A Rome, des religieuses victimes d'abus sexuels brisent le silence pour la première fois

Pas de transparence, ni d’action: voilà ce que dénoncent ces femmes qui ont quitté les ordres depuis lors. Pour elles, les faits remontent aux années 80 et 90, lorsqu'elles étaient religieuses d’une communauté en Slovénie puis à Rome.

Elles ont subi, comme une vingtaine d’autres, une emprise spirituelle, psychologique et sexuel de la part de Marko Rupnik, un influent prélat respecté au sein de l’Eglise et du Vatican. Ce jésuite, comme le pape François, est aussi connu pour ses mosaïques qui ornent les plus beaux lieux de culte dans le monde entier.

Cesser d'être discréditée

Gloria Branciani fait partie des victimes du prélat. Interviewée jeudi dans La Matinale, elle raconte, pour la première fois, l’horreur et la perversité subie.

Me sentir violée dans mon intégrité et dans ma relation avec Dieu, c’est ce qui a été le plus dévastateur pour moi

"Me sentir violée dans mon intégrité et dans ma relation avec Dieu, c’est ce qui a été le plus dévastateur pour moi. Il a dit qu’il fallait demander à une autre sœur d’avoir des rapports sexuels avec nous, parce que cette sœur aurait la signification de la troisième personne de la Trinité", témoigne-t-elle, les larmes dans la voix. Et d'ajouter: "Je souhaite que la vérité soit enfin reconnue. On n’a cessé de nous discréditer, je ne peux plus l’accepter."

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Silence et indifférence

Le pape François avait pourtant promis, lors du sommet de 2019, que la tolérance zéro serait le mot d'ordre en cas d'abus sexuels. Le souverain pontife a tenté de concrétiser cette promesse via des procédures pour lever le secret, signaler, enquêter et juger au Vatican les religieux agresseurs.

Mais si, pour les mineurs et prêtres pédophiles, des décisions et condamnations ont enfin eu lieu depuis 2019, il n’en va pas de même dans le cas de religieuses abusées.

Ces dernières disent subir en effet une double violence: celle d’années de viols et d'emprise et celle du silence et de l'indifférence. En réaction, le Vatican qui veut faire preuve de bonne foi, vient d’annoncer l’examen de documents dans l’affaire Rupnik après la levée de la prescription des faits par le pape.

Blandine Hugonnet/hkr