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Alors que des failles de sécurité sont dénoncées, le Secret Service est sous pression aux Etats-Unis

Le Secret Service fait face à de nombreuses questions après la tentative d'assassinat de Donald Trump. [KEYSTONE - GENE J. PUSKAR]
La polémique enfle autour de la présence d’un tireur isolé au meeting de Donald Trump / La Matinale / 4 min. / hier à 07:16
Le Secret Service, l'agence chargée de la protection de certaines personnalités américaines, est sous pression après les tirs visant Donald Trump. Alors que des failles de sécurité sont dénoncées, il a affirmé qu'il collaborerait "pleinement" à l'enquête indépendante qui a été ordonnée.

Armé d'un fusil semi-automatique, un homme de 20 ans a pu tirer samedi plusieurs coups de feu depuis le toit d'un bâtiment situé à quelque 150 mètres du candidat républicain à la présidentielle lors d'un meeting de campagne en Pennsylvanie. Il a ensuite été abattu et son mobile demeure toujours mystérieux.

Donald Trump a été blessé lors des tirs et a dit avoir eu le haut de l'oreille transpercé par une balle. Les photos de l'ancien président avec du sang coulant sur le visage, le poing levé, sont déjà entrées dans l'Histoire. Un spectateur a été tué et deux autres grièvement blessés.

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Alors que l’enquête se poursuit, les questions sur le dispositif de sécurité se multiplient après l’attentat sur Donald Trump
Alors que l’enquête se poursuit, les questions sur le dispositif de sécurité se multiplient après l’attentat sur Donald Trump / 19h30 / 1 min. / lundi à 19:30

La protection de certaines personnalités

Depuis samedi, le Secret Service doit faire face à de multiples questions et accusations. Et la pression ne fait que s'accentuer, bien que le président démocrate Joe Biden ait dit avoir confiance en sa directrice Kimberly Cheatle.

Le Secret Service est une agence gouvernementale chargée de la protection rapprochée de certaines personnalités politiques. Il dépend du département de la sécurité intérieure. Rien à voir donc avec les services secrets qui s’occupent d’espionnage.

Les policiers d’élite qui le composent veillent sur le président et le vice-président, ainsi que sur leurs familles. Mais aussi sur les anciens présidents et les candidats à l’élection présidentielle. Le Secret Service gère aussi la sécurité de certains évènements importants, comme le meeting de samedi à Butler, en Pennsylvanie.

Pour ce faire, ce sont plusieurs périmètres de protection successifs qui sont mis en place, un peu comme des cercles concentriques qui partent de Donald Trump en s’élargissant.

Inaction face à la présence d'un tireur

Des failles dans la sécurité du meeting de samedi sont désormais reprochées au Secret Service. Plusieurs témoins présents en tribune disent en effet avoir aperçu le tireur dès les premières minutes du meeting. Ils ont aussitôt alerté les forces de l’ordre présentes sur place. Mais sans effet immédiat. C’est cette inaction, ou plutôt cette action trop tardive des différentes unités de police, qui est dénoncée.

CNN a affirmé que le bâtiment où se trouvait l'assaillant n'avait pas été passé au peigne fin par le Secret Service, qui s'est appuyé d'après elle sur les forces de l'ordre locales pour assurer la sécurité à cet endroit. Or, d'après NBC News, ce même toit avait été identifié par le Secret Service comme présentant une "vulnérabilité potentielle".

"Il n'est pas nécessaire d'être expert en sécurité pour constater ici les défaillances", a fustigé sur CNN l'élu républicain de l'Ohio Mike Turner, chef de la commission du renseignement de la Chambre des représentants. Le fait que l'assaillant "ait pu tirer des coups de feu alors qu'il avait déjà été identifié, que sa position avait été identifiée, est tout simplement déroutant et stupéfiant", a-t-il dit.

Une enquête indépendante

Le Secret Service est en train de travailler "avec toutes les agences locales, étatiques et fédérales concernées pour comprendre ce qui s'est passé, la manière dont cela s'est passé et la façon dont nous pouvons empêcher qu'un tel événement se reproduise", a affirmé Kimberly Cheatle.

Joe Biden a indiqué avoir ordonné une enquête "indépendante" sur les circonstances de la tentative d'assassinat contre Donald Trump, qu'il doit affronter dans les urnes le 5 novembre. "Nous comprenons l'importance de l'examen indépendant annoncé par le président Biden et nous y participerons pleinement", a assuré Kimberly Cheatle.

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Le ministre à la Sécurité intérieure Alejandro Mayorkas a de son côté affirmé que ce passage en revue commencerait "aussi vite que possible", que c'était une question de jours. Les conclusions seront publiques, a-t-il ajouté. "Il est très important que cet examen indépendant ait la confiance de la population", a-t-il insisté.

La convention républicaine sous surveillance

Joe Biden a aussi indiqué avoir demandé à la patronne du Secret Service de passer en revue "toutes les mesures de sécurité" mises en place pour la convention du Parti républicain, qui se tient à Milwaukee, dans le nord du pays, de lundi à jeudi.

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À peine remis d’une tentative d’assassinat, Donald Trump s’est rendu à la convention du Parti républicain, sous haute sécurité
À peine remis d’une tentative d’assassinat, Donald Trump s’est rendu à la convention du Parti républicain, sous haute sécurité / 19h30 / 2 min. / lundi à 19:30

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Kimberly Cheatle s'est dite "confiante" dans le plan élaboré pour la convention, qui a été "passé en revue et renforcé après" les événements de samedi. Le Secret Service doit notamment s'expliquer après la diffusion de vidéos de personnes présentes lors du meeting, s'étonnant de la présence du tireur sur le toit et essayant d'alerter les forces de l'ordre au moins une minute avant les tirs.

Sujet radio: Agnès Millot

Texte web: jtr/boi avec afp

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Joe Biden dit se sentir en sécurité avec le Secret Service

Le président américain Joe Biden a dit lundi se sentir "en sécurité avec le Secret Service", chargé de la protection de personnalités américaines, après la tentative d'assassinat contre Donald Trump durant le week-end.

"La question est, auraient-ils dû anticiper ce qu'il s'est passé? (..) Cela reste une question ouverte", a aussi déclaré le président américain lors d'une interview à la chaîne NBC.

Les risques ont augmenté ces dernières années

Selon le spécialiste des questions de sécurité Frédéric Esposito, interrogé mardi dans La Matinale, les risques pour les personnalités politiques ont augmenté ces dernières années du fait des avancées technologiques.

Les armes automatiques de plus en plus performantes et l’arrivée massives de drones sur le marché bouleversent le travail des équipes de sécurité.

En outre, à chaque meeting ou déplacement, les exigences des équipes de Donald Trump se télescopent avec celles du Secret Service. Il faut alors trouver un compromis entre prise de risque, sécurisation du lieu et bénéfice électoral.

"Il y a peut-être une volonté de la part de Donald Trump de ne pas avoir un dispositif trop présent qui donne l'impression au public que l'événement est 'bunkerisé'. C'est tout l'enjeu et la difficulté de garantir une certaine ouverture tout en conservant la sécurité", conclut Frédéric Esposito.