Le Palais de Westminster a été construit au XIe siècle, mais la plus grande partie du bâtiment actuel date du XIXe siècle. L’ancien édifice a en effet été presque entièrement détruit par un incendie en 1834. Le nouveau palais, qui a été bâti à partir de 1840 dans le plus pur style néogothique, possède près de cinq kilomètres de couloirs, plus d’un millier de pièces et une centaine d’escaliers.
Aujourd'hui, il abrite le siège du Parlement du Royaume-Uni. "Il faut attendre le début du XVe siècle pour que l’idée d’un parlement commence à se développer", explique Lord Lisvane, ancien greffier de la Chambre des communes élevé au rang de baron, dans l'émission Tout un monde.
"Le premier greffier de la Chambre des communes a été nommé en 1363 et je suis devenu le 49e greffier en 2011", poursuit ce fin connaisseur de la démocratie britannique. "Vous voyez, ce Parlement est ancré dans une très longue histoire. Mais ce qui est très inquiétant, c’est que le bâtiment est très mal en point", regrette-t-il.
Dans un état déplorable
Si les problèmes ne sautent pas forcément aux yeux dans les corridors de l’impressionnant édifice, la réalité est tout autre au sous-sol, où les visites sont très rarement permises. L'étendue des dégâts a été soigneusement filmée par les services du Parlement, révélant des murs bourrés d’amiante, des kilomètres de fils électriques côtoyant des canalisations qui fuient ou même des rats.
"Une partie de la tuyauterie a plus de 100 ans et fonctionne toujours", indique Andrew Peck, chef de projet au sein de la Chambre des communes. "Comme cette infrastructure est très vieille, nous avons de gros problèmes de fuites, surtout en septembre quand notre système de chauffage se met en marche."
Nous ne sommes jamais loin d’une panne catastrophique de nos services, d’un incendie ou d’un effondrement structurel qui pourraient tout simplement nous priver du Parlement
L’état déplorable des installations gêne de plus en plus les députés dans leur travail quotidien. En 2019, un débat à la Chambre des communes avait même dû être interrompu en raison d’une énorme fuite d’eau. Et désormais, certains redoutent un accident beaucoup plus grave. "Nous ne sommes jamais loin d’une panne catastrophique de nos services, d’un incendie ou d’un effondrement structurel qui pourraient tout simplement nous priver du Parlement", craint Lord Lisvane.
Réticence des parlementaires
En 2012 déjà, une étude commanditée par les Chambres des communes et des lords avait révélé le mauvais état dans lequel se trouvait le Palais. Pourtant évoqués à plusieurs reprises, aucun travaux sérieux n'ont été entrepris suite à cet audit. Seule la tour Elisabeth, plus connue sous le nom de Big Ben, a été rénovée entre 2017 et 2021.
>> Relire : Après cinq ans de silence, Big Ben va de nouveau retentir à Londres
Malgré cette décrépitude progressive, les parlementaires tergiversent, effrayés par les coûts de rénovation faramineux, qui sont estimés entre 8 et 15 milliards de francs. Le projet pharaonique durera sept ans au minimum si les députés acceptent de déménager et 70 ans s’ils restent sur les lieux du chantier.
Mais ne rien faire n'est en tout cas pas une option, met en garde Lord Lisvane. "Nous dépensons deux millions de livres par semaine simplement pour maintenir le bâtiment dans cet état précaire et la facture va continuer à monter", affirme-t-il. "Les politiciens ne veulent pas qu’on leur reproche le coût financier de tels travaux, mais si on ne les fait pas, que va-t-il se passer? Va-t-on attendre qu’un accident se produise?"
Lord Lisvane n’est pas le seul à tirer la sonnette d’alarme. Un nombre grandissant de députés sont prêts à plier bagage pour démarrer la rénovation au plus vite, mais le sursaut est encore trop timide parmi les parlementaires, qui ont choisi de ne rien décider au moins jusqu’à l’année prochaine.
Sujet radio: Catherine Ilic
Adaptation web: Emilie Délétroz