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Ambitions, frustrations et attentisme: les réactions fusent après la victoire de la gauche aux législatives françaises

L'alliance de gauche est arrivée en tête des élections législatives françaises, devançant le camp présidentiel et le Rassemblement national. Ce résultat acte une tripartition nouvelle de l'Assemblée et a suscité de nombreuses réactions, entre ambitions de la gauche, frustrations de l'extrême droite et soulagement du camp présidentiel.

À gauche, le Nouveau Front populaire s'est félicité de sa première place qui a surpris la plupart des commentateurs. "La justice sociale, environnementale" et "le peuple" ont gagné, s'est félicitée la cheffe de file des écologistes Marine Tondelier, promettant que l'alliance de gauche comptait "gouverner". Elle a toutefois souligné que "l'espoir" créé ne pouvait "être déçu": "Il nous oblige", a-t-elle dit.

"On est dans une assemblée divisée (...) et donc il va falloir se comporter en adultes", a abondé Raphaël Glucksmann (Place publique). "Il va falloir parler (...), dialoguer (...) c'est un changement de culture politique (...) qui va être fondamental."

>> Les résultats, analyses et réactions : L'alliance de gauche crée la surprise en terminant en tête devant le camp macroniste, la vague RN contenue

Un Nouveau Front populaire "à la hauteur" qui "peut gouverner"

Le fondateur de La France Insoumise (LFI) Jean-Luc Mélenchon a aussi estimé que le NFP devait "gouverner", balayant à nouveau l'idée d'une coalition avec le camp présidentiel. "On a arraché un résultat qu'on nous disait impossible", s'est-il félicité, estimant que le NFP "est la seule alternative construite, cohérente, solidaire, munie d'un programme organisé et chiffré."

"Ses composantes (...) se sont montrées à la hauteur de la circonstance historique. Et à sa manière, elle (la gauche unie) a déjoué le piège tendu au pays. À sa manière, une fois de plus, elle a sauvé la République", a-t-il lancé devant ses partisans.

Le Premier secrétaire du PS Olivier Faure a également affirmé que son parti ne se prêterait à "aucune coalition des contraires" qui trahirait les Français, estimant que le rôle du NFP sera de "refonder un projet collectif pour notre pays et de fédérer une majorité de Françaises et de Français".

"La France méritait mieux qu'une alternative entre néolibéralisme et fascisme comme cela nous est imposé depuis sept ans", a-t-il ajouté depuis le QG du PS. "Ce vote confère au nouveau Front populaire une responsabilité immense, celle de trouver un chemin pour faire avancer la France (...) répondre aux défis de la guerre, du changement climatique, des inégalités, faire aussi de la France une voix qui fait avancer l'Europe."

L'extrême droite dénonce un barrage "honteux" et "contre-nature"

Le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a dénoncé "l'alliance du déshonneur" qui prive les Français "d'une politique de redressement". "Le Rassemblement national incarne plus que jamais la seule alternance", a souligné Jordan Bardella promettant que son parti ne tomberait dans "aucune compromission politicienne".

La leader du parti Marine Le Pen a elle jugé que "la marée monte" et que si elle "n'est pas montée assez haut cette fois-ci, elle continue à monter et, par conséquent, notre victoire n'est que différée". Et d'ajouter: "J'ai trop d'expérience pour être déçue par un résultat où nous doublons notre nombre de députés", faisant du Rassemblement national "le premier parti" en termes de sièges.

Le porte-parole du RN Sébastien Chenu a estimé que la France était "plongée dans un bourbier", en raison d'"alliances tout à fait contre-nature" créées dans le cadre du fameux "front républicain".

Eric Ciotti, président contesté de LR pour avoir passé une alliance avec le RN, a dénoncé "une alliance de la honte". Devant ses partisans à Nice, il a fustigé une "tambouille politicienne" du président Emmanuel Macron qui "amène le pouvoir à l'extrême gauche sur un plateau d'argent".

Le camp présidentiel se félicite d'avoir "barré la route" à l'extrême droite et à LFI

Le président Emmanuel Macron a appelé de son côté à la "prudence" dans l'analyse des résultats pour savoir qui peut être chargé de former un gouvernement, selon son entourage, tout en se félicitant que son camp soit bien "vivant" après sept ans de pouvoir. Il dit vouloir attendre la "structuration" de la nouvelle Assemblée pour "prendre les décisions nécessaires", a indiqué l'Elysée.

De son côté, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé qu'il remettra sa démission lundi matin. Il a toutefois assuré aussi qu'il resterait en fonction "aussi longtemps que le devoir l'exigera", dans le contexte des Jeux olympiques. Il s'est toutefois félicité d'un score "trois fois supérieur à ce qui était prédit ces dernières semaines", même sans majorité. "Cette dissolution, je ne l'ai pas choisie, mais j'ai refusé de la subir", a souligné le chef du gouvernement, qui avait choisi de conduire la campagne de son camp.

"Personne ne peut dire qu'il a remporté" ces élections, "surtout pas Monsieur Mélenchon", a affirmé de son côté le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, réélu dans sa circonscription de Tourcoing (Nord).

Enfin, l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, chef du parti Horizons qui a obtenu entre 24 et 28 sièges à l'Assemblée, a appelé à un "accord" entre forces politiques, sans LFI ni RN. "La décision de dissoudre l'Assemblée nationale, qui devait être un moment de clarification, a au contraire conduit à une grande indétermination", a-t-il estimé. Un éventuel accord ne sera cependant "pas durable" et "permettra au mieux de gérer le pays".

>> Lire aussi l'analyse du politologue Roland Cayrol : Pour le politologue Roland Cayrol, la formation d'un gouvernement de coalition est inévitable en France

jop avec agences

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Plusieurs réactions internationales

Le Premier ministre polonais, Donald Tusk, a déclaré que la défaite annoncée de l'extrême droite française aux élections législatives rendait Varsovie "heureuse" et entraînerait la "déception" de la Russie et le "soulagement" de l'Ukraine. "A Paris l'enthousiasme, à Moscou la déception, à Kiev le soulagement. Assez pour être heureux à Varsovie", a écrit l'ancien chef de l'UE Tusk sur X.

Un responsable du parti social-démocrate du chancelier allemand Olaf Scholz a jugé dimanche que "le pire" avait été "évité" avec le score décevant de l'extrême droite aux élections françaises, dont Emmanuel Macron ressort à ses yeux "politiquement affaibli".