés en tête, mais sans majorité absolue.
Les conservateurs ont offert vendredi un partage du pouvoir aux Lib Dems, troisième parti britannique, après avoir échoué de peu à obtenir la majorité absolue aux législatives de jeudi, mais le travailliste Gordon Brown n'a pas concédé la défaite et restait en embuscade.

"Je veux faire une
offre large, ouverte et globale aux libéraux-démocrates. Je pense
que nous disposons d'une base solide pour un gouvernement solide",
a indiqué le chef de file tory, David Cameron, lors d'une
conférence de presse à Londres, ajoutant que les négociations
allaient démarrer "maintenant".

Des divisions sur l'Europe

Le leader conservateur a cependant aussitôt posé ses conditions,
soulignant les divergences qui existent entre son parti et les Lib
Dems, en particulier sur l'Europe: les Tories excluent toute
adoption de l'euro tandis que les libéraux en font leur but "à long
terme". "Je ne pense pas qu'aucun gouvernement devrait donner plus
de pouvoir à l'Union européenne", a tranché David Cameron. Le tory
a cependant accepté de lancer la réflexion sur la réforme
électorale tant désirée par les libéraux emmenés par Nick
Clegg.



Selon les résultats officiels dans 649 des 650 circonscriptions,
les Tories comptaient 306 députés, devant le parti travailliste au
pouvoir depuis 1997 qui obtenait 258 sièges (à la chambre des
Communes, chambre basse du parlement. Il s'agit du pire score pour
le Labour, en termes de suffrages, depuis 1983. Les Lib Dems sont
arrivés troisièmes avec 57 sièges, un résultat "décevant", a
reconnu leur chef de file Nick Clegg. Le "troisième homme" n'est
pas parvenu à transformer en sièges la soudaine popularité qu'il
avait connue à la faveur des débats télévisés de la campagne.

Gordon Brown ne s'avoue pas vaincu

Face à des négociations
entre conservateurs et libéraux qui s'annoncent ardues, le Premier
ministre travailliste Gordon Brown reste en embuscade. "Si les
discussions entre David Cameron et Nick Clegg devaient échouer,
alors bien sûr, je serais disposé à discuter avec Nick Clegg des
thèmes sur lesquels la conclusion d'une entente pourrait être
possible entre nos deux partis", a-t-il souligné, sans reconnaître
sa défaite électorale.



Nick Clegg avait peu auparavant estimé que les Tories avaient la
"priorité" pour tenter de constituer un nouveau gouvernement. "Je
pense qu'il revient maintenant au parti conservateur de prouver
qu'il est capable de tenter de gouverner dans l'intérêt général", a
déclaré celui qui, pendant la campagne, avait suggéré qu'il
pourrait accepter de travailler avec le Labour, mais qu'il aurait
du mal à collaborer avec Gordon Brown.

Pas de majorité absolue

Les Tories ont remporté leur première victoire électorale depuis
1992, mais sans décrocher la majorité absolue des 326 sièges qui
leur aurait permis automatiquement de former un gouvernement. Pour
prendre la tête du gouvernement, les conservateurs pourraient soit
former un gouvernement minoritaire, soit s'entendre avec les Lib
Dems ou avec des petits partis, comme les unionistes irlandais, qui
devraient recueillir huit sièges.

Cependant, les conventions, en
l'absence de Constitution écrite, veulent que le Premier ministre
sortant, en l'occurrence Gordon Brown, peut se maintenir au pouvoir
tant qu'il n'est pas devenu évident qu'il n'a plus de base pour
gouverner, auquel cas il est acculé à la démission. L'absence de
majorité absolue aboutit au premier Parlement "suspendu" (hung
parliament) depuis 1974.



Le scrutin a connu une forte participation (plus de 65%) mais a
été émaillé d'anomalies: la commission électorale a annoncé une
"enquête approfondie" alors que des centaines d'électeurs n'ont pu
voter en raison de longues files d'attente. Les résultats complets
ne devaient être connus qu'en fin d'après-midi vendredi. Ils ne
porteront que sur 649 sièges, l'élection ayant été reportée dans
une circonscription.

La livre mise à mal

Par ailleurs, victime de la perspective d'un parlement sans
majorité absolue, la livre britannique a atteint un plus bas depuis
plus d'un an vendredi matin. A 07h30 suisses, la livre a touché
1,4597 dollar, un plus bas depuis le 28 avril 2009.



"Plus les discussions politiques traîneront, plus les marchés
financiers devraient devenir nerveux, ce qui devrait affaiblir
encore un peu plus et la livre et les actions britanniques",
anticipait Ben Potter d'IG Markets.



afp/hof

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Les résultats dans le détail

Voici le point des résultats des législatives britanniques, après dépouillement de 649 des 650 circonscriptions de la chambre des Communes (les résultats ne portent que sur 649 sièges, l'élection ayant été reportée dans une circonscription).

Parti conservateur de David Cameron: 306 sièges

Parti travailliste du Premier ministre Gordon Brown: 258 sièges

Parti libéral-démocrate de Nick Clegg: 57 sièges

La procédure en cas de Parlement "suspendu"

- En l'absence de Constitution écrite, les conventions prévoient que si aucun parti n'obtient la majorité des 650 sièges de la chambre des Communes, soit au moins 326 sièges, il revient au Premier ministre sortant, Gordon Brown en l'occurrence, d'essayer de former un gouvernement. Il peut soit former "un gouvernement minoritaire" bénéficiant de l'appui ponctuel de petits partis, soit former une coalition avec un autre parti, probablement les Lib Dems dans ce cas.

- Si Gordon Brown y parvient, il peut se présenter à la chambre des Communes et vérifier si son cabinet survit à une motion de défiance après le traditionnel Discours de la reine au Parlement, qui présente le programme législatif du gouvernement, prévu le 25 mai.

- Si Brown ne peut former un tel gouvernement ou s'il est mis en minorité lors d'un vote sur une motion de confiance, il devrait remettre sa démission à la reine Elizabeth II.

- La souveraine inviterait alors sans doute David Cameron, chef du principal parti, à tenter à son tour de former un gouvernement, minoritaire ou de coalition.

- Au cas où aucun gouvernement n'obtiendrait la confiance de la chambre des Communes, le Parlement pourrait être dissous et de nouvelles législatives convoquées.