Neuf hommes et une femme, tous civils, sont morts dans les
heurts qui ont éclaté dans le centre de la capitale et duré toute
la journée, a précisé le centre de secours de la capitale. La
crise, la pire dans le royaume depuis 1992, a déjà fait 40 morts et
plus de 1000 blessés depuis la mi-mars.
Trois journalistes ont été touchés par balles en couvrant les
événements, un photographe du quotidien thaïlandais Matichon, un
caméraman canadien de la chaîne de télévision France 24 et un autre
caméraman de la chaîne câblée thaïlandaise Voice-TV.
"Guerre civile"
Les leaders des "chemises rouges", qui ont juré la chute du
gouvernement, ont accusé le Premier ministre Abhisit Vejjajiva
d'avoir lancé "la guerre civile", et exigé le retrait des troupes
autour du quartier qu'ils contrôlent. "Je ne sais pas comment nous
allons survivre ce soir si Abhisit n'accepte pas un cessez-le-feu.
Nous espérons qu'il ne veut pas la guerre", a déclaré l'un des
trois principaux cadres du mouvement, Nattawut Saikuar.
Les heurts ont commencé en début de
matinée lorsque l'armée a tenté de progresser en direction d'une
avenue tenue par les manifestants, lesquels ont "tenté d'intimider
les autorités avec des armes", selon le colonel Sunsern
Kaewkumnerd, porte-parole militaire.
Des échanges de coups de feu nourris ont été entendus à plusieurs
reprises et se sont poursuivis jusqu'en milieu de soirée, le long
de la limite sud du quartier touristique et commercial de Bangkok
occupé par les "rouges" depuis début avril.
Pas d'opération d'envergure
Officiellement cependant, ces affrontements ne préfiguraient pas
une opération pour déloger tous les manifestants par la force. "Les
autorités ne lanceront pas pour le moment d'opération contre le
site de Ratchaprasong, mais nous nous attendons à de nouvelles
violences ce soir", a assuré le colonel Sunsern, en exhortant les
"rouges" à se disperser.
Le ministre de la Défense, le général Prawit Wongsuwon, a indiqué
pour sa part à l'AFP que l'opération était "destinée à faire
pression sur les chemises rouges pour qu'ils reviennent à la table
des négociations". L'armée cherche à étrangler les "rouges" sur le
plan logistique dans l'espoir de réduire au maximum le nombre de
manifestants, qui se retrouvent désormais sans électricité, sans
approvisionnement en eau et nourriture, et sans passage des camions
poubelles.
Négociations rompues
En moins de 24 heures, la capitale a sombré dans un nouvel
engrenage de violences, après dix jours au cours desquels les
négociations avaient repris le dessus entre le Premier ministre et
l'opposition.
Jeudi soir, des heurts avaient déjà fait un mort et au moins onze
blessés, dont un général renégat pro-rouge, grièvement atteint par
balle et dans un état critique. Le général Khattiya Sawasdipol,
alias Seh Daeng, très populaire parmi les opposants, n'avait pas
caché qu'il refusait une sortie de crise pacifique. Il est
considéré comme proche de Thaksin Shinawatra, ex-Premier ministre
en exil renversé en 2006 par un putsch et icône de nombreuses
"chemises rouges".
L'état d'urgence, décrété à Bangkok début avril, a été étendu à 15
autres provinces du Nord et du Nord-Est, bastion des
"rouges".
afp/cab
Recommandations aux voyageurs
La Suisse a fermé vendredi son ambassade à Bangkok.
La représentation helvétique dans la capitale thaïlandaise est située tout près du quartier commercial, zone occupée par les manifestants.
"C'était trop dangereux pour tout le monde", a déclaré sur les ondes de la Radio suisse romande (RSR) l'ambassadrice Christine Schraner Burgener.
La diplomate et sa famille se sont réfugiées dans un hôtel de la ville.
Dans ses recommandations aux voyageurs, le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) continue à déconseiller les voyages non urgents dans la capitale thaïlandaise.
"J'imagine qu'il n'y a plus de touristes suisses à Bangkok", a dit l'ambassadrice.
La Suisse recommande à ses ressortissants de faire preuve d'une prudence accrue sur l'ensemble du territoire.
Le DFAE conseille aux personnes qui voyagent individuellement de signaler leur présence à l'ambassade de Suisse à Bangkok en indiquant leurs coordonnées, un itinéraire de voyage et des adresses de contact en Thaïlande et en Suisse.
Au total, 6500 Suisses vivent en Thaïlande, selon une estimation de Christine Schraner Burgener.
Mais ils résident surtout dans la station balnéaire de Pattaya et sur l'île de Phuket.