Alors que plusieurs pays en Europe et dans le monde, dont la Suisse, débattent de la réduction de la semaine de travail à quatre jours, la Grèce a, elle, choisi d'instaurer la semaine de six jours.
Depuis le 1er juillet, une nouvelle loi permet à certaines entreprises d'imposer à leur personnel de travailler deux heures supplémentaires par jour, ou une journée supplémentaire de huit heures, en échange d'une meilleure rémunération.
Avec cette nouvelle législation, la semaine de travail peut désormais atteindre 48 heures dans les entreprises privées opérant 24 heures sur 24 et celles confrontées à une "surcharge de travail", sans que le consentement des salariés soit nécessaire.
Une loi vivement critiquée
Cette mesure, mise en place par le gouvernement conservateur du Premier ministre Kyriákos Mitsotákis, vise à contrer la baisse démographique et la pénurie de travailleuses et travailleurs qualifiés dans le pays.
L'exécutif grec affirme que la loi stimulera la productivité et qu'elle est favorable aux employés, puisqu'ils seront payés 40% de plus le sixième jour de travail. Le gouvernement affiche également l'objectif de réguler les heures supplémentaires non payées et le travail au noir.
Mais au sein de la population grecque, la réforme est mal accueillie par de nombreuses personnes. Les syndicats dénoncent une mesure "barbare" qui porte atteinte à la qualité de vie des salariés, qui doivent désormais travailler davantage pour une rémunération à peine supérieure.
Pas de gains de productivité
Selon José Ramirez, économiste du travail et professeur à la Haute école de gestion (HEG) de Genève, les arguments du gouvernement grec sur la productivité ne relèvent pas d'une bonne approche. Au contraire, cette mesure pourrait affecter négativement la productivité.
"Historiquement, il a été démontré que les gains de productivité permettent de réduire le temps de travail. De plus, lorsque vous utilisez une ressource de manière trop intensive, y compris humaine, la productivité à l'heure ne va pas nécessairement augmenter", explique l'économiste jeudi dans l'émission Forum de la RTS.
Une telle mesure n'est efficace qu'à court terme, poursuit-il, à travers l'augmentation des cadences ou de l'intensité du travail. "A court terme, bien sûr, si vous faites davantage travailler les gens, ils vont générer plus de revenus. Mais pour augmenter la productivité et la croissance à long terme, il vaut mieux [faire usage] du progrès technologique et de la formation", estime José Ramirez, qui souligne que le faible pouvoir d'achat en Grèce oblige déjà "les gens [à] beaucoup travailler".
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Propos recueillis par Renaud Malik
Texte web: iar avec RTSinfo