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A Pontarlier, la colère de la France se fait sentir avant les législatives

La campagne pour les élections législatives dans l’Hexagone: interview de Floriane Jeandenand et Matthieu Cassez (vidéo)
La campagne pour les élections législatives dans l’Hexagone: interview de Floriane Jeandenand et Matthieu Cassez (vidéo) / La Matinale / 14 min. / le 26 juin 2024
A quelques jours d'élections législatives françaises historiques où l'extrême droite pourrait prendre le pouvoir, La Matinale de la RTS s'est rendue à Pontarlier pour prendre le pouls d'une ville régionale qui se sent délaissée par les pouvoirs publics.

A Pontarlier, ville de France voisine de 17'000 habitants, le parti d'extrême droite Rassemblement national (RN) est arrivé en tête lors des récentes élections européennes, comme dans neuf communes de France sur dix. Invité dans La Matinale, Patrick Genre, maire de Pontarlier depuis 25 ans, ne se dit pas vraiment surpris par ce vote.

"Je dirais que ça correspond à une tendance de fond qui s'exprime depuis un certain nombre d'années, où un certain nombre d'électrices et d'électeurs ne se retrouvent pas dans ce qui est affiché et ce qui est réalisé par certaines et certains, et sont tentés d'aller voir ailleurs", explique l'élu de centre-droite, qui n'est pas rattaché à un parti.

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Patrick Genre attend les élections du 30 juin et 7 juillet avec une certaine appréhension: "On parle beaucoup des élections, effectivement, dans la sphère familiale, dans la sphère professionnelle, entre élus. On a ce mur d'organisation à mettre en place pour les élections. Le 7 juillet, c'est le premier week-end de vacances. Donc il y a aussi la difficulté logistique de mettre en œuvre les bureaux de vote".

Profonde colère

Dans la rue, les esprits bouillonnent en vue de ces législatives. L'élan pour le Rassemblement national traduit une profonde et lointaine colère, selon un sympathisant du parti, boucher à Morteau.

"Ca fait depuis 2002 que les Français lancent des signaux d'alerte en disant 'attention, lors du premier tour on vous a fait un petit vote de punition pour vous dire qu'on n'est pas content'. Eh bien là, les Français en ont tellement marre que même au deuxième tour, ils feront un vote sanction. De toute façon, ça ne peut pas être pire."

>> Son interview dans La Matinale :

Des affiches lors de la campagne pour les élections européennes du 9 juin 2024. [SEBASTIEN NOGIER - EPA/Keystone]SEBASTIEN NOGIER - EPA/Keystone
Immersion à Pontarlier avant les législatives: interview d'un électeur du Rassemblement national / La Matinale / 44 sec. / le 26 juin 2024

Un producteur d'oeufs et de légumes de Pontarlier partage lui aussi son écoeurement du pouvoir en place. Pour lui, la montée du RN "est une conséquence des politiques qu'on subit depuis des années, de la stigmatisation des aides sociales, et peut-être aussi d'un échec de la sociale-démocratie".

Il ne cache toutefois pas son aversion pour le parti d'extrême droite. "Pas une voix pour le Rassemblement national. Je pense qu'ils ont caché le racisme, mais qu'il est toujours là. Leur xénophobie, c'est une évidence. Et si on dit aujourd'hui que la gauche est fractionnée là-dessus, pour moi, c'est un parti qui est ouvert à tout le monde."

>> Son interview dans La Matinale :

Des affiches du Nouveau Front Populaire. [Teresa Suarez - EPA/Keystone]Teresa Suarez - EPA/Keystone
Immersion à Pontarlier avant les législatives: interview d'un électeur de gauche / La Matinale / 59 sec. / le 26 juin 2024

Insécurité en question

Floriane Jeandenand, ancienne policière et candidate du RN dans la 5e circonscription du Doubs — dans laquelle se trouve Pontarlier — estime que l'insécurité est grandissante dans la région. "Je l'ai constaté sur le terrain. Il y a des jeunes filles qui me disent 'on ne peut plus sortir'. L'insécurité est là, elle est bien là." Et de citer son expérience de policière: "Ça fait dix ans que j'ai arrêté, mais quand j'ai arrêté, c'était déjà catastrophique. Actuellement, c'est pire".

Un constat que ne partage pas Matthieu Cassez, candidat pour l'alliance de gauche "Nouveau front populaire" dans la même circonscription. "Il n'y a aucune étude sérieuse qui permet de montrer qu'il y a une insécurité." Pour lui, les exemples cités par Floriane Jeandenand ne sont que des faits divers.

Selon lui, le délitement des services publics dans les zones rurales est une des explications de la montée du Rassemblement national. "Quand vous cherchez à prendre un rendez-vous chez le médecin, que vous devez aller chez un spécialiste, ça devient hyper compliqué. Vous avez des difficultés aussi pour trouver une place au périscolaire. C'est vraiment un problème de dégradation, qui est la résultante de vingt années de politique d'austérité budgétaire."

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asch

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