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La presse anglaise salue un moment "historique"

David Cameron et Nick Clegg ont débuté leur 1ère journée de travail.
David Cameron et Nick Clegg ont débuté leur 1ère journée de travail.
Alors que plusieurs dirigeants du monde, Barack Obama en tête, ont félicité le nouveau Premier ministre David Cameron, la presse britannique soulignait mercredi l'événement "historique" que représente pour la Grande-Bretagne l'arrivée d'un conservateur à la tête d'un gouvernement de coalition.

La grande majorité des journaux affichent mercredi en Une une
photo de David Cameron et de son épouse Samantha, ravis et saluant
le public de la main, devant la porte du 10, Downing Street, siège
du pouvoir longtemps convoité par le leader tory.

Une coalition inédite

"Cameron, Premier ministre", titre
sobrement le quotidien conservateur "Daily Telegraph", soulignant
que le leader tory a conclu avec les Lib Dems "une coalition
historique". Le tabloïd "The Sun" annonce triomphalement
l'avènement d'une nouvelle époque avec le titre "Dave New World",
dans un jeu de mot avec "Brave New World", le roman d'Aldous Huxley
dont le titre est traduit en français comme "Le Meilleur des
Mondes".



Le "Times" (centre droit) titre de son côté: "Adopter le
changement". "Le leader conservateur a ouvert une nouvelle ère
politique en avertissant qu'un travail difficile et ardu attendait
le nouveau gouvernement, souligne-t-il.

"Cameron débarque"

"Cameron débarque" avertit en Une le "Guardian", en soulignant
que la Grande-Bretagne fait ainsi un saut dans l'inconnu, avec un
accord de gouvernement de coalition inédit depuis la Deuxième
Guerre mondiale. Le journal de centre gauche remarque que le
nouveau ministre des Finances "George Osborne fait face à un
baptême du feu" et aura la "tâche peu enviable de convaincre les
financiers de la City qu'il est capable de tenir ce rôle".



Le "Financial Times" rappelle que "la porte se referme sur 13
années de règne labour". Pour son éditorialiste Philip Stevens, "la
politique britannique est jonchée de moments décrits comme
historiques, mais celui-ci devrait résister à l'épreuve du temps".
Cependant, "il est moins évident de savoir si la nouvelle coalition
sera aussi résistante", souligne-t-il, estimant que les difficultés
économiques du pays ont été ignorées au cours des marchandages des
derniers jours.



David Cameron et Nick Clegg ont affirmé s'être alliés pour former
un gouvernement stable. "A présent ils devront partager l'opprobre
inévitable pour certaines des décisions les plus difficiles pour la
Grande-Bretagne, depuis, eh bien, l'époque de Churchill",
prévient-il.

Gordon Brown très ému

David Cameron est devenu mardi soir à 43
ans le plus jeune Premier ministre britannique en 200 ans, en
succédant au travailliste Gordon Brown. Il a pris la tête d'une
coalition avec les libéraux-démocrates. "Je vise la formation d'une
vraie coalition entre les conservateurs et les
libéraux-démocrates", a annoncé dès sa nomination le chef des
Tories, en s'exprimant pour la première fois devant la porte du 10,
Downing Street.



Après cinq jours de tractations, l'accord créant la première
coalition depuis la Deuxième Guerre mondiale a été définitivement
approuvé dans la nuit par le groupe parlementaire et l'organe
exécutif des Lib Dems. Cinq portefeuilles ministériels ont été
réservés pour les libéraux-démocrates dans le nouveau gouvernement,
dont celui de vice-Premier ministre qui revient à Nick Clegg, chef
du parti de centre gauche, âgé lui aussi de 43 ans.



Dans l'après-midi, David Cameron était apparu en direct sur les
télévisions du pays, franchissant les grilles du palais de
Buckingham pour solliciter d'Elizabeth II l'autorisation de former
le prochain gouvernement. Le Premier ministre sortant Gordon Brown
avait fait le même trajet un peu avant, pour remettre sa démission
à la souveraine, juste après avoir annoncé son départ, très ému,
sur le perron de Downing Street (lire encadré
ci-contre)
.



agences/cer

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Obama invite Cameron cet été

Le président américain a été le premier dirigeant à féliciter David Cameron, mardi soir, en l'invitant à se rendre cet été à Washington. L'invitation des Obama, pour juillet, inclut Samantha Cameron, l'épouse du nouveau locataire du 10, Downing Street.

Lors de cet entretien téléphonique, Barack Obama a évoqué avec son nouvel interlocuteur les dossiers afghans et irakiens, d'après la Maison Blanche, ainsi que l'Europe et la situation économique, selon le secrétariat de David Cameron.

"J'ai rappelé mon attachement profond et personnel à cette relation spéciale" entre les deux pays, a expliqué ensuite Barack Obama.

Les deux hommes devraient se rencontrer lors du prochain sommet économique au Canada, fin juin.

David Cameron a également déclaré avoir reçu un appel de la chancelière allemande Angela Merkel dans la soirée, l'invitant à se rendre au plus vite à Berlin.

Nicolas Sarkozy a adressé ses meilleurs voeux de succès à David Cameron et souhaité que Paris et Londres coopèrent notamment pour la sécurité dans le monde, dans la lutte contre la crise financière et le changement climatique, et pour la construction européenne, selon l'Elysée.

Le gouvernement japonais a félicité mercredi le nouveau Premier ministre britannique et indiqué qu'il allait suivre avec attention les progrès du système démocratique britannique. "Je voudrais transmettre nos sincères félicitations", a déclaré le porte-parole du gouvernement, Hirofumi Hirano.

Les adieux de Gordon Brown

Pendant que David Cameron s'installait dans ses nouveaux bureaux, Gordon Brown entamait une nouvelle vie.

"Seuls ceux qui ont occupé le poste de Premier ministre peuvent vraiment comprendre tout le poids de ses responsabilités et sa formidable capacité", a-t-il déclaré en quittant Downing Street, la voix vibrante d'émotion.

"J'ai aimé ce travail, pas pour son prestige, ses titres et son cérémonial, que je n'aime pas du tout. Non, j'ai aimé ce travail pour son potentiel à rendre ce pays que j'aime plus équitable, plus tolérant, plus vert, plus démocratique, plus prospère, plus juste -vraiment une plus Grande-Bretagne", a-t-il lancé.

Une fois libéré de ses fonctions par la reine, il s'est rendu au siège du Labour, où il a reçu un accueil chaleureux. Il a annoncé que le numéro deux, Harriet Harman, assurerait l'intérim à la tête du parti jusqu'à ce que son successeur permanent soit désigné.

L'ex-Premier ministre britannique Tony Blair a de son côté rendu hommage mardi à son successeur Gordon Brown, saluant sa "dignité, son courage et son leadership". "J'ai parlé à Gordon Brown ce soir (mardi), nous avons eu une conversation très chaleureuse reflétant une amitié de près de 30 ans", a déclaré Tony Blair, qui avait passé le relais en juin 2007 à celui qui avait été son ministre des Finances pendant dix ans.

La cote de popularité du Labour a souffert notamment de la participation de la Grande-Bretagne à la guerre en Irak, de la crise économique et récemment du scandale des notes de frais, dans lequel des responsables politiques des trois principales formations étaient impliqués.