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La marée noire atteint les côtes américaines

A certains endroits, une couche de pétrole épaisse d'une dizaine de centimètres tapisse le fond de l'eau marécageuse.
A certains endroits, une couche de pétrole épaisse d'une dizaine de centimètres tapisse le fond de l'eau marécageuse.
Du pétrole lourd est arrivé mercredi sur les côtes américaines, pour la première fois depuis le début de la marée noire dans le golfe du Mexique, et d'autres nappes de brut étaient aspirées par un courant marin en direction de la Floride, qu'elles pourraient atteindre dans six jours.

"Le jour que nous avions tous craint est arrivé aujourd'hui", a
déclaré le gouverneur de Louisiane, Bobby Jindal, lors d'une
conférence de presse à Venice, port de pêche situé au sud de La
Nouvelle-Orléans. Jusqu'à présent, seules des galettes de pétrole
avaient été repérées par les autorités américaines sur les côtes de
Louisiane, du Mississippi et d'Alabama.

Faune et flore touchées

Revenant d'un tour en bateau dans le delta du Mississippi, Bobby
Jindal a souligné que ce qu'il a vu "n'était pas des galettes de
pétrole. (...) C'est du pétrole lourd dans nos marais". "C'est déjà
là mais nous savons qu'il en arrive davantage", a ajouté le
gouverneur, un mois après l'explosion dans le golfe du Mexique de
la plateforme Deepwater Horizon, exploitée par le géant britannique
BP.



Dans les marais au sud de Venice, le pétrole s'infiltre ainsi
toujours plus, a constaté l'AFP. Au milieu des roseaux où
grouillent des crabes à la carapace orangée, des galettes de
pétrole de toutes tailles jonchent le sable. A certains endroits,
une couche d'or noir, épaisse d'une dizaine de centimètres, tapisse
le fond de l'eau marécageuse.

Les autorités dépassées

Cette catastrophe, sans doute la pire marée noire de l'histoire
des Etats-Unis, semble complètement échapper aux autorités
américaines, avec la dérive d'une partie du pétrole vers la Floride
et éventuellement l'Atlantique. L'Agence spatiale européenne a
indiqué mercredi que la nappe de brut avait été happée par un
puissant courant marin qui circule en direction de la troisième
barrière de corail du monde. Des images satellites prises le 18 mai
montrent, selon les chercheurs, que la marée noire est entrée dans
le "Loop Current", un courant qui forme une boucle dans le golfe du
Mexique et se dirige ensuite vers l'Atlantique à travers le détroit
de Floride.



"Nous avons la preuve visible qu'au moins un peu de pétrole de la
surface de l'eau a atteint le courant", a déclaré Bernard Chapron,
chercheur à l'Ifremer, estimant qu'il "devrait atteindre la Floride
d'ici six jours". "Le Loop Current est comme une autoroute qui
achemine un large éventail de jeunes poissons et d'autres espèces
d'animaux marins de leur lieu de naissance à leur lieu de
croissance", a de son côté indiqué à l'AFP le biologiste Doug
Rader, de l'association Environmental Defense Fund.

Cubains et Américains obligés de dialoguer

Les côtes nord de Cuba, berceau d'un écosystème fragile, se
trouvent aussi sur la trajectoire du courant et la probabilité pour
que le cocktail composé de pétrole et de dispersants les atteigne
est de "100%", a assuré Doug Rader. Conséquence inattendue: Cubains
et Américains sont forcés de dialoguer. Le département d'Etat a
confirmé que "des discussions de travail sont en cours" au sujet de
la catastrophe entre Washington et La Havane.



Les autorités américaines ont étendu la zone interdite à la pêche,
qui couvre désormais 19% des eaux fédérales américaines du golfe du
Mexique.



afp/ap/hof

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Greenpeace escalade le siège londonien de BP

Des activistes de l'organisation écologiste Greenpeace ont escaladé jeudi matin le siège de la compagnie pétrolière BP dans le centre de Londres pour protester contre la vaste marée noire en cours dans le golfe du Mexique, a constaté un photographe de l'AFP.

Huit militants ont déployé un drapeau représentant le logo vert et jaune de la compagnie "souillé" par une coulée noire, symbolisant la marée noire provoquée par la plateforme Deepwater Horizon qui a coulé le 22 avril après une explosion. La police, appelée vers 04h00 GMT sur place (06h00 suisses), a indiqué n'avoir procédé à aucune arrestation.

L'un des militants, Ben Stewart, 36 ans, a souligné que "la marée noire dans le golfe du Mexique avait été provoquée par des décisions prises dans ce bâtiment" londonien.

"Sous la direction (du patron de BP) Tony Hayward, BP a pris des risques énormes en pompant du brut dans des endroits de plus en plus éloignés, tout en réduisant dans le même temps les investissements dans les projets énergétiques propres qui pourraient nous aider à réduire notre dépendance envers le pétrole et lutter contre le changement climatique", a-t-il ajouté.

Début du colmatage de la fuite agendé à dimanche

Le ministre américain des Affaires intérieures, Ken Salazar, a émis l'espoir jeudi que le groupe pétrolier britannique BP parvienne à tenter dimanche de colmater la fuite de pétrole dans le golfe du Mexique au moyen de l'injection de boue.

"Notre espoir est que ce qu'ils appellent le 'colmatage du puits' ait lieu dimanche", a dit Ken Salazar dans un entretien à la chaîne de télévision CNN. "Tout est fait pour s'assurer que cela se produise", a-t-il ajouté.

Cette opération consiste à injecter de la boue dans le puits afin d'enrayer la fuite puis à le recouvrir d'une chape de ciment, selon le communiqué du géant pétrolier. Cette technique pourrait être combinée à une autre opération qui avait été envisagée par le groupe pétrolier, surnommée "injection de cochonneries". Cette technique consiste à projeter sur la fuite, à très haute pression, des débris comme des morceaux de pneus ou des balles de golf.

Le ministre des Affaires intérieures a toutefois souligné jeudi que le colmatage du puits avec de la boue n'était "pas sans risques".

Par ailleurs, BP a assuré jeudi récupérer désormais 5000 barils de pétrole par jour du puits, contre 3000 précédemment, et a reconnu pour la première fois qu'une quantité plus importante s'en échappait. Un porte-parole de BP, Mark Proegler, a aussi indiqué à l'AFP que le groupe récupérait désormais quelque 425'000 mètres cubes de gaz par jour, contre 400'000 annoncés plus tôt jeudi.