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Affaire Bouvier: nouveau revers à New York pour l'oligarque Dmitri Rybolovlev

L'exposition consacrée à Leonard de Vinci au Louvre de Paris ouvre jeudi 24 octobre. [AFP - François Guillot]
Affaire Bouvier: Une cour new-yorkaise donne raison à Sotheby's contre un oligarque / Le Journal horaire / 25 sec. / le 31 janvier 2024
Un jury new-yorkais a donné raison à Sotheby's contre Dmitri Rybolovlev. L'oligarque russe accusait la maison de vente d'avoir aidé le marchand d'art genevois Yves Bouvier à gonfler le prix de plusieurs oeuvres, dont le Salvator Mundi attribué à Léonard de Vinci.

Après cinq heures d'audience, les jurés de ce procès civil ont débouté le "roi de la potasse". Ils ont estimé que Dmitri Rybolovlev aurait pu faire preuve de plus de circonspection dans ses achats, d'autant plus qu'il est considéré comme une personne réputée pour sa perspicacité financière.

L'oligarque russe accusait Sotheby's d'avoir aidé Yves Bouvier qui prétendait, selon lui, l'aider dans ses achats alors qu'il agissait en fait en marchand d'art. Quatre oeuvres étaient au centre du procès: le Salvator Mundi, ainsi qu'une tête de Modigliani, un Klimt (Wasserschlangen II) et Le Domaine d'Arnheim de Magritte.

Le jury a estimé que Sotheby's n'était pas au courant de la manoeuvre. La question de savoir si le Genevois avait tiré profit est à déterminer entre Yves Bouvier et son client.

Marché "opaque"

Sotheby's a réagi avec satisfaction à cette décision: selon elle, ce verdict "réaffirme l'engagement de la maison de vente à respecter les normes les plus élevées en matière d'honnêteté et de professionnalisme".

L'avocat de l'oligarque, Daniel Kornstein, s'est de son côté félicité de ce que ce procès ait permis de "mettre en évidence le manque de transparence qui sévit sur le marché" de l'art.

Le milliardaire russe, propriétaire du club de football de l'AS Monaco, poursuit depuis une dizaine d'années le marchand d'art genevois, qu'il accuse de l'avoir escroqué à hauteur d'un milliard d'euros lors de la vente de tableaux de maître.

Le "Salvator Mundi" attribué à Léonard de Vinci lors de sa vente aux enchères à New York, le 15 novembre 2017. [AFP - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA]
Le "Salvator Mundi" attribué à Léonard de Vinci lors de sa vente aux enchères à New York, le 15 novembre 2017. [AFP - Drew Angerer / GETTY IMAGES NORTH AMERICA]

Il estime notamment avoir été floué par le Genevois, qui lui avait vendu le Salvator Mundi pour 127,5 millions de dollars, que le Russe revendra ensuite pour la somme record de 450 millions de dollars. Il l'accuse d'avoir empoché une plus-value cachée exorbitante de 47,5 millions sur cette peinture négociée 80 millions d'euros, au lieu d'une commission

L'oligarque exilé affirmait aussi avoir payé 83 millions de dollars en 2013 pour une tête de Modigliani sur la base d'une évaluation à la hausse obtenue par Yves Bouvier quelques heures avant la vente auprès d'un spécialiste de Sotheby's. L'oligarque, 180e fortune mondiale, pensait l'acheter à un collectionneur qui n'a jamais existé.

Accord à Genève

Ce procès n'est pas le premier: Dmitri Rybolovlev a déjà assigné Yves Bouvier en justice à Monaco, Singapour, New York, Hong Kong et en Suisse, l'accusant de l'avoir trompé sur la valeur réelle de 38 œuvres totalisant deux milliards de dollars. Le Genevois, qui n'était pas impliqué dans le procès new-yorkais, a toujours nié toute malversation.

Les deux hommes ont conclu un accord à l'amiable il y a un mois à Genève. Cet arrangement confidentiel porte sur tous les litiges qui ont donné lieu à des procédures devant différentes juridictions. En conséquence, le ministère public genevois a clos en décembre le dernier différend sur cette affaire.

Pour un des avocats de Sotheby's, Marcus Asner, l'homme d'affaires a alors jeté son dévolu sur la maison de vente aux enchères, "comme s'il voulait répercuter le prix de sa crédulité sur des tiers."

>> Lire : La procédure pénale contre le marchand d'art Yves Bouvier classée

ats/jfe

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