Opération spéciale des Médias Francophones Publics: les jeunes et le Covid.
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Grandir, apprendre et aimer, la vie des jeunes au temps du Covid-19

Grandir dans sa chambre et devoir, seul, faire face à ses angoisses. S'égarer entre deux cours virtuels. Faire son apprentissage sans croiser le moindre client. Tenter de découvrir l'amour caché derrière les masques et la distanciation sociale...  Comment les jeunes vivent-ils au temps du Covid? Dans une série de reportages, les Médias francophones publics portent leur regard sur le quotidien des adolescents et des jeunes adultes, contraints de se construire dans un monde chamboulé par la pandémie.

RTS

La formation des apprentis est devenue un véritable casse-tête

En Suisse, l'apprentissage de plus de 200'000 jeunes est chamboulé par la crise sanitaire. Entre solitude du télétravail ou interruption pure et simple, la formation des apprentis est devenue un véritable casse-tête et beaucoup craignent d'être pénalisés dans leur formation.

Pour Gaël Vallat, qui suit une formation de cuisinier combinant école et travail en entreprise, le Covid-19 est venu ajouter une pincée d’amertume à sa cuisine. Il redoute déjà l'examen final qu'il devra passer dans un an. "Il y a une partie où l’on doit envoyer certains plats à certains moments, quelque chose que je ne peux pas du tout travailler, comme il n’y a pas de clients", déplore-t-il.

Plongée dans les chiffres et l’administration, Esther Berger poursuit son apprentissage, mais en télétravail. "C'était très dur de se retrouver seule à la maison en première année (...). Je sens maintenant que j’ai certaines lacunes", confie la jeune femme. Et ces apprentis ne sont pas les plus mal lotis, car d’autres ont carrément perdu leur place.

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En Suisse, plus de 200'000 jeunes ont vu leur apprentissage chamboulé par la crise sanitaire.
En Suisse, plus de 200'000 jeunes ont vu leur apprentissage chamboulé par la crise sanitaire. / 19h30 / 2 min. / le 17 mars 2021

Radio Canada

L'école en plein air, dans la neige, pour échapper au Covid

"Tapis de yoga, tablette... et n'oubliez pas le livre de lecture et le coffre à crayons!": à l'Ecole internationale Wilfrid-Pelletier de Montréal, la routine est bien établie. En quelques minutes, les élèves sont habillés en fonction du temps qu'il fait et partent faire la classe dehors.

"Ca crée vraiment une autre ambiance que de rester à l'intérieur. Même en hiver, la plupart sont très enthousiastes de sortir. C'est très rare qu'il y ait de la réticence", témoigne l'enseignante Vanessa Beaudry, au beau milieu de ses élèves qui lisent adossés à des troncs d'arbres, assis dans la neige. "Le fait de respirer sans le masque, c'est vraiment le fun! On arrive beaucoup mieux à se concentrer dehors, avec l'air frais", confirme une élève.

En plus d'éviter de rassembler un grand nombre de jeunes dans un espace fermé, l'école à l'extérieur a aussi des avantages propres: "Je sens que certaines personnes sont plus apaisées d'être dehors, ça diminue leur anxiété. Et ça fait que l'apprentissage est concret. Au lieu d'apprendre les sortes d'arbres, on les voit", illustre Vanessa Beaudry.

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Radio Canada: faire la classe dehors en temps de Covid.
Radio Canada: faire la classe dehors en temps de Covid / L'actu en vidéo / 2 min. / le 17 mars 2021

RTS

Egarés par les cours virtuels, nombre d'étudiants préfèrent faire leur service militaire ou civil

Plus de cours dans les salles de classe ou les auditoires, plus de petits jobs, plus de vie sociale: le Covid rend la vie des étudiants particulièrement morne. Certains ont décidé de tirer profit de cette période creuse pour accomplir leur service civil ou leur service militaire, une façon de se rendre utile et de redonner du sens à leur formation.

Les études à la maison ont eu raison de la concentration de Maxime, étudiant un médecine. Il a raté ses examens et, depuis, c'est le néant. "On est perdus, on ne sait pas trop ce qu'on aimerait faire", confie le jeune homme, qui souligne que sans la possibilité de faire des stages, il est difficile de se projeter dans une future vie professionnelle. Pour remplir ses journées, il a décidé de s’engager plus tôt que prévu pour faire son école de recrue en temps que soldat sanitaire, ou bien pour commencer son service civil, "la solution de la dernière chance (...) quand on a tourné dans sa chambre pendant des heures".

Pour Leny, les cours derrière un écran sont déshumanisants. Il a mis ses études sur pause le temps de faire son service civil dans la culture, pour être solidaire avec un secteur en crise, mais aussi pour échapper à une détresse. "C'est une opportunité de respirer, parce qu’on étouffe dans nos chambres", témoigne le jeune homme. Il n'est pas le seul à utiliser ces mois un peu particuliers pour faire ses jours de service. Par rapport à l’année précédente, il y a eu jusqu'à 15% de civilistes en plus sur le terrain l'été dernier.

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De plus en plus d'étudiants profitent de la pandémie pour accomplir leur service civil
RTS: de plus en plus d'étudiants profitent de la pandémie pour accomplir leur service civil / L'actu en vidéo / 1 min. / le 17 mars 2021

RTBF

Les hôpitaux psychiatriques submergés par des jeunes en grande détresse

Si les autorités de plusieurs pays ont décidé d'assouplir les règles en matière d'activités extrascolaires, c'est en raison de la situation psychologique grave de nombreux jeunes. Certains sont dans un état de détresse profond, au point même de justifier un internement.

A l'hôpital Van Gogh de Charleroi, en Belgique, une quinzaine de jeunes âgés de 10 à 18 ans sont hospitalités après des tentatives de suicide, le temps de retrouver goût à la vie. Et les places manquent de plus en plus cruellement, au point que certains sont refusés sans même qu'une alternative ne puisse leur être offerte.

C'est souvent le confinement qui a fait déborder le vase chez ces jeunes en grande détresse. "Je suis encore là grâce à ma petite soeur de 5 ans", confie l'une des jeunes filles internées. Si l'isolement n'a pas directement provoqué la dépression, il l'a souvent considérablement amplifiée. "Le fait d'avoir l'interdiction de sortir est angoissant. Je n'avais plus personne, j'étais seule confrontée à mes peurs, à mes angoisses, à la dépression", raconte une autre patiente.

>> Regarder le reportage de la RTBF :

RTBF: les hôpitaux psychiatriques débordés par la demande de jeunes deprimés par le confinement
RTBF: les hôpitaux psychiatriques débordés par la demande de jeunes déprimés par le confinement / L'actu en vidéo / 2 min. / le 17 mars 2021

France 24

Confiné et malade, la double peine pour les personnes atteintes de troubles psychiques

Toutes les personnes ne sont pas sujettes à vivre le confinement de la même manière. C'est par exemple le cas de Jules, 25 ans et atteint d'une psychose au nom barbare: le trouble schizo-affectif. Car si de nombreux jeunes sont au bord de l'implosion, ceux qui avaient déjà des troubles psychiques avant la pandémie, malades et confinés, subissent une double peine. Voire même une triple si on y ajoute la stigmatisation de la société.

Par le passé, Jules a été interné plusieurs fois dans des hôpitaux psychiatriques. Il a aussi suivi un traitement médicamenteux lourd. Aujourd'hui, il va mieux, mais avec la crise, ses vieux démons peuvent parfois ressurgir. "Quand il y a des moments d'insécurité (...), ça peut déclencher certains de mes symptômes. Ca peut être des troubles hallucinatoires, des perceptions sensorielles décuplées", raconte le jeune homme. Ces phases de rupture de l'équilibre psychologique portent un nom: la décompensation.

"En tant que bénévole à l'Unafam [Union nationale de familles et amis de personnes malades psychiques, ndlr], j'ai eu plein de relations avec des gens qui sont retombés malades, qui ont décompensé, rechuté, parlé de suicide", témoigne la maman de Jules. Depuis l'apparition du Covid, 20% des jeunes qui avaient des troubles psychiques sont déjà retournés chez leurs parents, et 23% ont fait des décompensations.

>> Le reportage de France 24 sera diffusé jeudi.

TV5

Au Sénégal, la révolte de la jeunesse est aggravée par le Covid

Au Sénégal, où plus de la moitié de la population a moins de 20 ans, des foules de jeunes manifestent, portés par une vague que rien ne semble pouvoir arrêter. Elhadj Dramé, 21 ans, n'a raté aucun défilé depuis le début de la contestation. Quand il ne manifeste pas, il travaille comme apprenti sérigraphe dans un quartier populaire de Dakar. Mais depuis le début de la crise, les commandes ont chuté, et ses revenus avec.

"On passe parfois toute une journée ou même toute une semaine sans travailler. Avant, il y avait des tournois avec des grosses commandes de T-shirts, des mariages, des baptêmes... Mais avec l'interdiction des rassemblements, on n’a plus de commandes", confie-t-il.

La Covid-19 a assombri un quotidien déjà éprouvant. A la mort de son père, il a dû arrêter l’école pour travailler, puis a quitté le Sénégal pour la Libye à 16 ans, espérant atteindre l’Europe. Mais il a finalement été expulsé.

>> Regarder le reportage de TV5 :

TV5 Monde: la révolte de la jeunesse au Sénégal aggravée par le Covid
TV5 Monde: la révolte de la jeunesse au Sénégal aggravée par le Covid / L'actu en vidéo / 2 min. / le 17 mars 2021

>> Ecouter aussi le podcast du Point J de la RTS revenir sur la contestation au Sénégal :

Logo Le point J
Que se passe-t-il au Sénégal? / Le Point J / 10 min. / le 17 mars 2021

RTBF

Faute de salles de danse, rues et gares se transforment en nouvelles scènes

Les jeunes danseurs sont aujourd'hui privés de la liberté d'exercer leur passion. Le masque enveloppe leurs visages comme un voile étoufferait leur expression corporelle. Plus de cours, plus de performances. S'ils veulent pouvoir continuer à créer, à s'entraîner, à s'exprimer, ils doivent redoubler de créativité. Certains dansent clandestinement dans les gares. D'autres ont décidé de prendre l'espace public comme scène et ont conçu une chorégraphie percutante, reproduite par des milliers de danseurs à travers la Belgique.

"On trouvait juste de remettre la crise en débat. De la faire résonner avec des formes artistiques, dans des lieux et situations symboliques", explique Emilie Maillen, directrice d'une école de danse. Ses élèves font part de leur sensation d'emprisonnement, de leur difficulté à vivre, à s'exprimer et à relâcher la pression sans la danse. "On ne trouve pas vraiment le moyen d'avoir une échappatoire, ce qu'à notre âge on a énormément besoin d'avoir", témoigne l'une d'elles.

La gare de Bruxelles-Luxembourg, gare du Lux' pour les intimes, est devenue un repaire de danseurs clandestins. "Tous les styles sont là. Ici on peut voir quelqu'un faire du contemporain, là c'est du hip-hip...", présente un jeune danseur. Une solution de fortune, tout juste tolérée: "Certains contrôleurs ne sont pas contents, on sent qu'on est là comme des clandestins", résume une autre pratiquante.

>> Regarder le reportage de la RTBF :

Les danseurs et danseuses trouvent des moyens d'expression malgré les restrictions
Les danseurs et danseuses trouvent des moyens d'expression malgré les restrictions / 12h45 / 3 min. / le 17 mars 2021

France TV

Ils ont trouvé l'amour pendant le confinement

Si le Covid-19 a ralenti la planète depuis un an, Cupidon, lui, a bien décoché ses flèches. Elles ont touché Victor et Octavie, 23 ans tous les deux et ensemble depuis 8 mois. Ils se sont rencontrés sur une application avant de se découvrir à Paris... masqués. "Au début, on ne s’est pas reconnus, enfin on avait du mal à se reconnaître avec le masque!", se rappelle Victor. "C'est vrai que moi, au début, j’ai pas du tout accroché", avoue même Octavie.

Pour eux, l'idée était avant tout de briser l’isolement du confinement. Ils sont finalement tombés amoureux, au point que la jeune fille va même partir s’installer chez son partenaire à Montbéliard, un déménagement rendu possible grâce aux cours donnés à distance.

Pour Laura et Alexandre, un couple originaire de Caen, les premières rencontres ont eu lieu dans un champ, chacun s'y rendant pour une heure, dûment muni de son attestation de sortie. "On ne savait pas trop ce qui allait se passer par la suite. On était un peu dans le flou, mais ça nous a permis de prendre notre temps", témoignent-ils. Mais avec une heure par jour seulement, difficile de passer d'une étape à l'autre: "Je voulais l’embrasser, mais j'avais peur qu'elle me croie atteint du Covid, du coup je n'osais pas trop", rigole Alexandre.

>> Regarder le reportage de France Télévisions :

France TV: l'amour des jeunes au temps du Covid
France TV: l'amour des jeunes au temps du Covid / L'actu en vidéo / 2 min. / le 17 mars 2021

RTS

Le débat d'Infrarouge

Des amitiés et des amours impossibles, des études à distance qui perdent leur sens, des risques de décrochage, les moins de 25 ans payent un lourd tribut à la pandémie. Comment vivent-ils ce coup d’arrêt? Quels risques pour leur avenir scolaire, professionnel? Quelle place leur donner dans un processus politique qui les a un peu oubliés?

Infrarouge a lancé le débat avec Fanchon Braillard (gymnasienne, Lausanne), Noa Studhalter (écolière, Genève), Joachim Mauron (étudiant en lettres, UNINE), Anne-Emmanuelle Ambresin (médecin cheffe Division Santé des adolescents, CHUV), Anne Edan (psychiatre responsable Malatavie, HUG), Irène Wettstein (avocate) et Jean-Pierre Siggen (conseiller d’État fribourgeois, en charge de l’Instruction publique).

>> Revoir le débat :

Quel avenir pour la génération Covid?
Quel avenir pour la génération Covid? / Infrarouge / 61 min. / le 17 mars 2021

Les chiffres de l'épidémie

Des pays francophones pas tous logés à la même enseigne

Cette série de graphiques préparés par la cellule data de la RTS compare la situation entre la Suisse, la France, la Belgique, le Canada et le Sénégal.

L'évolution du nombre de nouveaux décès par million d'habitants montre que la deuxième vague a été particulièrement meurtrière dans les pays francophones européens. Le pic le plus violent a été enregistré en Belgique, et notamment en Wallonie où l'épidémie était totalement hors de contrôle l'automne dernier.

Depuis le début de l'année 2021, le nombre de décès baisse progressivement mais reste élevé dans certaines régions, notamment en France.

Lourds bilans en Europe

Depuis le début de l'épidémie, la Belgique a recensé au total plus de 22'500 décès liés au Covid-19, soit environ 2000 morts par million d'habitant. C'est quatre fois plus qu'au Canada et 33 fois plus qu'au Sénégal.

Sans surprise, ce sont les pays européens, fortement touchés par la pandémie, qui affichent les plus mauvais bilans.

Situation fragile

Cet hiver, le nombre de nouvelles infections a progressivement baissé, surtout en Suisse, qui enregistrait fin 2020 des chiffres encore très élevés.

En France et en Belgique, l'arrivée des nouveaux variants du virus a entraîné une recrudescence du nombre de nouveaux cas ces dernières semaines, faisant craindre l'arrivée d'une troisième vague. L'épidémie semble mieux maîtrisée au Canada et au Sénégal, qui n'a jamais connu de vague importante, selon les chiffres officiels.

Vaccination inégale

La course à la vaccination a débuté en début d'année avec de grosses disparités à travers le monde. Les inégalités entre pays du Nord et pays du Sud sont frappantes, et les pays francophones n'y échappent pas.

Jusqu'à maintenant, le Sénégal a administré moins d'une dose pour 100 habitants, alors que les autres pays de la francophonie ont vacciné 10 à 15 fois plus de personnes.