Bien que BP revendique de "grand progrès", un responsable de
l'administration a annoncé lundi soir que Barack Obama, qui a
fortement haussé le ton ces derniers jours, s'apprêtait à créer une
commission d'enquête.
Les questions sur la gestion du secteur semblent avoir eu un
impact au sein même de son administration. Le responsable de
l'exploitation pétrolière en mer, Chris Oynes, est parti à la
retraite lundi, en pleine crise. Le service de gestion des
ressources minières (MMS) dont il faisait partie avait été critiqué
pour son laxisme dans l'inspection de la plateforme Deepwater
Horizon.
Un cinquième du brut siphonné
De son côté, BP a enfin semblé enregistrer un succès notable
dans le combat mené contre la pollution au brut depuis que la
plateforme Deepwater Horizon a coulé le 22 avril après une
explosion. Le groupe britannique a réussi à mettre en place un
tuyau permettant de siphonner jusqu'à un cinquième des centaines de
milliers de litres de brut qui se déversent quotidiennement dans la
mer (lire ci-contre).
Le groupe continue à réfléchir à un système de bouchage du puits
qui serait ensuite cimenté.
BP minimise la marée noire
Les chiffres de la marée
noire montrent l'étendue du désastre: 750 bateaux tentent de
récupérer et de disperser le pétrole qui flotte, 19'000 personnes
travaillent actuellement sur la nappe de brut et 15'600 demandes
d'indemnisation ont déjà été enregistrées par BP.
La marée noire a pour l'instant coûté 625 millions de dollars à BP
qui a réglé 2700 dossiers de dédommagements et versé aux Etats
menacés de Floride, Alabama, Louisiane et Mississippi un total de
70 millions de dollars.
"Je pense que l'impact sur l'environnement de ce désastre sera
très, très modeste" a néanmoins indiqué à la télévision britannique
le directeur général du groupe, Tony Hayward. Ce dernier avait déjà
assuré vendredi que cette fuite était "minuscule" en proportion de
l'immensité de l'océan.
Images
Ces paroles contrastent avec les images qui tournent en boucle
sur les chaînes de télévision américaine. Celles, aériennes, qui
montrent les nappes de brut oranges qui oscillent à la surface.
Celles, sous-marines, d'un flux constant et vigoureux de pétrole
continuant à sourdre au fond de la mer.
Elles contrastent surtout avec les avis des experts qui craignent
que la nappe n'endommage rapidement une précieuse barrière de
corail à l'extrémité sud de la Floride. Selon Villy Kourafalou,
experte en océanographie, un courant baptisé "loop current"
pourrait rapidement précipiter le brut sur les côtes de l'archipel
des Keys et abîmer ainsi la troisième barrière de corail du
monde.
Un spécialiste de la protection animale, Michael Ziccardi, a pour
sa part affirmé que plus de 1500 tortues de mer se sont échouées,
mortes ou mourantes, sur les côtes du Golfe du Mexique depuis le
début de la marée noire, un chiffre inhabituellement élevé.
ats/ak
Un premier pas
Le groupe pétrolier britannique BP a estimé mardi à 2000 barils par jour le volume de pétrole qu'un système de tuyau sous-marin lui permet de récupérer du flux qui continue à s'écouler dans le golfe du Mexique.
Le groupe précise qu'il faudra "un certain temps" pour accroître ce flux. Il avait indiqué la veille que le système de siphon mis en place sur la fuite, à 1500 mètres de profondeur, permettait de récupérer 1000 barils par jour, sur les 5000 qui s'écouleraient actuellement. Le pétrole absorbé est récupéré est stocké à bord d'un navire à la surface, à quelque 80 km des côtes de Louisiane (sud).
C'est un "grand progrès", a souligné D.Suttles, même si la quantité récupérée ne représente qu'un cinquième des 800'000 litres, selon BP, qui se répandent quotidiennement dans la mer.
Le volume qui s'échappe serait toutefois 5 à 20 fois supérieur que celui estimé, selon de récentes évaluations d'experts. Leur thèse semble être accréditée par la découverte par des scientifiques américains d'énormes nappes de brut à grande profondeur.
BP épinglé pour d'autres affaires
BP espére capitaliser sur cette réussite de l'opération de pompage pour redorer son image aux Etats-Unis après avoir été visé par des manifestations la semaine dernière. Mais la tâche s'annonce rude.
L'organisation américaine de journalisme d'investigation Center for Public Integrity affirmait lundi que deux raffineries de pétrole exploitées par BP aux Etats-Unis ont cumulé à elles seules quelque 97% de toutes les violations relevées dans ce secteur au cours des trois dernières années, la plupart du temps pour "erreur flagrante et délibérée".