Magasins pillés, maisons incendiées, tirs sur les gendarmes: la violence était à son comble dans la nuit de lundi à mardi en Nouvelle-Calédonie, territoire français du Pacifique Sud.
Un couvre-feu a été décrété pour la nuit à venir dans l'agglomération de Nouméa. La vente d'alcool sera également interdite durant cette période et l'aéroport international a été fermé. Les autorités ont invité les 270'000 habitants de Nouvelle-Calédonie à rester chez eux
Le ministre de l'Intérieur et des Outre-Mer Gérald Darmanin a indiqué que 54 gendarmes et policiers avaient été blessés et qualifié ces violences d'"émeutes commises par des délinquants, parfois par des criminels". Il a fait état de 82 interpellations ces deux derniers jours.
Tentative pour "minoriser le peuple kanak"
Les premières altercations entre manifestants et forces de l'ordre ont commencé lundi, en marge d'une mobilisation contre la réforme constitutionnelle examinée par les députés à l'Assemblée nationale. Le texte en question vise à élargir le corps électoral aux élections provinciales, cruciales en Nouvelle-Calédonie.
Dans l'état actuel des choses, un électeur sur cinq (notamment les résidents arrivés après 1998) est privé du droit de vote aux élections provinciales. Ces scrutins sont pourtant cruciaux dans ce territoire étant donné que les provinces exercent de nombreuses compétences transférées par l'Etat français.
Le camp des indépendantistes juge que la réforme est un passage en force de l'Etat pour "minoriser encore plus le peuple autochtone kanak".
Pour le ministre de l'Intérieur, qui a porté le texte, cette disposition "n'est plus conforme aux principes de la démocratie" et "mène à l'absurde".
Vote prévu mardi
La conférence des présidents de l'Assemblée nationale a décidé mardi que le vote sur le projet de réforme constitutionnelle resterait à l'ordre du jour, malgré la vague de violences dans l'archipel.
Après celle du Sénat, l'approbation de l'Assemblée est nécessaire pour faire cheminer ce texte, avant de réunir le Parlement en Congrès pour réviser la Constitution, à une date qui reste à fixer.
Prônant l'apaisement, le président Emmanuel Macron a promis dimanche de ne pas convoquer le Congrès "dans la foulée" du vote de l'Assemblée, selon son entourage, pour "privilégier le dialogue".
doe avec agences