"Nous sommes parvenus à un accord sur un projet fort, avec la
coopération de la Russie et de la Chine", a annoncé la secrétaire
d'Etat Hillary Clinton devant le Sénat américain.
La nouvelle résolution, la quatrième sur le sujet, sera
immédiatement soumise au Conseil de sécurité de l'ONU. Elle "est la
meilleure réponse que nous puissions fournir aux efforts entrepris
à Téhéran ces derniers jours", a martelé la cheffe de la diplomatie
américaine, en allusion à l'accord conclu la veille par l'Iran, la
Turquie et le Brésil.
Coup de théâtre
Aux Nations unies, le Conseil de sécurité s'est réuni en séance
extraordinaire. Le projet de sanctions prévoit que l'Iran ne pourra
investir à l'étranger dans certaines activités sensibles comme les
mines d'uranium et ses navires pourront être inspectés en haute
mer, aux termes d'un nouveau projet de sanctions soumis mardi à
l'ONU, a déclaré un haut responsable américain.
Le projet interdit également la vente à l'Iran de huit nouveaux
types d'armements lourds, notamment des tanks, selon ce haut
responsable qui s'est adressé à la presse sous couvert de
l'anonymat avant une réunion du Conseil de sécurité au siège de
l'ONU à New York. La contre-attaque américaine est un nouveau coup
de théâtre dans le bras de fer diplomatique entre la communauté
internationale et l'Iran.
Suite à l'accord conclu lundi avec l'Iran, le Brésil et la
Turquie ont fait par de leur souhait de participer aux négociations
du groupe des six grandes puissances sur le dossier nucléaire
iranien.
"Je crois qu'il serait normal qu'au moins une bonne partie des
négociations soient ouvertes" à ces deux pays, a déclaré à la
presse à Madrid Marco Aurelio Garcia, conseiller pour les affaires
étrangères du président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva. Le
groupe dit des "5+1" regroupe les cinq membres permanents du
Conseil de sécurité de l'ONU et l'Allemagne.
"Cesser de parler de sanctions"
La Chine, la Russie et la France, pour citer des membres
permanents du Conseil de sécurité, ont jugé l'accord positif.
De son côté, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a estimé
mardi que l'accord conclu entre l'Iran, la Turquie et le Brésil sur
un échange d'uranium pouvait être une "avancée positive" s'il est
suivi d'une "coopération plus étendue" de Téhéran avec la
communauté internationale et l'AIEA.
Quant au Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, il a appelé
"la communauté internationale à soutenir" l'accord conclu lundi
entre l'Iran, la Turquie et le Brésil, "au nom de la paix
mondiale". "Nous devons cesser de parler de sanctions" contre
l'Iran après cet accord, a estimé Recep Tayyip Erdogan.
"Il y a une chance vitale devant nous, une chance unique et je
crois que nous devons la saisir", a insisté le responsable turc en
marge du sommet UE/Amérique latine à Madrid. Cet accord représente
"la meilleure garantie que nous ayons jusqu'à présent", a-t-il
encore déclaré.
ats/ak
L'accord avec la Turquie et le Brésil
Lundi, à Téhéran, la signature d'un accord entre l'Iran, le Brésil et la Turquie paraissait avoir brisé la dynamique de nouvelles sanctions. La proposition prévoit l'échange en Turquie de 1200 kilos d'uranium iranien faiblement enrichi (3,5%) contre 120 kilos de combustible enrichi à 20% fourni par les grandes puissances et destiné au réacteur de recherche nucléaire de Téhéran.
Le groupe de Vienne (Etats-Unis, France, Russie et AIEA) avait fait une offre similaire en octobre. L'Iran avait rejeté cette offre en invoquant un manque de garanties et commencé en février à produire de l'uranium enrichi à 20% au grand dam des Occidentaux.
Avant l'annonce de HIllary Clinton, l'Iran avait annoncé qu'il confirmerait dans la semaine son offre d'échange à l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) et indiqué qu'il attendait une réponse "rapide" des grandes puissances.
La République islamique est soupçonnée de chercher à se doter de l'arme nucléaire sous couvert d'un programme civil, ce qu'elle dément.