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L'Union européenne "a besoin de temps" pour étudier le plan turc

- Le Premier ministre turc a fait monter les enchères lundi lors d'un sommet extraordinaire Europe-Turquie à Bruxelles. Ahmet Davutoglu a réclamé 3 milliards d'euros supplémentaires pour s'engager à endiguer l'afflux de migrants vers l'UE.

- Un projet prévoit que la Turquie reprenne sur son territoire tous les migrants, y compris syriens, qui ont rallié les îles grecques. En échange, pour chaque Syrien réadmis en Turquie, l'UE prendrait en charge un réfugié directement sur le territoire turc, instituant un canal officiel d'admission.

- Les 28 dirigeants européens ont une nouvelle fois étalé leurs dissensions. Alors qu'un projet évoquait dimanche soir la volonté de fermer la route migratoire des Balkans, le président de la Commission Jean-Claude Juncker et la chancelière allemande Angela Merkel ont rejeté cette idée.

Suivi assuré par RTSinfo

Des avancées annoncées

Vers un accord durant la nuit?

Les dirigeants de l'UE ont progressé dans leurs négociations lundi avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu et peuvent encore parvenir à un accord dans la nuit, a déclaré le directeur de cabinet du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker

"De bons progrès dans les discussions difficiles du Conseil européen", a twitté Martin Selmayr. "Une avance dans le courant de la nuit est possible."

Plan turc

L'UE a "besoin de temps"

Les dirigeants de l'Union européenne ont besoin de temps pour étudier un plan présenté par la Turquie en vue de régler la crise migratoire. Un responsable européen a fait cette annonce en soirée.

"Plusieurs pays aiment vraiment cette idée mais ne peuvent conclure un accord ce soir (...) car des clarifications sont encore nécessaires. Nous allons travailler intensément (sur ce projet) dans les jours à venir", a-t-il dit à Reuters.

Ce projet se fonde sur des propositions turques et a été présenté par le président du Conseil européen, Donald Tusk, comme base de discussion entre les dirigeants des Vingt-Huit.

La crise, depuis Bruxelles et Athènes

Les sujets du 19h30

La Turquie compte monnayer son aide:

Crise migratoire: la Turquie compte bien monnayer son aide
Crise migratoire: la Turquie compte bien monnayer son aide / 19h30 / 2 min. / le 7 mars 2016

Les précision d'Isabelle Ory, correspondante auprès de l'UE, depuis Bruxelles:

Crise migrants: les précisions d’Isabelle Ory, correspondante auprès de l’UE, depuis Bruxelles
Crise migrants: les précisions d’Isabelle Ory, correspondante auprès de l’UE, depuis Bruxelles / 19h30 / 1 min. / le 7 mars 2016

Les précision d'Alexia Kefalas, correspondante en Grèce, depuis Athènes

Crise migrants: les précisions d’Alexia Kefalas, correspondante en Grèce, depuis Athènes
Crise migrants: les précisions d’Alexia Kefalas, correspondante en Grèce, depuis Athènes / 19h30 / 1 min. / le 7 mars 2016

Un projet de déclaration circule

Un canal officiel d'admission de réfugiés depuis la Turquie

En plus du doublement de l'aide financière promise à la Turquie, le texte, dont Reuters a pris connaissance, propose que la Turquie reprenne sur son territoire tous les migrants, y compris syriens, qui ont rallié les îles grecques de la mer Egée via les réseaux de passeurs.

En échange, pour chaque Syrien ainsi réadmis en Turquie, l'UE prendrait en charge un réfugié syrien directement sur le territoire turc, instituant un canal officiel d'admission contournant les passeurs.

Les ressortissants turcs seraient dispensés plus rapidement de visas pour entrer et circuler dans les pays membres de l'espace Schengen. Le texte propose la suppression des obligations en matière de visa pour les citoyens turcs dans l'espace Schengen "au plus tard d'ici juin 2016".

L'UE renouvellerait en outre son engagement à préparer l'ouverture de nouveau chapitre des négociations d'adhésion de la Turquie.

Exigence turque

L'UE devrait verser trois milliards d'euros supplémentaires

La Turquie a demandé à l'Union européenne trois milliards d'euros d'aide supplémentaire "d'ici 2018", promettant en échange d'augmenter drastiquement sa coopération dans la crise migratoire pour tarir les flux de migrants, a déclaré le président du Parlement européen Martin Schulz lundi.

"Cet argent additionnel va demander des procédures budgétaires additionnelles. Le Parlement européen est prêt a accélérer les procédures", a déclaré Martin Schulz en marge d'un sommet UE-Turquie à Bruxelles, où Ankara s'est montré prête à accepter des retours massifs de migrants, y compris de réfugiés syriens.

Le débat

Quel est le rôle de la Turquie dans la crise migratoire?

Gérard Deprez, eurodéputé belge libéral, et Luca Negro, président de la Fédération des Eglises évangéliques en Italie, débattent du rôle de la Turquie dans la crise migratoire qui secoue l'Europe.

https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Gerard_DEPREZ_%2816039228164%29.jpg [CC-BY-SA - euranet_plus]CC-BY-SA - euranet_plus
Le rôle de la Turquie dans la crise migratoire en débat / Forum / 14 min. / le 7 mars 2016

Nouvelle proposition turque

Volonté de trouver un terrain d'entente

"Nous nous efforçons d'ouvrir la voie à un règlement de cette crise, c'est la raison pour laquelle il y a une nouvelle proposition", a expliqué à des journalistes le porte-parole du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu, sans fournir d'autres détails.

"Nos partenaires ont de bonnes intentions et nous-mêmes avons de bonnes intentions et tout le monde veut une solution. Nous voulons trouver un terrain d'entente", a assuré le porte-parole turc.

La proposition de la Turquie a été exposée aux 28 chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE au cours d'un déjeuner de travail avec Ahmet Davutoglu.

>> L'analyse d'Isabelle Ory, correspondante à Bruxelles :

L’UE aimerait obtenir la coopération de la Turquie dans la crise des migrants
L’UE aimerait obtenir la coopération de la Turquie dans la crise des migrants / 12h45 / 2 min. / le 7 mars 2016

Les dirigeants européens doivent examiner ensemble les "nouvelles idées" d'Ankara avant de retrouver le Premier ministre turc pour un dîner.

Réserves sur la fermeture de la "route des migrants"

Angela Merkel ne veut pas fermer la route des Balkans

La chancelière allemande Angela Merkel a exprimé lundi ses réserves sur la "fermeture" de la route migratoire des Balkans, que des dirigeants de l'Union européenne souhaitent entériner à l'issue du sommet de Bruxelles. "Ce qui importe, c'est que l'on trouve une solution durable avec la Turquie," a indiqué la chancelière allemande, parlant de "spéculations".

"Il ne peut s'agir de fermer quoi que ce soit"

Angela Merkel, chancelière allemande

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, soutient cette position.

>> Le compte-rendu de Romain Clivaz, à Bruxelles :

Les dirigeants européens se sont retrouvés lundi matin à Bruxelles  avec le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu. [Pool/AFP - Emmanuel Dunand]Pool/AFP - Emmanuel Dunand
Migrants: sommet extraordinaire avec la Turquie à Bruxelles / Le 12h30 / 2 min. / le 7 mars 2016

Ire turque

Lenteur de l'aide européenne critiquée

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a reproché lundi à l'Union européenne sa lenteur à débloquer un fonds d'aide de trois milliards d'euros destiné aux 2,7 millions de réfugiés syriens vivant en Turquie pour freiner le flux migratoire vers l'Europe.

"Cela fait maintenant quatre mois et on attend encore qu'ils nous le donnent", a-t-il dit lors d'un discours public à Ankara alors qu'au même moment les Vingt-Huit sont réunis à Bruxelles.

Détente entre la Croatie et la Hongrie

Trois points de passage ferroviaires rouverts

La Hongrie et la Croatie vont rouvrir trois points de passage ferroviaires frontaliers fermés depuis la mi-2015 en raison de l'afflux de migrants, a rapporté lundi l'agence de presse hongroise MIT qui cite les ministres de l'Intérieur des deux pays.

Les dates de réouverture n'ont pas été divulguées.

Le programme du jour

Succession de rencontres au sommet

- 10h00 (en Suisse): conférence de presse conjointe du président du Parlement européen Martin Schulz et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

- dès 11h00: arrivée des ministres et entretien quadripartite entre le président du Conseil européen Donald Tusk, le président de la Commission Jean-Claude Juncker, le président du Parlement européen Martin Schulz et le Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

- 12h30: déjeuner de travail des 28 dirigeants européens avec Ahmet Davutoglu, suivi d'une conférence de presse conjointe Tusk-Juncker.

- 15h00: ouverture officielle du sommet européen (sans la Turquie).

- vers 18h00: conférence de presse finale Tusk-Juncker.

Continent bouclé?

Projet de fermeture de la route des Balkans

La route des Balkans par laquelle transitent des milliers de réfugiés va être déclarée fermée, selon les termes d'un projet de déclaration que devraient présenter les dirigeants européens lors du sommet avec la Turquie qui s'ouvre lundi.

>> Lire aussi : L'Europe s'apprête à fermer la route occidentale des Balkans aux réfugiés

Le Tweet d'Isabelle Ory, correspondante à Bruxelles:

Centralisation des demandes d'asile?

En outre, la Commission européenne envisagerait de centraliser les demandes d'asile. Selon le Financial Times, elle devrait faire cette proposition dans le cadre d'une révision radicale de sa politique envers les réfugiés qui sera présentée lors du sommet des dirigeants de l'UE le 17 mars.

>> Lire aussi : L'Union européenne envisagerait une centralisation des demandes d'asile

>> L'interview de l'écrivain Mathias Enard sur les relations UE/Turquie :

L'auteur Mathias Enard. [Boris Horvat]Boris Horvat
La Turquie, partenaire décisif de l'UE pour les questions migratoires / Le Journal du matin / 3 min. / le 7 mars 2016

Hostilité croissante

Des politiques nationales plus restrictives

Depuis le début de l'année, les mesures restrictives et dissuasives contre les migrants se sont multipliées en Europe, tant dans les Balkans, devenus la principale route des migrants, que dans les pays où ils souhaitent s'installer.

L'Autriche, la Croatie, la Slovénie, membres de l'UE, ainsi que la Macédoine et la Serbie (non membres) ont décidé de limiter le nombre de migrants autorisés sur leur territoire.

>> Lire la position autrichienne : L'Autriche refuse les réfugiés de Grèce, arguant en accueillir assez

Tensions à la frontière gréco-macédonienne

Reportage à Idomeni

Des migrants dans la ville grecque d'Idomeni. [AFP - Besar Ademi - Anadolu Agency]AFP - Besar Ademi - Anadolu Agency
La situation reste critique à la frontière gréco-macédonienne / Le Journal du matin / 7 min. / le 7 mars 2016

Repères chiffrés

Près de 132'000 migrants en Méditerranée en 2016

Entre le 1er janvier et le 29 février, 131'724 migrants et réfugiés ont traversé la Méditerranée, dont 122'637 sont arrivés en Grèce, selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Ce chiffre est comparable à celui des arrivées pendant le premier semestre 2015.

Sur toute l'année 2015, plus d'un million de migrants étaient entrés en Europe, l'Allemagne en ayant accueilli l'immense majorité.

Le nombre d'arrivées par pays

La Grèce en tête

Pour la période du 1er janvier au 24 février 2016, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) chiffre par pays le nombre de migrants et réfugiés qui sont entrés sur leur sol (chiffres donnés par les Etats concernés):

- Grèce: 111'099

- Croatie: 98'752

- Slovénie: 95'744

- Serbie: 87'704

- Macédoine: 87'036

- Italie: 8966

- Hongrie: 2476

Voyages mortels

Plus de 420 morts en 2016

Plus de 418 migrants ont perdu la vie en tentant de traverser la Méditerranée du 1er janvier au 24 février 2016, selon l'OIM. Des chiffres diffusés avant plusieurs naufrages, dont le dernier en date dimanche au sud-ouest de la Turquie, au cours duquel 25 personnes ont perdu la vie.

Selon l'OIM, l'itinéraire de la Méditerranée orientale reliant la Turquie à la Grèce continue d'être le plus meurtrier. En 2015, 3770 migrants avaient trouvé la mort dans leur tentative de rejoindre l'Europe (OIM).